Apprenons à voir dans l'IA les opportunités plutôt que les menaces

Depuis le lancement de ChatGPT puis de Midjourney, l'hystérie est collective et la sentence largement partagée : l'IA pourrait détruire de nombreux emplois dans le monde ! Et si l'on relativisait ...

Un contexte économique et un imaginaire collectif qui nourrissent les fantasmes

Fin mars, Goldman Sachs annonçait qu’un quart du travail actuel pourrait être automatisé par l’IA, soit 300 millions d’emplois. Un chiffre qui en a occulté un autre, cette technologie pourrait contribuer à faire progresser de 7 % le PIB annuel. En réalité, l’arrivée fulgurante de l’IA dans nos vies crée une vague d’anxiété dans les médias, qui se propage à la population. Le ralentissement de l’économie et l’inflation, achèvent de créer le terreau fertile de tous ces fantasmes.

À cela s’ajoute les annonces d’Open AI, qui précise que ChatGPT 5, qui pourrait être en ligne d’ici fin 2022, serait sans doute la première Intelligente Générale Artificielle, capable d’effectuer n’importe quelle tâche humaine. Terminator est désormais dans toutes les têtes ! Au-delà de cette peur irrationnelle du grand remplacement, les photos du pape dans sa doudoune Moncler ou du couple royal anglais en tenue d’éboueurs, générées par Midjourney, et qui ont fait le tour du monde, font craindre un tsunami de fausses informations. Comme si elles n’étaient pas déjà légion sur les réseaux sociaux ! 

Les techno-optimistes s’emparent de l’IA générative

À côté de ces craintes, plus ou moins fondées, certains métiers s’emparent très naturellement de cette technologie générative. Même si cela les oblige à réinventer leur process de travail, les graphistes, développeurs, les rédacteurs, qui auraient le plus à craindre de l’IA, ont été parmi les premiers à adopter ces outils et à se former pour améliorer leur productivité grâce à ChatGPT. Elle devient ainsi un partenaire de réflexion pour trouver des angles de communication originaux ou expliquer techniquement un bug dans un code, quand Midjourney décuple l’imagination des créatifs.

Ceux qui se sentent menacés propagent la peur au fil de leurs écrits et de leurs discussions. Si leurs craintes sont justifiées, elles ne se posent pas dans les bons termes. En effet, demain, ce n’est pas l’IA qui remplacera le travail, mais bien des humains qui maîtrisent cette technologie qui remplaceront ceux qui ne savent pas utiliser l’IA !

Et si nous regardions le verre à moitié plein

L’IA rend déjà des services dans bien des domaines et depuis fort longtemps. Dans la finance, la santé, la sécurité, le retail et tant d’autres encore, elle fait la preuve de ses capacités génératives, prédictives et d’analyse. La seule différence avec hier, c’est qu’aujourd’hui, cette puissance est disponible en un clic !

Et, ce n’est pas le moratoire proposé par Elon Musk et ses camarades de la Silicon Valley, sous couvert d’éthique, qui va stopper la machine. D’ailleurs, cette pause de six mois ne servirait en réalité qu’à une seule chose : leur permettre de rattraper leur retard dans ce domaine.

Rappelons que toutes les ruptures technologiques ont suscité la panique. Les industries se sont toujours adaptées, comme celle de la musique à l’arrivée du Mp3, ou du cinéma avec le streaming. Ces innovations sont à la fois porteuses d’une force destructrice et créatrice. Elles ont surtout toujours été sources de progrès. Pourquoi en serait-il autrement de l’IA ?

Bien sûr, des centaines de métiers disparaitront mais de nombreux autres émergeront : éthicien de l’IA, anticipateur du changement climatique, cyber défenseur, vérificateur d’informations, certificateur d’images, cyberjournaliste… Nos organisations s’adaptent en permanence. Désormais plus productif car augmenté par l’IA, le travail se réinvente. La semaine de 4 jours, déjà testée dans certaines professions, pourrait devenir la norme dans les prochaines années. Et il est probable que cela soit perçu comme une avancée.

Prendre nos responsabilités et préparer nos enfants à ce nouveau monde

Cet enthousiasme ne doit pas pour autant nous interroger sur l’éthique et de mettre en place des garde-fous pour ne pas nous laisser déborder par ces technologies. L’Europe examine actuellement l’Artificial Intelligence Act, un projet de règlement pour encadrer l’usage et la commercialisation des intelligences artificielles.

En attendant, plutôt que d’interdire ces nouvelles IA, comme l’a fait l’Italie avec ChatGPT, apprenons à les utiliser et à les maîtriser. Faisons également en sorte que nos enfants soient éduqués sur ces sujets, afin qu’ils soient capables de s’interroger sur les informations qui leur sont communiquées, notamment sur les réseaux sociaux.

Cette technologie n’a pas fini de nous surprendre. Demain, elle nous aidera à trouver des remèdes à des maladies incurables et à dépasser nos limites humaines. À nous de faire en sorte que cette évolution se fasse à notre profit !