A quoi va ressembler le futur moteur de recherche de Google dopé à l'IA ?

A quoi va ressembler le futur moteur de recherche de Google dopé à l'IA ? Le nouveau moteur de recherche de Google générera des réponses fournies par IA générative placées au-dessus des résultats de la SERP. La crainte d'une baisse générale du trafic organique est réelle.

Course à l'IA, suite. Google a dévoilé mercredi dernier, lors de la conférence Google I/O, sa nouvelle expérience de recherche générative. A grand renfort d'images, de vidéos et de speakers, la firme de Mountain View a montré une nouvelle fois ses capacités en la matière. Cette nouvelle expérience de recherche dopée à l'IA générative n'est pour le moment accessible que sur liste d'attente Google Labs. Et il faudra sans attendre quelques mois avant de la voir arriver en France.

Comment fonctionne la nouvelle IA générative ?

La particularité de cette IA générative est de proposer des réponses dans un encart bien identifié au-dessus de la SERP. Elle se sert pour cela d'une variété de LLM, les grands modèles de langage, dont MUM et Palm 2, un nouveau modèle d'IA.

Le texte généré apparaît dans un cadre. Sur les tests montrés, on aperçoit à droite du texte des sources clairement identifiées. On peut cliquer dessus. En haut à droite de ces articles apparaît un bouton, qui permet, selon Google, d'explorer la richesse du sujet en question. En bas de ces éléments, une fonction de l'IA permet de poser une question en lien avec le sujet. D'après la firme de Mountain View, le contexte sera reporté d'une interrogation à l'autre.

© Capture d'écran

Concernant le shopping, le géant américain propose une nouvelle expérience d'achat. Les résultats se basent sur l'extraction de 35 milliards de liste de produits du Google Shopping graph, qui comporte, d'après Google, 1,8 milliard de mises à jour toutes les heures. Sur des recherches en rapport avec des produits spécifiques, l'encart lié à l'IA générative affiche un texte et des produits, avec un bouton en dessous pour approfondir le sujet. Des liens vers des pages apparaissent également en haut à droite de l'encart, avec la possibilité d'approfondir le sujet.

Les différences entre Google Bard et ce moteur de recherche avec IA 

Bard agit comme un module conversationnel pour des collaborations créatives, par exemple pour écrire une légende à une photo. Il peut aussi tenir des conversations semblables à celles d'un être humain.

L'IA générative présentée mercredi ressemble davantage à un moteur de recherche "classique". Elle est conçue pour fonctionner dans le cadre de Google Search. Si Google estime que l'IA générative peut être utilisée pour répondre à une requête, la réponse s'affichera en haut de la SERP. Les liens "traditionnels", payants et gratuits seront toujours présents.

L'IA générative fonctionnera également pour certains types de requêtes. Par exemple, demander la "météo à Marseille" fera apparaitre les habituelles prévisions sur les prochains jours. Demander "quels vêtements porter dans la citée phocéenne" pourra donner lieu à une réponse apportée par l'IA générative. Le mode conversationnel de l'IA générative permettra aussi d'affiner les résultats de recherche, et non de discuter avec un chatbot doté d'une personnalité, un peu comme avec Google Bard.

Ce qui différencie cette IA générative de ChatGPT pour les textes générés

Alors que ChatGPT est décrié pour ses "hallucinations" assez fréquentes, Google a tenu à mettre au point certains principes pour éviter ce genre de dérapage.

L'entreprise fondée par Larry Page et Sergey Brin a ainsi déclaré être très sensible au fait de donner des informations exactes concernant les sujets YMYL, pour Your Money Your Life (votre argent, votre vie), qui peuvent potentiellement impacter le quotidien de l'utilisateur.

De fait, l'IA générative de Google ne devrait pas donner de réponse sur les requêtes liées à ces sujets. Cela pourrait être étendu aux questions liées au secteur financier et aux informations civiques. Les sujets explicites ou dangereux sont bien évidemment impactés.

L'IA générative ne devrait également pas être utilisée pour des réponses sur certaines demandes créatives. Au lieu de cela, le géant américain a déclaré préférer offrir des réponses sur un mode factuel, avec des liens vers des ressources pertinentes. Cela amène certains SEO à s'interroger sur le nombre de contenus n'allant pas être traités par l'IA génératrice.

Vers une perte de trafic organique avec cette IA générative?

Au grand soulagement de certains SEO, cette IA génératrice, contrairement à Google Bard, met davantage en avant les sources. En fait, Google semble chercher la bonne synthèse entre l'élaboration d'une réponse qui synthétise les informations provenant de différentes sources, et l'affichage des sources elles-mêmes.

Les résultats naturels et payants apparaissent toujours, généralement, en bas du module conversationnel. Sundar Pichai, le PDG d'Alphabet, la maison mère de Google, a ainsi déclaré vouloir s'engager "à continuer d'envoyer un trafic précieux vers des sites web". Cependant, Fabien Raquidel, consultant SEO, note : "dans le secteur du voyage par exemple, beaucoup de sites risquent d'avoir moins de trafic. De façon générale, certains petits sites pourraient avoir du mal sur les requêtes de longue traine." Si la crainte d'avoir une perte de trafic organique est réelle chez beaucoup de SEO, certains s'efforcent d'y voir de nouvelles opportunités.

Pour autant, cette annonce n'ébranle pas forcément Fabien Raquidel : "cette nouveauté ne devrait pas arriver avant 2024 en France. De plus, ce n'est pas sûr qu'elle plaise aux utilisateurs. Car on peut se demander l'intérêt de poser plusieurs questions pour obtenir une réponse. Et si le succès n'est pas au rendez-vous, peut être que Google affichera moins cette fonctionnalité, comme il l'avait fait pour les FAQ et la position 0."