JDN
Solutions. Le marché des services informatiques reprend-il des couleurs ?
Bertrand Ducurtil. Je parlerais de reprise
timide pour l'instant mais les volumes me semblent maintenant
repartis. Ils sont même bons dans les activités comme
la forfaitisation de l'exploitation, l'infogérance,
la TMA. En revanche, les prix mettront plusieurs années
à remonter, il ne faut donc s'attendre à des améliorations
de marge que très progressivement et s'adapter en conséquence.
Comment la demande a-t-elle
évolué au fil de l'année ?
La demande est assez soutenue, même
si elle n'est pas en forte croissance. En infogérance
d'infrastructure et TMA, la demande est bonne, même
si la concurrence s'est intensifiée. Les nouvelles technologies
comme la voix sur IP ou les réseaux sans fil commencent
doucement à s'introduire au sein des systèmes d'informations
mais cela ne semble pas se faire aussi vite que prévu.
Le secteur public, les télécoms, la banque et la santé
tirent la croissance du marché.
Quels
sont les projets phares des DSI en 2004 ?
Les projets d'actualité portent sur la diminution des
coûts de supervision, la mensualisation des frais informatiques,
la télédistribution, l'externalisation ou l'hébergement.
Tout ce qui contribue à réduire l'enveloppe, tout du
moins en matière d'infrastructure. Nous sommes particulièrement
surpris de voir la résistance des parcs à la nouveauté.
Avant, les utilisateurs forçaient la direction à migrer
vers de nouveaux logiciels. Aujourd'hui, les directions
veulent faire durer au maximum l'investissement de départ.
Nous constatons que les dernières générations de postes
de travail sont plus faciles à traiter à distance. Aussi,
nous travaillons actuellement beaucoup sur les problématiques
de packaging, de télédistribution et de remontée d'inventaire.
Autre exemple, la baisse nette des coûts des liaisons
télécoms ouvre de nouvelles perspectives pour l'hébergement
pour des entreprises moyennes et pour la mise en place de
moyens de back-up. Nous sommes en forte croissance en
hébergement de serveurs, alors que notre centre de supervision
sécurité, systèmes et réseaux hébergeait jusqu'alors
assez peu.
Comment abordez-vous financièrement
l'année ?
|
|
Etre une SSII entre 1 000 et 2 000 employés représente un challenge difficile " |
|
Après être passée de 10% en 2002 à 8% en 2003, notre
marge d'exploitation va à nouveau se tasser en 2004
d'un ou deux points supplémentaires. Nous devrions rester
néanmoins dans le peloton de tête des acteurs de la
profession en termes de rentabilité.
Les effectifs et
les volumes seront en légère hausse, ce que le chiffre
d'affaires ne reflètera qu'imparfaitement du fait des baisses
des prix. Au cours du semestre, nous avons enregistré des signatures
significatives en TMA, aussi bien en applications Java
qu'en SAP.
Comptez-vous pratiquer des
opérations de croissance externe ?
C'est une opportunité possible, toutefois racheter une
société pour grandir n'est pas une fin en soi. Nous
n'avons pas de contraintes à ce niveau fixées par la
bourse mais notre trésorerie pourrait très bien être
utilisée pour ce type d'opération. Etre une société
de services entre 1 000 et 2 000 employés représente un
challenge difficile car il ne faut pas se retrouver
pris en "sandwich" entre deux mondes. Afin d'éviter les
pièges, il faut garder la souplesse d'une petite SSII
sans devenir le sous-traitant d'un grand groupe.
Quelle est votre attitude
vis-à-vis du logiciel libre
Nous avons été précurseurs à ce sujet. Par exemple, nos outils de supervision systèmes et réseaux sont
construits à partir de briques de logiciel libres. Sur
la plupart des projets de développement applicatif sur
mesure, nous faisons toujours deux chiffrages, un en libre, l'autre
en logiciel d'éditeur.
La demande des clients en logiciel
libre est en croissance régulière. Il est maintenant
répandu, et c'est une bonne chose, que le libre n'est
pas une solution pour tout, mais qu'il peut être très
intéressant d'intégrer du libre dans certaines solutions.
et des SSLL ?
|
|
Rechercher
l'alignement du SI sur les objectifs business
de l'entreprise est la préoccupation la plus
importante des DSI." |
|
A l'origine, les SSLL avaient une vision trop centrée
sur elles-mêmes. Le gros problème qu'elles rencontraient
alors venaient du fait qu'elles connaissaient moins
les problématiques des DSI que les SSII. Aujourd'hui,
pour compléter son offre, une société de services un
peu ancienne à tout intérêt à racheter une SSLL. Les
logiciels libres sont très prisés auprès des DSI pour
réduire les coûts. J'espère toutefois que quelques SSLL
parviendront à atteindre une taille critique tout en
conservant leur indépendance.
Selon vous, quelles sont
les principales priorités d'un DSI aujourd'hui ?
En ce qui concerne les systèmes d'information, choisir entre des évolutions
"pas à pas" ou des évolutions avec rupture m'a toujours
semblé un choix délicat pour les DSI. Définir des priorités
entre les projets, c'est-à-dire rechercher l'alignement
du SI sur les objectifs business de l'entreprise, est pour les DSI la préoccupation la plus importante selon moi. Un DSI se retrouve
aussi parfois écartelé entre le business de chaque direction,
notamment dans le cas de projets d'urbanisation. Enfin,
la gestion des hommes et des compétences est sûrement
une préoccupation permanente.
Comment évolue l'effectif
de Neurones en 2004 ?
L'effectif de Neurones a fortement augmenté entre le
premier janvier et le 30 juin de cette année : 90 personnes "nettes"
en plus, soit 7,6% de hausse. Pour l'instant, nous ne rencontrons
pas de difficulté pour recruter mais dans les services
informatiques, les choses évoluent vite. En fin d'année,
le rythme de recrutement devrait légèrement baisser.
Le fait que Neurones ait traversé le bas de cycle du
marché sans aucun plan de restructuration est positif
par l'ambiance et le contrat social entre l'informaticien
et l'entreprise. C'est un élément nouveau de fidélisation.
Enfin, même si le turn-over est à son plus bas historique,
il nous faut aussi toujours penser à fidéliser.
Neurones
- Les chiffres clés
|
Date
de création
|
1985
|
Chiffre
d'affaires
|
92,7
millions d'euros en 2003
|
Effectif
|
1 181
|
Activité
|
e-Services
(52%)
Infogérance (32%)
Intégration (16%)
|
|