La France bâtit un hub fintech international

La France bâtit un hub fintech international Le pôle de compétitivité Finance Innovation a signé des accords avec 13 pays dont le Canada, l'Espagne, Israël ou encore le Sénégal.

L'internationalisation, c'est un peu le serpent de mer des start-up. Comment s'implanter à l'étranger ? Qui peut m'accompagner ? Par quels pays commencer ? Les fintech, comme toutes start-up, se posent de plus en plus tôt ces questions. Pour les aider à s'exporter, le pôle de compétitivité Finance Innovation, qui regroupe 500 membres (banques, assurances, collectivités, fintech, académies…), crée un réseau international dans la fintech. L'organisation annonce la signature d'accords avec 13 villes et pays dans le monde : en Europe (Espagne, Luxembourg), en Afrique (Djibouti, Rwanda, Sénégal, Tunisie), en Amérique du Nord (Montréal, New-York, Toronto), au Moyen-Orient (Dubaï, Sharjah), à Singapour et Israël.

Ces partenariats sont le fruit d'un long processus. "Depuis un an, nous avons développé une politique internationale intensive. Nous avons fait un tour du monde des diasporas françaises et examiné toutes les sollicitations des acteurs étrangers. Depuis qu'Emmanuel Macron a été élu président, la perception de la tech française a été améliorée. On croule sous les demandes de partenariats", assure Cyril Armange, directeur des partenariats et de la communication chez Finance Innovation. Selon le pôle, cette internationalisation devenait urgente. "La faiblesse de la France est son manque d'ouverture vers l'international alors que nos fintech naissent 'globales'. Dans le contexte du Brexit, il est d'autant plus important de faire rayonner la France dans le monde", souligne le dirigeant.

"Le Canada a une expertise dans l'IA, Israël dans la cybersécurité, et l'Espagne dans les insurtech"

Ce hub international décentralisé doit permettre aux fintech françaises de nouer des contacts avec des investisseurs, clients et partenaires étrangers, d'avoir des pieds à terre sur plusieurs continents, et de se benchmarker. "Il faut que l'industrie française ait une vision 360 dans le secteur, qu'elle puisse comparer les technologies comme l'intelligence artificielle, le big data et la blockchain", souligne Cyril Armange. Chaque pays partenaire a justement une spécificité, technologique ou sectorielle. "Le Canada a par exemple une expertise dans l'intelligence artificielle et la blockchain, Israël dans la cybersécurité, et l'Espagne dans les insurtech", énumère le dirigeant.

Un axe franco-espagnol

Les fintech étrangères vont quant à elle pouvoir bénéficier du modèle de Finance Innovation. Le pôle français va par exemple répliquer le cluster au Sénégal et au Rwanda. A savoir, cartographier les fintech, mettre en relation tous les acteurs de l'écosystème, ou encore mettre en place un système de labellisation des fintech. Dubaï a également demandé la mise en place d'un cluster ainsi qu'un fonds d'investissement commun. "En termes de levées de fonds, on est de plus en plus dans une logique internationale. Nous cherchons donc à monter des véhicules binationaux", confie Cyril Armange.

En Europe, Finance Innovation a noué un partenariat avec l'association espagnole fintech et assurtech (AEFI) pour mettre en place des échanges franco-espagnols et "créer un axe européen de la fintech". "On parle peu souvent de l'Espagne dans le domaine de la fintech alors qu'il y a un gros marché, notamment dans l'insurtech. Des fintech françaises comme Lendix ont ouvert des bureaux là-bas. Et les fintech espagnoles bénéficient d'un acteur très innovant comme BBVA", ajoute-t-il.

"En novembre prochain, nous devrions signer un accord avec la municipalité de Shanghai"

Quid du Royaume-Uni, place européenne de la finance ? "Nous avons déjà des partenariats avec plusieurs structures à Londres. Et nous sélectionnons de temps en temps des fintech avec Business France pour qu'elles s'exportent là-bas", répond le dirigeant. Même réponse pour Singapour, la Chine et le Japon avec qui Finance Innovation a déjà noué des relations. "En novembre prochain, nous devrions signer un accord avec la municipalité de Shanghai car elle a créé une zone fintech dans la ville. Il y aura un french corner hub qui permettra aux fintech françaises d'avoir des bureaux", révèle Cyril Armange. Le pôle de compétitivité compte signer d'ici 2019 d'autres partenariats avec l'Allemagne, le Benelux, l'Italie, le Portugal, la Suède et la Suisse.