Sensego dope le ciblage client à l'IA

Sensego dope le ciblage client à l'IA La start-up française promet de générer 70% de ventes en ligne supplémentaires à budget constant. Elle a remporté le premier prix Trophées des Start-up Martech.

Pour son offre de ciblage intelligent, le français Sensego a remporté le 20 novembre dernier le premier prix Trophées des Start-up Martech organisés par le Club des marketeurs de la tech. Créée en 2016, la start-up s'adosse à une IA prédictive taillée pour optimiser la performance de la vente en ligne des marques, que ce soit pour les clients ou les non-clients. "Quand un client est déjà en base et qu'il a accepté l'utilisation de ses informations personnelles, nos algorithmes identifient les types de produit pour lesquels il affiche une probabilité d'achat importante à un moment donné. A partir de ce résultat, ils sélectionnent dans les catalogues de nos clients les offres qui correspondent le mieux et qui enregistrent le plus haut score d'appétence en fonction des catégories déterminés en amont", explique Teimour Daly, cofondateur et CEO. Un message promotionnel personnalisé est ensuite envoyé au client.

"Grâce à notre solution, les campagnes atteignent des taux de clic de 35% à 40% et les ventes progressent de 20% à 30%"

Quid des résultats ? "En bout de course, les campagnes à destination des clients existant atteignent des taux de clic de 35% à 40%. Quant aux ventes générées, elles progressent de 20% à 30%", se félicite Teimour Daly. "Et dans le même temps, le nombre de messages envoyés baisse de 20%."

Pour aider à capter de nouveaux clients, Sensego applique son IA aux réseaux sociaux. "Nous couvrons Facebook et Instagram, et prévoyons de nous étendre à WhatsApp quand ce sera possible", confie Teimour Daly.

Du transfer learning sous le capot

A partir de l'analyse du comportement et des centres d'intérêt des internautes sur les deux réseaux, Sensego détermine lesquels enregistrent la plus forte probabilité d'achat pour telle ou telle catégorie de produit. "Par exemple si un chanteur de renom se produit à Paris à une date donnée, nous estimerons le volume d'affaire potentiel apporté par les fans identifiés en réservation de chambres d'hôtels en Ile-de-France. De là, notre plateforme pourra activer une campagne personnalisée les ciblant directement sur les réseaux sociaux", illustre Teimour Daly, avant d'ajouter : "Globalement à budget marketing égal, cette mécanique de conversion se traduit par 70% de volume de vente en plus sur un an."

Comment Sensego a-t-il bâti ses modèles de machine learning pour aboutir à de tels résultats ? Evidemment, les données nominatives de ses clients restent la propriété de ces derniers. Mais pour accélérer la montée en puissance de son IA, la start-up ne se prive pas de pratiquer du transfert learning. "Que ce soit dans le secteur du voyage ou de l'hôtellerie où nous avons commencé par nous positionner, nous réexploitons en permanence les modèles que nous entraînons de client en client sur la partie acquisition", confirme Teimour Daly. "Nous améliorons en parallèle nos modèles en fonction des résultats des campagnes de nos clients." Pour finaliser l'édifice, Sensego automatise la préparation de ses data sets d'apprentissage du taggage de photos à l'extraction des attributs de textes. Fort de tous ces dispositifs, "nous disposons encore de marges de manœuvre importantes pour améliorer les résultats en matière de transformation", estime Teimour Daly.

Après le voyage et l'hôtellerie, l'e-commerce

Côté références clients, Sensego met en avant Canal+. Le groupe média recourt à l'offre de la start-up pour personnaliser les contenus vidéo des alertes de son app mobile en vue d'accroître les taux de clics. Dans un tout autre domaine, Veepee, ex- Vente-privee.com, fait appel à la technologie Sensego pour relancer au bon moment ses clients historiquement peu actifs en leur poussant l'offre la plus adaptée à leurs centres d'intérêts, notamment sur son nouveau segment du voyage. Enfin, Transilien, le réseau de transport de la SNCF d'Ile-de-France, s'adosse à la solution pour croiser ses historiques d'achat de billets en gare avec des données externes (météo, travaux, calendrier d'événements) en vue, in fine, d'anticiper l'affluence à ses guichets. Autres références affichés par Sensego : ADP ou encore le groupe d'hôtellerie parisien GreatHotels Paris.

Sensego a bouclé une première levée de fonds de 800 000 euros en avril 2018 auprès de Takara Capital et Courtin Investment. Depuis février 2019, la jeune pousse est basée à Station F, au sein du Startup Garage, l'accélérateur de Facebook dédié à l'intelligence artificielle. D'une petite dizaine de salariés aujourd'hui, la société entend doubler ces effectifs d'ici début 2020. Parmi ses projets prioritaires à court et moyen terme, Sensego souhaite étendre son positionnement au e-commerce. Pour l'heure, son offre est disponible en mode cloud uniquement sur Amazon Web Services. "Nous avons parfaitement conscience qu'une telle infrastructure pose un problème (de conflits d'intérêt, ndlr) aux e-marchands. Nous envisageons par conséquent de proposer des hébergements alternatifs sur les clouds de Microsoft ou Google", précise Teimour Daly. "Notre plateforme est dockérisée et par conséquent conçue pour être portable sur différentes infrastructures, y compris privée. Quelques clients l'ont d'ailleurs déjà déployée chez eux pour des besoins spécifiques."

A l'aube de cette nouvelle phase de développement, Sensego table sur une deuxième levée de fonds, plus conséquente, courant 2020. "L'objectif prioritaire sera alors d'accroître notre force de frappe commerciale", conclut le CEO.