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DSI FNAC |
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Pierre
Gressier
Une
grande partie de mon temps est consacrée aux arbitrages
budgétaires
A la tête d'une direction pesant quelque 50 millions
d'euros de budget, Pierre Gressier gère les systèmes
de l'entreprise FNAC et de son site Web. Il explique pourquoi
il a recours à l'externalisation de certaines parties
de son activité - même en offshore
- et nous détaille ses projets actuels et futurs,
notamment en termes de réseaux. Enfin, il nous
explique ses choix technologiques et le fonctionnement
des processus d'arbitrages budgétaires en interne.
12
août 2003 |
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JDNet
Solutions. Votre direction est-elle commune aux activités
de la FNAC et de FNAC Direct, qui gère le site
Fnac.com
?
Pierre Gressier.
La rapprochement des équipes a été
effectué en janvier 2002. Auparavant, elles fonctionnaient
séparément. Cette réorganisation
a d'ailleurs été mutuellement bénéfique,
tant pour les magasins que pour le site marchand.
Techniquement, le site www.fnac.com fonctionne en technologie
Microsoft. Nous avons donc intégré cette
dernière pour la diffuser au sein des autres équipes.
Dans l'autre sens, des apports ont eu lieu en termes de
méthodologies ou d'outils de pilotage, de suivi
de l'exploitation et de reporting, par exemple dans le
choix de solutions décisionnelles.
Quels
sont les liens entre le site Web et les magasins ?
Fnac.com possède sa propre logistique,
toutes les négociations et ce que l'on appelle
le référencement des produits sont assurés
de façon autonome. Fnac.com récupère
néanmoins le catalogue des magasins mais l'enrichit
des informations multimédia qui lui sont propres.
L'approvisionnement des articles livrables en 24 ou 48
heures se fait - pour les livres et les disques - à
partir des magasins de la région parisienne. Sinon,
ce sont des commandes fournisseurs et le circuit est dans
ce cas propre à Fnac.com.
Quel
périmètre exact couvre votre DOSI ?
Nous couvrons la France, la Suisse, l'Italie,
la Belgique, l'enseigne Surcouf et le site Fnac.com. Notre
budget annuel est de 30 millions d'euros de frais récurrents
(charges) et de 20 millions d'euros d'investissements.
La direction compte 103 personnes et fait appel à
un nombre certain de prestataires. Depuis 1997, nous avons
externalisé tout ce qui touche à l'exploitation
et la TMA [NDLR : Tierce Maintenance Applicative]
à IBM Global Services majoritairement, ainsi que
la Hotline à TechCity et la maintenance du parc informatique
magasin à Thesis.
Après
six années de contrat avec ce prestataire, quels
enseignements en tirez-vous ?
Les objectifs présentés en
1997 étaient de faire des économies, d'améliorer
la qualité et d'accéder à des experts dans différentes
technologies.
L'objectif de réaliser des économies n'est
pas forcément atteint, ni atteignable d'ailleurs.
La masse de travail reste la même, que vous réalisiez
un projet en interne ou en externe, surtout si vous travaillez,
comme c'est notre cas, sur des systèmes spécifiques.
La mutualisation des ressources n'est pas évidente,
vous fonctionnez de toutes les façons avec des
équipes dédiées. De plus, il faut
piloter le sous-traitant, ce qui consomme du temps et
des ressources en interne et le prestataire se doit de
faire une marge.
Quant à la qualité, elle s'est améliorée par rapport à
ce que nous avions en 1997, c'est indéniable, même s'il
est toujours possible de mieux faire. Pour ce qui concerne
la mutualisation d'expertises, il est évidemment plus
facile à IBM Global Services de mutualiser qu'à une informatique
interne, qui dans ce cas fait appel à des prestataires
en régie ponctuelle.
Vous-êtes
vous laissé tenter par des prestations en offshore
?
Nous testons actuellement ce genre
de prestations sur deux de nos projets. Le premier concerne
la refonte de nos logiciels d'après-vente. Nous
l'avons confié à Infosys, pour un total
de 1 000 jours-hommes.
Le deuxième est en phase transitoire. Nous sommes
en effet en train de basculer la TMA de nos applicatifs
de gestion logistique au Vietnam, en collaboration avec
IBM Global Services. Cela nous permettra de réduire
les coûts mais aussi d'étoffer notre équipe
chez IBM.
A
quelle hauteur ?
Nous
estimons réduire notre budget de 25% tout en augmentant
le nombre de jours de 10%. Cela n'aura pas d'impact sur
les salariés de la FNAC, cela porte sur des pans
d'activités déjà externalisés.
