En entreprise, Facebook est devenu un concurrent d'Office 365 et de G Suite

En entreprise, Facebook est devenu un concurrent d'Office 365 et de G Suite Workplace, la déclinaison BtoB du réseau social, se démarque dans le dernier baromètre Lecko. Son principal concurrent resterait le Facebook historique, de plus en plus utilisé en entreprises.

Lancée fin 2016, Workplace, la déclinaison de Facebook pour l'entreprise,  se démarque nettement de ses concurrents quant à son potentiel social et de mise en réseau. C'est le constat que dresse le cabinet de conseil français Lecko dans son baromètre 2018 "Etat de l'art de la transformation interne des organisations", qui vient de paraître. L'étude passe au crible une trentaine d'applications collaboratives. "C'est une bonne solution dans l'optique de connecter et socialiser l'ensemble des salariés d'une organisation, y compris ceux qui ne sont pas forcément équipés d'un poste de travail", commente Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko. Reprenant les codes du Facebook historique, Workplace offre une expérience que maîtrisent déjà les 2 milliards d'utilisateurs actifs de son grand frère, dont plus de 30 millions en France. Une situation qui contribue, de fait, à faciliter son adoption en entreprise (lire Workplace by Facebook : quel bilan un an après son lancement ?). 

Aux côtés de son analyse de l'offre, Lecko a réalisé à l'occasion de ce nouveau baromètre une enquête auprès d'un panel représentatif de 1 000 salariés, tous issus d'entreprises de plus de 5 000 collaborateurs basées en France (panel Lecko-YouGov). Premier constat : 67% des répondants ont recours occasionnellement ou régulièrement à "une solution non-proposées par l'entreprise pour échanger et travailler avec des collègues". Et pour 25 à 30% des personnes consultées, c'est Facebook qui est utilisé dans cette optique, devant WhatsApp (environ 20% des répondants), Doodle (15 à 20%), puis G Suite, WeTransfer, Box et Dropbox (entre 10 et 15% chacun). Office 365 n'est pas cité par les répondants.

"Facebook concurrence directement Workplace, et se concurrence donc lui-même", constate Arnaud Rayrole. "Même si Workplace est un outil de qualité et facile à prendre en main, le service grand public de Facebook offre d'emblée une capacité de mobilisation beaucoup plus grande pour le salarié." Aux côtés de leur ergonomie de dernière génération, c'est avant tout cette taille critique atteinte par les services digitaux grands publics qui séduit les salariés.

Matrice des potentiels sociaux

En vert : les solutions de réseau social d'entreprise spécialisées où Workplace ressort leader en adressant "des usages simples et effectifs autour du sentiment d'appartenance et de la mise en réseau des collaborateurs". En bleu : les offres "tout en un". © Lecko

Mais par-delà Facebook, cette montée en puissance d'une informatique non-maîtrisée par les directions informatiques (ou shadow IT) pourrait se révéler dangereuse pour les organisations. "Ces services digitaux peuvent dans certains cas disposer d'une connaissance plus granulaire sur l'entreprise, ses salariés, ses compétences, que l'entreprises elle-même. LinkedIn en est l'exemple type. Les entreprises perdent ainsi une partie de la maîtrise de leur patrimoine social", prévient Arnaud Rayrole. "Sans compter le danger de laisser des informations, potentiellement confidentielles, s'échanger à l'extérieur sans aucun contrôle."

Face au shadow IT, les DSI se mobilisent en déployant des suites de productivité comme Office 365 ou G Suite. "Ces offres sont particulièrement riches, et apportent une réponse à 80% des besoins tout en étant relativement peu chères", estime Arnaud Rayrole. Particulièrement complète, Office 365 manquerait toutefois de cohérence selon Lecko. Autre constat : les clients de la plateforme de Microsoft peineraient à rendre effectifs à large échelle tous les usages proposés. "Des solutions tierces comme Powell 365 et Unily se positionnent comme outil complémentaire pour apporter du liant aux différentes briques Office 365", indique Arnaud Rayrole.

Matrice des outils de  productivité 

En orange : les boîtes à outils centrées sur la productivité en équipes avec une approche modulaire et packagée. En vert : les grands leaders de la productivité. En bleu : les spécialistes, de l'application de gestion de tâches ou de prises de notes jusqu'aux chatOps (avec Slack, Stride et le nouveau IBM Workspace). © Lecko

En optant pour Office 365 (ou G Suite) comme pour Workplace, une entreprise s'assure par ailleurs de conserver la propriété de son capital social, du moins une partie. "C'est le cas pour les données primaires, c'est-à-dire les documents et autres contenus créés et partagés au sein de ces environnements. En revanche, s'agissant des données secondaires, comme le graph décrivant l'organisation d'une entreprise utilisant Office 365 et autres couches d'IA utiles à la personnalisation, c'est une autre paire de manche. Le statut de ces données est flou. De plus, il est le plus souvent difficile voire impossible de les récupérer", insiste Arnaud Rayrole.

Parmi les autres outils ayant relevé son attention cette année, Lecko insiste sur Whaller qui "s'avère très efficace pour outiller un usage de réseau social autour d'une communauté externe", note le cabinet. La start-up française excellerait notamment dans sa capacité à recueillir les feedbacks et co-construire avec ses clients la feuille de route de sa R&D. Enfin, Lecko pointe la complétude de l'offre d'Atlassian (avec ses offres Jira, Stride, Trello, etc), ainsi que le travail réalisé par Whatever autour d'Elium (sa solution de gestion des connaissances sociales ou social KM). "Le pari est réussi, et l'expérience encourage réellement au partage de contenu dans une approche de storytelling très user-friendly", juge Lecko.

Matrice des processus métier

En bleu : les chatOps tels que Slack ou Stride encouragent la formation de nouvelles équipes au-delà de l'organisation traditionnelle de l'entreprise. En vert : les applications métiers comme SAP et Salesforce qui socialisent leurs plateformes via des extensions collaboratives. En orange : les boites à outils telles que Jalios ou Office 365 se dotent d'applications pour tendre vers une digital workplace. © Lecko