L'IA d'Ayomi lève 1 million d'euros pour aider les TPE à se financer

L'IA d'Ayomi lève 1 million d'euros pour aider les TPE à se financer Créée en septembre 2017, cette fintech française a déjà permis de prêter entre 30 000 et 150 000 euros à plusieurs dizaines d'entreprises.

Les grandes oubliées des banques sont bien petites. Alors que les PME obtiennent les crédits qu'elles sollicitent dans plus de 80% des cas, plus d'une demande de TPE sur trois est quant à elle rejetée, d'après les statistiques de la Banque de France. "Demander un business plan à un boulanger pour acheter une machine à pétrin à 20 000 euros n'est pas pertinent. Un boulanger ne sait pas ou ne peut juste pas le faire", illustre Harold Zimé, CEO d'Ayomi (anciennement Ipoome), une start-up française qui aide les très petites entreprises à se financer, pour un montant entre 30 000 et 150 000 euros. Elle a conçu une intelligence artificielle capable d'identifier les investisseurs présents dans le réseau direct et indirect d'une entreprise et de les faire investir sous forme de dette ou en capital.

Sept mois après sa création, cette fintech de 12 salariés vient de lever 1 million d'euros auprès de business angels dont les noms ne sont pas communiqués mais qui sont majoritairement des dirigeants de PME. Ce tour de table permettra à cette jeune société parisienne de recruter une dizaine de personnes en 2018, principalement des data scientists et des profils IT mais aussi d'accélérer son développement en France. Elle souhaite financer plusieurs centaines d'entreprises d'ici fin 2019. 

En sept mois, le robot a communiqué avec 2 millions de personnes en France

 

Selon son CEO, les débuts sont prometteurs. L'entreprise a permis de financer plusieurs dizaines d'entreprises. Aujourd'hui, elle reçoit environ cinq demandes par jour. La durée moyenne du financement est de cinq à six semaines. "C'est rapide comparé au parcours bancaire qui approche plutôt des 6-7 mois", remarque Harold Zimé. Côté tarif, Ayomi facture 250 euros HT de frais de dossier et prélève un minimum de 7% des montants reçus en cas de succès. La start-up Espaciel, spécialisée dans l'éclairage naturel, a par exemple collecté 120 000 euros en six semaines (elle cherchait 60 000 euros) auprès d'environ 100 investisseurs. Ayomi a prélevé 10% du montant total levé.

Financer via Messenger ou WhatsApp

Pour créer une campagne de financement, le parcours est similaire à celui des plateformes de crowdfunding "classiques". Il suffit de créer une page dédiée avec toutes les informations sur l'entreprise et le projet spécifique à financer. Aucune caution personnelle ou bilans ne sont à fournir. Les modalités du financement (ticket minimum d'investissement ou de prêt, durée de la campagne, taux de rémunération des prêts…) sont définies par l'entreprise.

Etape suivante : l'importation des bases de contacts (mail, fichier excel, réseaux sociaux…) de l'entreprise ou de l'entrepreneur. C'est à partir de ces données que l'IA pourra identifier les investisseurs "forts, moyens et faibles" et les inciter à financer l'entreprise. Pour ce faire, le robot choisit le canal le plus approprié. Certains contacts recevront un mail tandis que d'autres recevront un SMS, un Facebook Messenger ou même un message WhatsApp. "Il les contacte comme une personne le ferait dans la vraie vie", résume Harold Zimé. "Quand la personne reçoit le message, notre intelligence artificielle va aussi analyser son comportement. S'il ne l'ouvre pas, le robot ne renverra pas de message. On veut éviter tout spam", ajoute-t-il. En sept mois, le robot a communiqué avec 1,2 million de personnes en France et a totalisé plus de 10 millions d'échanges.

Le robot d'Ayomi est aussi utilisé pour accepter ou refuser les dossiers des entreprises. L'IA détecte si la société est en redressement judiciaire, si elle ne paie pas ses salariés, son loyer ou un prestataire. A ce jour, la start-up a déjà rejeté un "petit pourcentage" de dossiers.