2.
La réaction des
e-voyagistes
Note aux lecteurs : la réaction de
Michel Bré, directeur général de
NF Online, a été incorporée dans
l'interview JDNet
du 24/09/01.
Roland Coutas : "Pour le moment le secteur
réagit plutôt bien. Nous n'avons pas constaté de différence
de chiffre d'affaires dans nos agences. Les ventes sont
quasiment similaires à ce que nous avons réalisé la
semaine dernière. Cela peut paraître étonnant, mais
il existe une raison. Il y a aujourd'hui deux catégories
de personnes. Ceux qui ont peur de voyager et ceux qui
continuent de voyager. Ceux là, continuent de chercher
sur Internet les meilleurs prix.
S'il
y a crispation, les tours opérators auront des invendus
qu'ils chercheront à écouler sur Internet, par notre
intermédiaire. Il ne faut pas oublier que le succès
de Dégriftour est survenu pendant la guerre du Golfe
en raison du destockage des compagnies aériennes. Si
nous entrons dans une période de crise, nous nous attendons
à ce que les gens voyagent moins loin et restent sur
le territoire européen. Pour cela, nous sommes en train
de préparer des produits spéciaux pour des destinations
telles que la France ou l'Espagne."
(propos
recueillis le 13/09/2001)
Yahya Fetchati : "Il va falloir attendre un
peu de temps pour savoir précisément ce qui va se passer
mais il est indubitable que notre secteur sera très
touché pendant un mois au minimum. D'autant plus que
nous avons une clientèle essentiellement américaine.
Cependant, notre déploiement en Europe va nous permettre
de ressentir moins durement les conséquences économiques
de ces malheureux attentats. A
très court terme, la fermeture des aéroports, la peur
de prendre l'avion mais aussi de dépenser de l'argent
nous touchent. Tout dépend aussi de la forme et de l'ampleur
de la réaction du gouvernement américain.
Le
nombre de réservations a immédiatement chuté de 20 à
30% et il nous a fallu être beaucoup plus flexibles
sur les annulations ou les modifications des réservations.
Il faut savoir qu'une chambre d'hôtel sur cent à New
York est réservée par le biais de HRN. Nous avons aussi
demandé à nos partenaires hôteliers de faire des efforts
pour accueillir les gens qui se retrouvaient bloqués
du fait de la fermeture des aéroports.
Nous
avions commencé à ressentir le début de crise économique
américaine avant les attentats. Il faut maintenant attendre
pour savoir si cela va plonger les ménages dans une
crise encore plus profonde où s'ils vont, au contraire,
se ressaisir. Si HRN n'a pas été directement touché
par les attentats, il n'en reste pas moins que nous
avons de nombreux partenaires avec lesquels nous travaillons
en étroite collaboration et qui ont été touchés. Nous
leur apportons naturellement notre soutien dans ces
moments douloureux."
(propos
recueillis le 13/09/2001)
Yves Weisselberger : "Les impacts sur la nouvelle
économie sont directement consécutifs des impacts sur
l'économie "tout court". La baisse de la consommation
et la baisse des marchés financiers génèrent un surcroit
de baisse de la consommation et des investissements.
Ces événéments ne vont faire que renforcer une tendance
de fond antérieure. Les
entreprises qui s'adressent aux consommateurs pourraient
donc subir une baisse de la consommation, avec un facteur
supplémentaire de risque lié à la fragilité de nombre
d'intervenants. Celles qui s'adressent aux entreprises,
et notamment les vendeurs de technologie, risquent de
subir les coupes des budgets d'investissement.
Le
secteur du voyage, avec celui des assurances, sera directement
touché. Il va s'écouler plusieurs années avant, par
exemple, que les Américains reprennent autant l'avion
qu'aujourd'hui. Les représailles militaires vont par
ailleurs rendre certains endroits impropres au tourisme.
Des mois difficiles se présentent donc pour les compagnies
aériennes, les hôteliers, les tour opérators et les
agences de voyages. Pour les agences de voyages en ligne,
les conséquences risquent d'être très dures car leur
structure financière, peut-être à l'exception de Travelocity
et d'Expedia, ne les immunise pas contre les tempêtes.
Sur
les voyages d'affaires en ligne, la force de l'émergence
du marché ne sera pas cassée, car nous faisons faire
des économies à nos clients, ce dont ils ont le plus
besoin en ce moment. Par ailleurs, la tendance des entreprises
à gérer les voyages d'affaires à l'aide de solutions
de réservations électroniques est tellement lourde que
pratiquement rien ne peut l'inverser. Mais tout cela
n'enlève rien au caractère dramatique de ce qui vient
de se passer et il est bien évident que les conséquences
sur notre business viennent au 18ème plan des préoccupations
d'un être humain normalement constitué."
(propos
recueillis le 13/09/2001)
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