Exclusif : plan social chez l'ex-Aldebaran, le créateur des robots Pepper et Nao

Exclusif : plan social chez l'ex-Aldebaran, le créateur des robots Pepper et Nao Selon nos informations, Softbank Robotics Europe, issu du rachat du français Aldebaran Robotics en 2014, va licencier près de la moitié de ses employés en France.

Un coup dur pour la filière robotique française. Softbank Robotics Europe, la filiale du groupe japonais basée en France qui conçoit les robots humanoïdes Pepper et Nao, issus de la start-up tricolore Aldebaran Robotics, rachetée par Softbank en 2014, est en train d'être vidée de sa substance. Selon nos informations, la direction a en effet lancé un plan de licenciement qui prévoit de supprimer près de la moitié des emplois en France, c'est-à-dire 165 postes sur 323. Trois services sont presque entièrement sabrés : qualité, SAV et vente (qui inclut le marketing et la communication).  

100 millions d'euros perdus en trois ans

Malgré leur renommée mondiale, les robots humanoïdes de la société ne sont jamais devenus un véritable succès, au-delà d'opérations de communication, et du marché japonais, sur lequel l'entreprise a écoulé la majorité des 27 000 robots Pepper et Nao vendus depuis sa création. L'un des freins identifiés au sein de l'entreprise était le prix des robots, bien trop élevé pour les tâches assez sommaires qu'ils étaient capables d'effectuer (principalement de l'accueil et de l'information) : environ 17 000 euros pièce pour Pepper et 7 000 euros pour Nao, auxquels venaient s'ajouter un budget pour les applications accompagnant les robots. L'acceptation des robots humanoïdes en Europe et aux Etats-Unis n'a jamais atteint celle des pays asiatiques, ce qui a également limité leur développement. Enfin, depuis le rachat d'Aldebaran Robotics par Softbank, les assistants vocaux nourris à l'intelligence artificielle de Google, Amazon ou Apple sont arrivés sur le marché et offrent des interactions beaucoup plus profondes pour bien moins cher.  

A part une année exceptionnelle durant laquelle l'entreprise a écoulé 10 000 robots et réalisé 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, Softbank Robotics Europe a toujours été déficitaire et recapitalisée à plusieurs reprises par sa maison-mère pour éponger les pertes. La société a clos son exercice 2019-2020 (qui se termine en mars) avec une perte nette de plus de 32 millions d'euros et a perdu plus de 100 millions d'euros ces trois dernières années. Softbank souhaite réduire ces pertes et renonce totalement à commercialiser ses robots en Europe, ainsi qu'à poursuivre leur développement. Le conglomérat japonais, également investisseur de renom dans la tech avec plus ou moins de succès (Uber, WeWork, Bytedance, Didi...) souhaite prendre une nouvelle direction en termes de produits robotiques. Notamment avec la sortie de Whiz, un robot-aspirateur industriel, et la formation en janvier 2021 d'une co-entreprise, Iris Robotics, avec la société japonaise Iris Ohyama pour développer des robots de nettoyage et de service alimentaire. Aussi charmants soient-ils, Pepper et Nao ne semblent plus être une priorité.    

Contacté par le JDN, Softbank Robotics Europe a confirmé l'existence du plan de licenciement ainsi que son envergure. L'entreprise réfute cependant la fin de la commercialisation des robots en Europe. Elle compte s'appuyer sur son réseau de distributeurs européens spécialistes de la robotique pour prendre en charge une plus grande partie du processus de vente, mais reste ambigüe quant à l'avenir du développement de robots humanoïdes.