Avec l'IA générative, la digital workplace va bouleverser jusqu'aux modèles des entreprises

Avec l'IA générative, la digital workplace va bouleverser jusqu'aux modèles des entreprises En intégrant les suites de Google et Microsoft, l'IA générative ne va pas révolutionner que le collaboratif : elle va être source d'avantages concurrentiels pour les entreprises.

Sur l'échiquier de l'IA générative, les éditeurs de digital workplaces avancent leurs pions. Microsoft et Google ont tous deux annoncé la mise au point d'un assistant de genAI pour leur plateforme de productivité respective. Pour l'heure en phase de bêta, ces solutions affichent des promesses alléchantes.

Du côté de Microsoft, l'assistant a été baptisé Copilot. Chez Google, il s'agit de Duet. Les deux technologies sont relativement proches en termes de philosophie. Du traitement de texte à la présentation en passant par le tableur, elles permettent toutes deux de créer du contenu. "A partir d'un prompt, on pourra générer une proposition commerciale avec le bon ton, le bon vocabulaire et la bonne information", anticipe Thomas Poinsot, consultant au sein du cabinet Spectrum Groupe. Pour parvenir à ce résultat, le modèle de langue sous-jacent devra passer par une phase d'apprentissage en ingérant toute la documentation de l'entreprise disponible sur la plateforme.

Un gisement d'innovation

"Ces nouvelles fonctionnalités vont aussi permettre de dynamiser le développement de produits. L'équivalent d'un ChatGPT projeté sur le corpus de connaissances propres à une entreprise contribuera à décupler sa capacité de R&D et d'innovation", estime Christophe Routhieau, directeur au sein du cabinet Lecko. Sébastien Marotte, président EMEA de Box, va dans le même sens : "La richesse des informations présentes dans les contenus et les fichiers existants au sein d'une organisation est potentiellement énorme, mais jusqu'à présent, il s'agissait d'un trésor relativement inerte. La genAI (des digital workplace, ndlr) change la donne pour les entreprises, surtout lorsqu'il s'agit d'extraire la valeur cachée dans d'énormes volumes de données diverses et complexes." Et de poursuivre : "Grâce à la genAI, les organisations vont pouvoir synthétiser et analyser à grande échelle les informations abondantes contenues dans leurs données non structurées, ce qui confère des avantages concurrentiels inégalés." (lire la chronique de Sébastien Marotte Appel à action : exploiter le potentiel des données non structurées).

"Les organisations vont pouvoir analyser les informations abondantes contenues dans leurs données non structurées"

Reste à savoir si l'IA générative va contribuer à solutionner les problématiques historiques de la digital workplace, à savoir l'explosion du nombre d'e-mails et autres messages, les réunions à répétition ou encore l'hyperconnectivité. "Sur ces questions, nous attendons de voir les résultats sur le terrain", répond Bastien Le Lann, directeur chez Lecko.

Déjà, certains éditeurs se saisissent de l'IA générative pour s'attaquer frontalement à ces sujets. Slack vient par exemple d'annoncer qu'il associait désormais à ses chaînes et ses fils de discussion des résumés automatiques permettant de connaitre leur contenu en un coup d'œil. Du côté de Microsoft, Copilot est conçu pour réaliser des synthèses de réunions Teams puis synchroniser automatiquement dans Planner les actions qui en découlent. "Encore faudra-t-il que la réunion ait été bien structurée et que les décisions prises aient été correctement identifiées pour que l'IA puisse faire le tri dans les informations à reprendre", rappelle Christophe Routhieau.

Une performance au niveau

"En termes de performance technique, les solutions sont au niveau. Les IA génératives de Google et de Microsoft sont capables de compiler des hauts volumes de données, mais aussi d'appliquer de l'analyse de sentiment ou de conversation", complète Bastien Le Lann. "Copilot par exemple est capable de vous faire un résumé des messages reçus et des réunions qui auront eu lieu en votre absence."

En termes d'innovation, Google pousse l'exercice jusqu'à proposer un assistant qui sera capable de participer aux meetings à votre place. Concrètement, le bot rejoindra une réunion Meet en revêtant votre avatar et interviendra en explicitant les sujets que vous souhaitez voir aborder ou les questions que vous souhaitez poser. En bout de course, il produira un feedback sur tous ces points. "Au lieu d'en rester à un artifice de modernisation, on aurait préféré que Google rende véritablement la réunion asynchrone en garantissant une prise de décision collégiale sans avoir à se réunir du tout", regrette Christophe Routhieau.

Du côté des éditeurs se positionnant comme des surcouches à Google Workspace et Microsoft 365, l'IA générative est également considérée comme une opportunité. "Powel ne va pas dupliquer Copilot pour l'appliquer à un intranet Sharepoint, il va appliquer sa propre brique d'IA générative dans une optique de gestion des connaissances, typiquement prompter une documentation", explique Bastien Le Lann. "Powel applique aussi de l'analyse de sentiment et de langage pour modérer les messages publiés sur sa plateforme." Quant à Lumapps, il place un assistant digital au centre de son offre, couvrant à la fois support informatique, RH et demandes au services généraux. Enfin, Jalios développe sa propre IA générative en l'appliquant à l'ensemble de ses briques, en commençant par la messagerie d'équipe jusqu'à la gestion documentaire.