Quelles
sont aujourd'hui vos principales préoccupations
?
Une
grande partie de mon temps est consacrée aux budgets,
plus précisément aux arbitrages que les
restrictions budgétaires impliquent. Nous devons
en effet justifier de manière toujours plus fine
nos investissements, les retours sur investissements et
la nécessité des dépenses, sachant que nous avons toujours
autant de demandes de la part des maîtrises d'ouvrage,
à savoir les directions fonctionnelles. La DOSI
étant en fin de compte la direction qui réalise
et qui a les budgets, elle est un point focal des arbitrages,
en consultation bien entendu avec la direction générale.
Et au plan technologique ?
Nous faisons évoluer nos réseaux
dans de nombreuses directions actuellement. Nous remplaçons
tout d'abord nos réseaux en technologie frame
relay [NDLR : protocole de communication longue distance]
par des réseaux IP. Ensuite, nous déployons
des lignes ADSL dans les magasins, à la fois pour
nos besoins propres de gestion (en remplacement de lignes
spécialisées) mais aussi pour les besoins
de nos clients, avec mise en réseau local de postes.
Nous installons également des architectures Wi-Fi,
là aussi pour nos besoins propres et pour nos clients.
En interne, le Wi-Fi sert à la gestion des travaux
photos sur PDA. Pour la clientèle, il s'agit de
faire la démonstration de certains appareils mais
aussi de permettre à nos visiteurs de se connecter
à partir de leur propre équipement. Bien
entendu, la sécurité a été
une de nos préoccupations. Nous utilisons pour
cela le cryptage WEP, avec filtrage des adresses Mac et
authentification par firewall et serveur Radius.
Enfin, nous utilisons le matériel mis en place pour la
sécurisation WiFi et les lignes ADSL déployées pour les
besoins de nos clients dans les magasins, pour mettre
en oeuvre du cryptage IPSec et utiliser Internet comme
backbone pour les flux non critiques. Nous sommes opérationnels
pour des flux internationaux (Brésil), en phase de déploiement
pour l'utilisation depuis des PC portables (usage nomade)
et en phase d'expérimentation avec certains magasins pour
les flux de messagerie et intranet. Cela nous évite de
les faire passer par des lignes dédiées, plus efficaces
mais surtout plus chères. Si nous avons 24 heures d'interruption
sur notre intranet, ce n'est pas très grave.
Avez-vous d'autres chantiers
en cours ?
Oui, mais du côté des outils
de développement cette fois-ci. Dès janvier
2002, un chantier d'architecture de développement
en J2EE a été lancé. En fait, la
réflexion est partie de la nécessité
de centraliser les serveurs ou pas, centralisation que
nous avons décidé de réaliser. Ensuite,
le choix entre .Net et J2EE s'est présenté
à nous. Nous avons comparé les deux environnements
et avons constaté qu'ils se valaient.
La décision en faveur de J2EE s'est faite en fonction
de critères "politiques" et philosophiques.
Nous avions d'un côté .Net, multilangages
mais mono architecture de développement (serveurs
Windows, serveurs SQL Server...) qui nous liait à
Microsoft pour au moins 15 ans.
De l'autre, J2EE est monolangage,
mais quel que soit le composant de l'architecture, vous
êtes libre de choisir. Que J2EE soit monolangage ne nous
gène pas, bien au contraire, car nous avons à l'heure
actuelle huit langages de développement différents. Nous
avons donc une vue assez précise des contraintes du multilangage
et ne tenons pas à continuer dans cette voie...
Par ailleurs, avoir accès
à des composants en source libre que nous pouvons adapter
à nos besoins nous intéresse également. C'est le cas du
moteur de recherche de Fnac.com, Lucene, qui est en ligne
depuis début août. Il sera étendu aux magasins en octobre
prochain, en Suisse, en Italie et chez Surcouf, puis ensuite
en Belgique et en France.
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Propos recueillis
par Fabrice Deblock |
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PARCOURS
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Diplômé de l'Ecole Polytechnique (1984)
et ayant suivi une formation complémentaire de 2 ans à
l'ENSIMAG, Pierre Gressier a débuté sa carrière
à l'UAP (Union des Assurances de Paris) en 1989,
en tant qu'ingénieur spécialisé en intelligence artificielle.
Il e ensuite occupé des postes de responsable de
service technique et de responsable du domaine études
et développement hors assurance avant de devenir directeur
des études et développements chez Promodes - Hypermarchés
Continent de 1997 à 1999. Il est ensuite DSI chez
AutoDistribution, de 2000 à 2001 et rentre en novembre
2001 à la FNAC au même poste.
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