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Solutions : A quels niveaux intervenez-vous ?
Philippe Cavat : A
trois niveaux distincts : la gouvernance d'entreprise
(fusions, acquisitions, holding...), la gouvernance
de la relation client (CRM et eBusiness) et la gouvernance
des ressources humaines (alignement des cadres sur la
stratégie d'entreprise, académie d'entreprise...). En
résumé : le capital, le capital client
et le capital humain.
La
"e-transformation" est-elle plus aisée
chez les grands comptes que dans les PME ?
Pas forcément. Même si les
grandes entreprises ont une maturité plus précoce
que les PME, elles pêchent par manque de souplesse
dans la mise en oeuvre de leurs priorités. Je
conseille souvent à mes clients de privilégier
les "initiatives pilotes" pour sensibiliser
les hommes et valider les choix stratégiques.
Ce genre de petits projets à résultats
rapides permettent de garder les pieds sur terre tout
en ayant la tête dans les étoiles...
Ces
initiatives sont-elles toujours bien acceptées
?
Il y a dix ans, quand on évoquait
le moindre projet relatif aux NTIC, on assistait à
une levée de boucliers des différents
"patrons" opérationnels, véritables
bastions dans l'entreprise, qui n'avaient aucun intérêt
à faire évoluer les choses. C'est la raison
pour laquelle on voyait naître ici et là
des "Monsieur e-business", à la tête
de pépinières isolées du reste
de l'entreprise pour ne pas se faire "tuer"
par les pouvoirs en place.
Aujourd'hui, la réalité de l'e-transformation
n'ayant jamais été aussi forte, la greffe
artificielle devient thérapie génique
! La pépinière est réintégrée
et l'entreprise se transforme plus facilement. Mais
attention, la transformation technologique ne doit pas
être un prétexte au "tout informatique"
!
Justement,
comment hiérarchisez-vous les priorités
?
La stratégie reste et doit rester
la priorité, le socle de tout. La deuxième
"couche" est économique : "quels
coûts et quels revenus anticiper ?". La troisième,
organisationnelle : "quels impacts sur les hommes
?". Vient enfin l'aspect technologique, mais pas
avant, avec la question : "quelles possibilités
et contraintes techniques pour changer mes processus
?".
La difficulté consiste à piloter ces quatre
couches en parallèle, et non en mode séquentiel.
C'est pour nous un chantier de sensibilisation énorme
car les grands comptes ont été, depuis
une décennie, entraînés par les
"Big Five" dans des projets dramatiquement
"technophiles". Armés de leurs consultants,
les grands cabinets américains en ont oublié
les fondamentaux, sur l'autel de la technologie...
Quelles différences
distinguez-vous entre les conceptions américaines
et françaises ?
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Pour les Américains,
processus et technologie sont indissociés. Ils
ont une conception trop pragmatique, axée sur
le court terme. Leur horizon de raisonnement pour la
création de valeur est de trois mois, pour les
chiffres du "quarter" boursier ! Ils sous-valorisent
les couches stratégiques, organisationnelles
et l'impact sur les hommes.
En France, l'approche est intellectuellement meilleure
sur le long terme. Les consultants arrivent à
travailler séparément sur les processus
et la technologie. Mais il reste du chemin à
parcourir pour retrouver des fondamentaux tels que ceux
de la relation clients ou de la couche économique.
Pourriez-vous rappeler ces
fondamentaux perdus ?
A mon sens, les outils CRM déployés
aujourd'hui dans les entreprises ne sont vus que sous
l'angle de la réduction des coûts. On crée
des centres d'appels Web afin de réduire les coûts de
contact mais sans création de valeur positive. Exit
la fidélisation des clients, oubliée la loyauté
("loyalty effect"). Les ROI sont calculés
de manière incomplète.
De même pour les RH où la problématique
de "l'empowerment" est négligée.
Il faut doter les hommes de nouveaux outils pour travailler
plus intelligemment : gestion des connaissances, partage
des gains de créativité et de l'information, co-développement,
workflow...
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