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Solutions. Comment gérez-vous la dimension internationale
du groupe ?
Bertrand Kientz.
Avec 580 000 panneaux gérés à travers
39 pays et une croissance faite par acquisitions successives,
notamment en 1999 par le rachat d'Avenir, nous sommes
confrontés à des systèmes très
disparates. A titre d'exemple,
15 systèmes de front office et 20 systèmes
comptables ou ERP subsistent dans les filiales du groupe.
C'est donc à un travail de mutualisation et d'harmonisation
que je m'attèle depuis que je suis arrivé.
D'ici 2 ans, le système d'information du groupe
sera rationalisé à 80 %.
Avez-vous
pour objectif de tout centraliser ?
Je suis en effet pour la centralisation
du système informatique et de son hébergement,
mais la gestion des projets et le support appartiennent
à chaque filiale. Mon rôle est de préconiser
et de mettre en oeuvre des outils en fonction de la maturité
de chacune des 35 filiales au plan informatique et la
sophistication de son système.
Quand on a affaire à des équipes réparties
dans autant de pays, des méthodologies de travail
collaboratif sont par ailleurs nécessaires. Nous
avons créé une communauté composée
des informaticiens du siège et de 60 informaticiens étrangers
que j'ai pour mission d'animer au quotidien. On se rencontre
régulièrement, la DSI groupe publie des
normes, des "meilleures pratiques" et déploie
les produits groupe mais je n'ai pas la main sur les budgets
des filiales. Je suis par ailleurs partisan de tableaux
de bord du type Balanced
Scorecard, qui fournissent des indicateurs précis
et réguliers.
Quels
impacts cette diversité a-t-elle sur votre système
d'information ?
Une multiplicité des processus,
bien entendu, mais aussi une complexité de la gestion
des stocks et de la chaîne d'approvisionnement.
On compte par exemple aujourd'hui 50 000 nomenclatures
différentes pour les mobiliers. Il s'agit désormais
d'industrialiser ces processus.
Dans un mois, un premier module de gestion des nomenclatures,
des achats, de la fabrication, des approvisionnements
et de la gestion mondiale des stocks verra le jour. Il
rentre dans le cadre du projet de refonte de notre système
de back office, qui repose sur SAP. En 2003, nous allons
d'ailleurs poursuivre la convergence des back offices
en France sur SAP avec les modules financiers, sachant
que d'autres filiales vont également dans ce sens.
A quand les panneaux 100 % électroniques
?
Ce sont des pratiques émergentes
mais les choses avancent. Nous avons aujourd'hui des panneaux
à plasma, notamment aux Etats-Unis, au nouveau
terminal Air France JFK où les passagers qui collectent
leurs bagages sur les tapis roulants voient à la
fois des informations relatives aux vols et de la publicité.
C'est un peu le même principe que pour le mobilier
urbain : nous assurons la maintenance des panneaux en
échange d'une concession publicitaire.
Sinon, nous pilotons certains
de nos panneaux déroulants par SMS, via un automate
embarqué qui monitore le déroulement et
la fréquence de rotation. Quant aux panneaux d'informations
municipales ou les panneaux qui donnent le temps d'attente
dans les abribus, nous avons des accords avec certaines
villes et la gestion du contenu est assurée en
central, chez nous ou par les municipalités.
Nous rencontrons d'ailleurs dans ce cas des problématiques
liées à la gestion du contenu traditionnel,
mais nous travaillons au niveau du middleware pour rationaliser
les modes de dialogue entre nos systèmes, ceux
de nos partenaires et nos
mobiliers. Un jour, lointain, la plupart de nos panneaux
seront électroniques et notre métier sera
alors celui de "broadcaster" [NDLR : diffuseur].
Que
vous a apporté le groupe Avenir technologiquement
?
Le groupe Avenir avait développé
des outils cartographiques assez sophistiqués dans
le secteur de l'affichage, son métier d'origine.
Par rapport à cela, nous avons eu deux types d'actions
: une standardisation tout d'abord, par l'achat de fonds
de cartes identiques pour tous, et une urbanisation ensuite,
c'est-à-dire une ouverture, pour récupérer
les fonctionnalités, les connecter à la
plupart des outils du groupe et ainsi les mettre à
disposition des utilisateurs.
Les forces de vente s'en
servent par exemple de manière interactive pour
vendre des panneaux à l'unité, avec pré-visualisation
par le client. Les gens du terrain aussi, qui peuvent
visualiser leurs tournées. Ou encore les équipes
marketing qui peuvent élaborer des produits plus
sophistiqués, mieux adaptés au marché...
Quel
conseil donneriez-vous à un DSI qui prendrait
un poste identique au vôtre ?
S'adapter à la société,
comprendre sa culture, son histoire, son niveau d'évolution,
essayer de capitaliser au maximum sur ce qui a été bâti
auparavant, ce qui permet par la suite de mieux faire
partager sa vision et de la mettre en oeuvre.
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