Nvidia déplore les effets inverses des sanctions américaines sur les puces IA

Nvidia déplore les effets inverses des sanctions américaines sur les puces IA À Taïwan, le dirigeant de l'entreprise californienne a mis en lumière l'impact inattendu des restrictions américaines, évoquant un recul commercial significatif en Chine.

Depuis 2022, les États-Unis ont multiplié les restrictions à l'exportation de composants électroniques vers la Chine. Lors d'un déplacement à Taïwan, Jensen Huang a pris position sur les conséquences de ces mesures pour son groupe et pour l'écosystème mondial des puces IA.

Des mesures américaines aux effets inattendus

Le 21 mai, lors du salon Computex à Taïwan, le directeur général de Nvidia a déclaré que les contrôles américains à l'exportation de semi-conducteurs vers la Chine n'avaient pas atteint leur objectif initial. "Je pense que, dans l'ensemble, le contrôle des exportations a été un échec", a affirmé Jensen Huang face à la presse. Il a estimé que ces restrictions avaient renforcé les capacités des fabricants chinois, en stimulant leur développement avec l'appui des autorités locales.

Selon les propos rapportés par Le Figaro, le responsable américain a souligné que les entreprises chinoises étaient "très talentueuses et très déterminées", et que les restrictions leur avaient donné "l'état d'esprit, l'énergie et le soutien du gouvernement pour accélérer leur développement".

En parallèle, Jensen Huang a reconnu une baisse significative de la part de marché de Nvidia en Chine. Celle-ci serait passée de 95% à 50% depuis le début du mandat de Joe Biden, selon les chiffres relayés par Investing.com.

Des interdictions évolutives entre deux administrations

Les premières limitations sur les puces IA ont été mises en place par l'administration Biden à partir de 2022. Elles visaient à empêcher l'utilisation de semi-conducteurs américains dans des domaines jugés sensibles, comme les supercalculateurs ou le développement de modèles d'intelligence artificielle. En janvier 2025, une extension de ces restrictions avait été annoncée. Elle devait entrer en vigueur mi-mai, quelques jours après la passation de pouvoir à Donald Trump.

Finalement, ces nouvelles mesures ont été annulées par le département du Commerce, qui les a remplacées par une série de recommandations publiques. Celles-ci mettent en garde contre l'utilisation potentielle de composants américains dans la mise au point de technologies chinoises d'IA.

La Chine a dénoncé cette démarche, qu'elle assimile à une tentative d'"intimidation", et a annoncé des "mesures fermes" en réponse.

Nvidia ajuste sa présence en Chine face aux nouvelles règles

L'entreprise californienne a d'abord tenté de contourner les interdictions américaines en proposant un modèle moins performant : la puce H20. Ce composant restreint, accepté par les régulateurs dans un premier temps, a été utilisé par de nombreuses entreprises chinoises. Mais les dernières évolutions réglementaires interdisent désormais également son exportation.

Nvidia préparerait une nouvelle puce conforme aux exigences américaines. Le groupe a également confirmé la création d'un centre de recherche et développement à Shanghai, sans détailler le calendrier ni les moyens engagés.

Dans le même temps, plusieurs entreprises chinoises, dont Huawei et Semiconductor Manufacturing International Corp, ont été identifiées comme les bénéficiaires directs de ces changements. Pékin continue par ailleurs d'investir massivement dans ses capacités nationales de production de puces.