INTERVIEW 
 
Bertrand Ducurtil
Directeur Général
Neurones
Bertrand Ducurtil
"Nous sommes particulièrement surpris par la résistance des parcs à la nouveauté"
La SSII spécialisée dans l'infogérance et le help desk revient, par la voix de son DG, sur une année encore difficile pour le marché des services informatiques. Si la demande repart à la hausse, les prix ont continué de stagner.
04/10/2004
 
JDN Solutions. Le marché des services informatiques reprend-il des couleurs ?
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 Société Neurones
Dossier Dépense informatique
Bertrand Ducurtil. Je parlerais de reprise timide pour l'instant mais les volumes me semblent maintenant repartis. Ils sont même bons dans les activités comme la forfaitisation de l'exploitation, l'infogérance, la TMA. En revanche, les prix mettront plusieurs années à remonter, il ne faut donc s'attendre à des améliorations de marge que très progressivement et s'adapter en conséquence.

Comment la demande a-t-elle évolué au fil de l'année ?
La demande est assez soutenue, même si elle n'est pas en forte croissance. En infogérance d'infrastructure et TMA, la demande est bonne, même si la concurrence s'est intensifiée. Les nouvelles technologies comme la voix sur IP ou les réseaux sans fil commencent doucement à s'introduire au sein des systèmes d'informations mais cela ne semble pas se faire aussi vite que prévu. Le secteur public, les télécoms, la banque et la santé tirent la croissance du marché.

Quels sont les projets phares des DSI en 2004 ?
Les projets d'actualité portent sur la diminution des coûts de supervision, la mensualisation des frais informatiques, la télédistribution, l'externalisation ou l'hébergement. Tout ce qui contribue à réduire l'enveloppe, tout du moins en matière d'infrastructure. Nous sommes particulièrement surpris de voir la résistance des parcs à la nouveauté. Avant, les utilisateurs forçaient la direction à migrer vers de nouveaux logiciels. Aujourd'hui, les directions veulent faire durer au maximum l'investissement de départ.

Nous constatons que les dernières générations de postes de travail sont plus faciles à traiter à distance. Aussi, nous travaillons actuellement beaucoup sur les problématiques de packaging, de télédistribution et de remontée d'inventaire. Autre exemple, la baisse nette des coûts des liaisons télécoms ouvre de nouvelles perspectives pour l'hébergement pour des entreprises moyennes et pour la mise en place de moyens de back-up. Nous sommes en forte croissance en hébergement de serveurs, alors que notre centre de supervision sécurité, systèmes et réseaux hébergeait jusqu'alors assez peu.

Comment abordez-vous financièrement l'année ?
Etre une SSII entre 1 000 et 2 000 employés représente un challenge difficile "
Après être passée de 10% en 2002 à 8% en 2003, notre marge d'exploitation va à nouveau se tasser en 2004 d'un ou deux points supplémentaires. Nous devrions rester néanmoins dans le peloton de tête des acteurs de la profession en termes de rentabilité.

Les effectifs et les volumes seront en légère hausse, ce que le chiffre d'affaires ne reflètera qu'imparfaitement du fait des baisses des prix. Au cours du semestre, nous avons enregistré des signatures significatives en TMA, aussi bien en applications Java qu'en SAP.

Comptez-vous pratiquer des opérations de croissance externe ?
C'est une opportunité possible, toutefois racheter une société pour grandir n'est pas une fin en soi. Nous n'avons pas de contraintes à ce niveau fixées par la bourse mais notre trésorerie pourrait très bien être utilisée pour ce type d'opération. Etre une société de services entre 1 000 et 2 000 employés représente un challenge difficile car il ne faut pas se retrouver pris en "sandwich" entre deux mondes. Afin d'éviter les pièges, il faut garder la souplesse d'une petite SSII sans devenir le sous-traitant d'un grand groupe.

Quelle est votre attitude vis-à-vis du logiciel libre…
Nous avons été précurseurs à ce sujet. Par exemple, nos outils de supervision systèmes et réseaux sont construits à partir de briques de logiciel libres. Sur la plupart des projets de développement applicatif sur mesure, nous faisons toujours deux chiffrages, un en libre, l'autre en logiciel d'éditeur.

La demande des clients en logiciel libre est en croissance régulière. Il est maintenant répandu, et c'est une bonne chose, que le libre n'est pas une solution pour tout, mais qu'il peut être très intéressant d'intégrer du libre dans certaines solutions.

…et des SSLL ?
Rechercher l'alignement du SI sur les objectifs business de l'entreprise est la préoccupation la plus importante des DSI."
A l'origine, les SSLL avaient une vision trop centrée sur elles-mêmes. Le gros problème qu'elles rencontraient alors venaient du fait qu'elles connaissaient moins les problématiques des DSI que les SSII. Aujourd'hui, pour compléter son offre, une société de services un peu ancienne à tout intérêt à racheter une SSLL. Les logiciels libres sont très prisés auprès des DSI pour réduire les coûts. J'espère toutefois que quelques SSLL parviendront à atteindre une taille critique tout en conservant leur indépendance.

Selon vous, quelles sont les principales priorités d'un DSI aujourd'hui ?
En ce qui concerne les systèmes d'information, choisir entre des évolutions "pas à pas" ou des évolutions avec rupture m'a toujours semblé un choix délicat pour les DSI. Définir des priorités entre les projets, c'est-à-dire rechercher l'alignement du SI sur les objectifs business de l'entreprise, est pour les DSI la préoccupation la plus importante selon moi. Un DSI se retrouve aussi parfois écartelé entre le business de chaque direction, notamment dans le cas de projets d'urbanisation. Enfin, la gestion des hommes et des compétences est sûrement une préoccupation permanente.

Comment évolue l'effectif de Neurones en 2004 ?
L'effectif de Neurones a fortement augmenté entre le premier janvier et le 30 juin de cette année : 90 personnes "nettes" en plus, soit 7,6% de hausse. Pour l'instant, nous ne rencontrons pas de difficulté pour recruter mais dans les services informatiques, les choses évoluent vite. En fin d'année, le rythme de recrutement devrait légèrement baisser.

Le fait que Neurones ait traversé le bas de cycle du marché sans aucun plan de restructuration est positif par l'ambiance et le contrat social entre l'informaticien et l'entreprise. C'est un élément nouveau de fidélisation. Enfin, même si le turn-over est à son plus bas historique, il nous faut aussi toujours penser à fidéliser.

Neurones - Les chiffres clés
Date de création
1985
Chiffre d'affaires
92,7 millions d'euros en 2003
Effectif
1 181
Activité
e-Services (52%)
Infogérance (32%)
Intégration (16%)
 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Bertrand Ducurtil, 44 ans, est Centralien (1983). Après quatre ans passés chez l'actuel Accenture, puis quatre ans dans une PME familiale, il a rejoint Neurones en 1991. Il est directeur général de cette dernière, fondée en 1985 par son président actuel Luc de Chammard.

   
 
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