En Estonie, Elmo téléconduit ses véhicules d'autopartage

En Estonie, Elmo téléconduit ses véhicules d'autopartage Depuis son homologation par l'administration des transports estonienne début octobre, la start-up télécommande chaque jour une Nissan et une Renault pour les amener au plus près des clients.

Commander un véhicule via une application pour qu'il vienne, seul, devant votre domicile pour vous permettre d'effectuer vos déplacements n'est plus un projet mais une réalité à Tallinn, la capitale estonienne. La start-up Elmo a mis en service, parmi sa flotte d'autopartage, deux véhicules électriques télécommandés. Une vingtaine seront en circulation à la fin de l'année. S'ils se déplacent en apparence seul entre deux locations, les véhicules d'Elmo ne sont pourtant pas encore autonomes : des chauffeurs les télécommandent depuis un poste de contrôle. Avec ce concept, l'objectif d'Elmo est de favoriser l'autopartage de véhicules, en proposant dès à présent une offre en transition entre les véhicules classiques et les voitures autonomes. Les premières courses en situation réelle se révèlent conformes aux attentes.

"Notre latence est de l'ordre de 50 à 200 millisecondes, ce qui est suffisant pour faire fonctionner la voiture à distance"

Au cœur du service : la connectivité. Elmo s'appuie sur la 4G pour télécommander les véhicules. Six caméras connectées – trois à l'avant, une à l'arrière et deux sur les rétroviseurs latéraux – transmettent les images de ce qui entoure le véhicule pour que le téléopérateur conduise comme s'il était sur la route. Ses commandes, identiques à celles du véhicule, transmettent les informations au boîtier présent dans la voiture, qui les reproduit (en contrôlant notamment le volant, le frein, les clignotants, etc.). La moindre coupure pourrait mettre les véhicules au point mort, ces derniers s'arrêtant en cinq secondes en cas de problème.

Pour éviter ce cas de figure, les messages de contrôle et le signal vidéo sont transmis sur deux canaux de données mobiles 4G distincts et redondants à faible latence. "D'après nos tests en France, en Allemagne et en Estonie, notre latence est aujourd'hui de l'ordre de 50 à 200 millisecondes, ce qui est suffisant pour faire fonctionner la voiture à distance. Nous avons mené deux années de tests pour en arriver là", se réjouit Kristiina Kalda, directrice France d'Elmo, qui n'a observé aucune zone blanche dans la ville de Tallinn, après que ses équipes ont cartographié la ville pour identifier les zones où la réception du réseau pourrait être plus faible afin de les éviter.

L'entreprise, qui a reçu début octobre l'homologation de l'administration des transports estonienne, ne travaille aujourd'hui qu'avec un seul opérateur, Telia. Elle envisage la possibilité de collaborer avec plusieurs d'entre eux pour accroître la qualité de service de ses véhicules. La prochaine étape pour Elmo sera l'expérimentation de la 5G. "Elle divisera par deux la latence et améliorera la qualité du flux vidéo", annonce Kristiina Kalda, avant de nuancer : "Pour le moment la couverture n'est pas suffisante pour qu'on la teste." D'autant que l'attente des premiers clients à Tallinn concerne la ponctualité du véhicule. "La seule exigence des utilisateurs est que le véhicule se trouve à l'emplacement voulu, à l'heure prévue", souligne Kristiina Kalda.

Sur le volet de la cybersécurité, Elmo a prévu au cœur de son cahier des charges des mesures pour éviter tout risque de piratage et rend compte chaque mois de ses bilans à l'administration des transports estonienne. De nouvelles fonctionnalités vont par ailleurs être "ajoutées pour valider l'obtention de certifications à l'international", indique la directrice France d'Elmo, qui prévoit de recruter pour étoffer ses équipes d'ingénieurs.

"Les véhicules télécommandés pourraient être utilisés en logistique ou en maintenance"

Pour séduire au-delà de Tallinn, Elmo projette de collaborer avec Tesla. Deux modèles de voitures sont pour l'heure utilisés, une Nissan Leaf et une Renault Zoé. "Le plus compliqué a été d'adapter le boîtier de contrôle à des modèles de voiture différents", précise Kristiina Kalda. Elmo ne recourt qu'aux capteurs déjà présents dans les véhicules. Pour aller plus loin, l'entreprise développera progressivement de l'intelligence artificielle. Pour introduire sa solution en France, Elmo a nommé à l'été 2022 sa directrice France et est désormais à la recherche de partenaires à qui vendre la licence de sa technologie (qui devront également payer 5 000 euros par poste de pilotage à distance), avec pour perspectives des usages BtoB. "Les véhicules télécommandés pourraient être utilisés en logistique ou en maintenance. Par exemple, les véhicules qui sécurisent les travaux sur l'autoroute n'ont pas besoin de la présence sur place du conducteur", illustre Kristiina Kalda.