Nouvelles technologies dans la pratique médicale : remettre l'humain au coeur du débat

D'ici 2050, la population mondiale de personnes âgées atteindra 1,5 milliard, posant des défis majeurs pour le secteur médical. Celui-ci devra accélérer les prises en charge en intégrant l'IA.

En 2050, la population de personnes âgées aura doublé, passant de 700 millions en 2020 à 1,5 milliard. Les chiffres des Nations Unies sont assez révélateurs d’une dynamique de vieillissement, à l’impact majeur sur le fonctionnement de notre société. Pour accompagner au mieux cette catégorie de population croissante, le secteur médical doit répondre à de nouveaux impératifs :  accélération des prises en charge, optimisation du déroulé des soins, enrichissement de la capacité de suivi...

Face à ces défis, le secteur doit désormais apprendre à composer avec deux facteurs majeurs. D’un côté, prendre conscience du rôle transformatif des nouvelles technologies et les utiliser à bon escient. De l’autre, exploiter l’empathie et l’intelligence humaine. 

Utiliser la technologie à bon escient : améliorer le parcours médical pour le bien-être du patient

L’IA est d’ores et déjà utilisée dans le secteur médical, pour accélérer l’élaboration d’un diagnostic ou analyser plus précisément des imageries médicales. La technologie devient également un atout de poids dans la mise en place de traitements pour des cas spécifiques ou complexes. Récemment, le projet européen TRUSTroke, qui vise à améliorer la prise en charge des AVC (accidents vasculaires cérébraux), a complété avec succès un premier pilote. Le système est capable d’analyser les antécédents du patient, son dossier médical, ses biomarqueurs, afin de fournir des conseils aux praticiens pour personnaliser le traitement en fonction du profil du patient. L’objectif : prévenir les risques et les potentielles complications liées non seulement à la pathologie, mais aussi aux éventuels traitements et soins de suite.

En février dernier, Sanofi dévoilait le lancement de “accelRare”, son intelligence artificielle capable d’accélérer le pré-diagnostic des patients atteints de maladie rare. En France, le délai moyen de diagnostic est de 2 à 3 ans, certains malades n’obtenant pas de diagnostic avant 5 à 15 ans d’errance médicale. L’intelligence artificielle analyse l’ensemble des symptômes, signes cliniques, antécédents et examens du patient et fournit en quelques minutes des éléments fléchant vers une ou des maladies suspectées, et les examens complémentaires nécessaires.

Le praticien, garde-fou indispensable pour une médecine axée sur l’humain

Avec l’émergence de l’IA générative, le rôle des nouvelles technologies ira croissant. Sans barrière à l’entrée, cette innovation permet à l’ensemble du personnel médical, chercheurs comme médecins, de s’emparer d’une solution capable d’accélérer leur quotidien et de renforcer les capacités de traitement. Néanmoins, une IA capable de prédire la “vérité”, donc un diagnostic infaillible et automatiquement correct, est un projet utopiste. L’intervention humaine est donc indispensable pour garantir aux patients la meilleure prise en charge de leur pathologie ou encore permettre aux protocoles d’essais cliniques de prendre en compte des arguments empathiques (souffrance du patient, fatigue liée aux traitements, pénibilité des soins…).

Le secteur médical ne doit pas se poser la question d’un “médecin IA”. Mais plutôt déterminer la meilleure stratégie pour prendre en compte l’humain de chaque côté du parcours de soin. Mobiliser l’intelligence et l’empathie des praticiens et chercheurs en associant ces compétences à l’automatisation garantie par l’IA. Ce n’est qu’en prenant en compte cette équation que le secteur médical pourra répondre aux nouveaux enjeux d’accélération des soins, de développement de traitements innovants. Et ainsi rester fidèle au serment d’Hippocrate, qui met le bien-être du patient au cœur de la pratique.