Recruter des talents à l'ère de l'IA générative : les 3 compétences clés les plus recherchées

Comment les entreprises peuvent-elles identifier et recruter efficacement des talents dotés de compétences non techniques clés à l'ère de l'IA générative ?

Les entreprises doivent avant tout chercher à recruter des talents dotés de compétences non techniques telles que la créativité, l’esprit critique et la prise de décision éthique. Depuis l’arrivée de l’IA générative, une question brûlante est sur toutes les lèvres : les outils alimentés par l’IA générative peuvent-ils nuire aux performances professionnelles des salariés ? La réponse est « bien évidemment », en particulier si ces derniers n’arrivent pas à déterminer ce que l’IA générative peut et ne peut pas accomplir.

Lors de l’une de ses dernières études, le cabinet Boston Consulting Group (BCG) a soumis toute une série de problèmes professionnels à plusieurs travailleurs dits « intellectuels » ; ces derniers étaient séparés en deux groupes, dont l’un pouvait s’appuyer sur GPT-4 pour résoudre ces problèmes. Bien qu’ils aient été avertis au préalable que l’outil n’était pas conçu spécifiquement pour leur cas d’usage et qu’ils étaient donc susceptibles de donner de mauvaises réponses, les participants ayant utilisé GPT-4 ont obtenu des résultats inférieurs de 23 % à ceux qui avaient effectué les mêmes tâches sans l’aide de l’outil. BCG a d’ailleurs observé un paradoxe : « Si les individus semblent se méfier de la technologie dans les domaines où elle pourrait pourtant leur apporter une aide considérable, ils lui font bien trop confiance dans les domaines où elle n’a aucune compétence ». 

Cette information fait office de piqûre de rappel concernant la confiance, parfois trop aveugle, que les salariés et les dirigeants d’entreprise accordent aux nouveaux outils. En outre, elle met en lumière toute la valeur des compétences humaines telles que l’esprit critique pour identifier les personnes qui utilisent ces outils et dans quelles conditions.

Puisque l’IA générative est capable de produire des absurdités cohérentes, il est nécessaire de se poser les bonnes questions face aux résultats obtenus via cet outil. Pour pouvoir tirer le meilleur parti de l’IA générative, les entreprises doivent donc s’appliquer à embaucher des talents possédant trois compétences non techniques spécifiques et à les entretenir au quotidien.

La créativité

L’IA générative promet de mettre fin à ce fléau qu’est l’angoisse de la page blanche. Sous réserve d’être bien guidée, elle peut produire des premières ébauches exploitables de mails dans le cadre de stratégies d’email marketing, mais également de newsletters, d’articles de blog, de bilans financiers trimestriels et de codes de logiciels opérationnels.

La façon dont l’on conçoit les requêtes aura un impact considérable sur le résultat obtenu à l’arrivée. Il faut faire preuve d’une réelle créativité. C’est l’une des raisons pour lesquelles certaines entreprises sont déjà à la recherche de leur futur Prompt Engineer. Même si tous les travailleurs intellectuels devront rapidement endosser ce nouveau rôle, il est évident que les plus créatifs disposeront d’un certain avantage. En clair, plus les salariés feront preuve de créativité, plus ils seront capables de tirer le meilleur de l’IA générative ».

L’analyse critique

L’esprit critique est une compétence dont l’importance augmentera avec l’adoption généralisée de l’IA générative sur le lieu de travail. La capacité de cette technologie à automatiser certaines tâches libère plus de temps pour les salariés, ce qui leur permet d’utiliser leur savoir-faire dans des tâches à plus forte valeur ajoutée. Aujourd’hui, même dans leur recherche de talents spécialisés dans l’informatique, les entreprises accordent presque autant d’importance à l’esprit critique qu’aux compétences techniques. En outre, puisque l’IA générative peut désormais écrire des lignes de code, le fait de savoir coder a désormais moins de valeur ».

L’analyse critique est une compétence non technique inestimable pour pouvoir améliorer la prise de décision. Par exemple, si l’IA générative peut analyser le potentiel commercial d’une start-up, un analyste financier doit encore mobiliser toute son expertise avant de conseiller quelqu’un sur ses futurs investissements. En outre, dans le domaine des ressources humaines, GPT-4 peut passer des milliers de CV au crible pour repérer le candidat idéal pour un poste, mais un responsable RH aurait tort de ne pas faire passer un entretien plus approfondi au candidat avant de l’embaucher.

La prise de décision éthique

Bien que l’’intitulé de poste « AI Ethicist » (« Éthicien en IA » en français) existe depuis presque aussi longtemps que l’intelligence artificielle elle-même, les recruteurs affirment que l’essor de l’IA générative a créé le besoin de disposer de fondements éthiques communs à toutes les entreprises et de développer une capacité à juger la manière dont cette technologie est utilisée.

Les salariés ont besoin de ces fondements pour pouvoir utiliser l’IA générative de manière réfléchie. Le risque est d’exploiter aveuglément les résultats obtenus au moyen de cet outil pour prendre des décisions au sein de l’entreprise. Chaque collaborateur doit donc prendre le temps de penser soigneusement et de manière holistique à toutes les parties prenantes directement concernées par ces résultats. Dans le cas contraire, les risques d’impacter négativement l’entreprise et les personnes impliquées ne feront que croître.

En termes d’éthique, les risques vont de la partialité des données d’apprentissage à la diffusion de fausses informations potentiellement dangereuses.

Si les entreprises peuvent – et doivent – mettre en place des garde-fous et des formations à destination de leurs collaborateurs concernant l’IA générative, elles doivent également s’assurer qu’elles embauchent des talents capables de prendre des décisions éthiques. Comme suggéré par la Society for Human Resources Management, ces dernières peuvent, par exemple, poser des questions aux enjeux éthiques au cours du processus d’entretien et évaluer le raisonnement des candidats par la suite.

Au-delà des risques judiciaires et réglementaires, les entreprises qui recrutent des salariés capables de prendre des décisions éthiques vis-à-vis de l’IA prennent déjà position pour faire face à cette phase de transformation et à tout ce qui en découlera. Étant donné que l’IA accélère l’évolution de bon nombre de choses, nous devons nous tenir prêts à répondre aux enjeux de demain et à embaucher dès à présent des talents qui possèdent toutes ces compétences.