Le Net
Pionniers du Net
3. Alain Le Diberder (ex-Canal Plus) innove toujours et encore
L'ancien directeur des Nouveaux Programmes de la chaîne cryptée, inspirateur du "Deuxième Monde", se penche toujours sur les divertissements de demain. En solo, cette fois. --> (Vendredi 23 novembre 2001)
         
Alain Le Diberder
46 ans, ancien directeur
des Nouveaux Programmes de Canal Plus

Dans les premiers temps du Web (1995-1999), Alain Le Diberder a fait caracoler Canal Plus, en tête, bien en tête des télévisions sur Internet. Succès d'audience, même si à l'époque les chiffres n'avaient pas grand chose à voir avec ceux d'aujourd'hui. Succès créatif surtout, avec "Le Deuxième Monde", ce Paris virtuel peuplé d'avatars animés par les internautes... Créatif. C'est sans doute le mot qui caractérise le mieux cet intello technoïde, touche-à-tout de l'audiovisuel et du multimédia. Imaginez ce normalien, agrégé de sciences sociales et Docteur en économie des télécommunications, rencontrer Internet dans les couloirs du Canal imaginatif et libéré des années Rousselet. Mélange détonnant garanti.

D'abord réalisateur et rédacteur en chef d'émissions "cyber", Alain Le Diberder occupait le poste envié de directeur des Nouveaux Programmes de la chaîne cryptée. Un département qu'il a dirigé pendant sept ans où bouillonnaient les idées avant-gardistes. "Pierre Tchernia était venu nous rendre visite en nous expliquant qu'il ressentait chez nous la même ambiance que celle dans les couloirs de l'ORTF dans les années 50", se souvient Alain Le Diberder. Alain Le Diberder voyait ce laboratoire numérique comme l'expression même de Canal. Est-ce la stratégie retenue d'isoler les activités Internet dans une structure ad hoc ? Est-ce la pression économique qui s'est mis à entourer Internet ? Le recul relatif du site dans les classemetns d'audience ? En novembre 2000, Alain Le Diberder quitte Canal. Il ne fera pas la V6 du site.

Un an après, l'homme est resté fidèle à lui-même. En février 2001, il a contribué à la création d'une nouvelle société baptisée CLVE qui siège près de Grenoble (Isère). Un acronyme qui signifie "Communication and Life in Virtual Environment" et qui n'est pas sans rappeler Le Deuxième Monde, la communauté virtuelle initiée en 1997 par Alain Le Diberder et son frère Frédéric. "C'est une société qui travaille sur des projets de 3D et d'intelligence artificielle et de la vidéo", explique le co-fondateur. Un premier logiciel devrait sortir fin 2002 et esquisser ces "divertissements du futur" que traque Le Diberder. Parallèlement, la création d'un syndicat pour les producteurs de jeux vidéos, un autre de ses thèmes de prédilection, le démange.

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Interview D'alain Le Diberder (09/99)
La rentrée de CanalPlus.fr (09/01)

Flash back sur les "sept glorieuses" au sein de Canal Plus. Alain Le Diberber est un passionné des jeux vidéos et du monde "cyber". Les activités Internet de Canal Plus commencent avec "L'Hebdo", le talk show de Michel Field qui souhaite développer l'interaction avec les téléspectateurs. A la rentrée 94, apparaît le premier site dédié à cette émission. Le web a ensuite accueilli d'autres contenus en lien avec les émissions "Cyber Flash" et "Cyber Culture" d'Alain Le Diberder, puis des informations sportives. "Dès le départ, nous considérions ces activités comme une extension du métier de la télévision", explique l'intéressé.

La Direction des Nouveaux Programmes a été lancée début 1994 sous l'impulsion de Marc Tessier et de Alain de Greef. Mais l'Internet ne constituait qu'une petite composante de ce département, qui abritait également les activités liées aux technologies numériques comme la création de CD-Rom (ceux des Guignols ou du Château de Versailles par exemple). "Une ambiance très multimédia au sens ethymologique", résume Alain Le Diberder. Dans ce laboratoire qui a employé jusqu'à 200 personnes, ce passionné des nouvelles technologies travaille dans l'ombre avec Isabelle Astier pour "bidouiller" un site Internet qui se perfectionnera au fur et à mesure. Depuis cette période, CanalPlus.fr fait l'objet d'un lifting traditionnel tous les ans.

Isabelle Astier est restée aux commandes du site au sein de Canal Numedia. Mais l'esprit pionnier tend à disparaître, sans doute pour des raisons budgétaires. L'année dernière, subsistaient encore quelques rubriques (comme "Cyber" ou "Musique électronique") qui rappelait le ton des années Diberder. Elles ont été supprimées dans la cuvée 2001 de CanalPlus.fr, beaucoup plus standardisée.

Encore aujourd'hui, Alain Le Diberder défend son bilan : "Dans le dernier budget, nous n'avions qu'un déficit de 3,5 millions de francs et l'on vendait notre contenu au Monde, à AOL France ou à BOL France..." "Je suis fier de ce qui a été réalisé mais je n'ai aucune nostalgie pour cette période", commente l'ancien directeur multimédia.

"Internet est une économie dérivée..."

Si Alain Le Diberder se désolidarise du projet de filialisation des activités en ligne de Canal Plus en août 1999, c'est parce qu'il a toujours considéré le Net comme une simple extension des activités de Canal Plus. Un cas concret qui rejoint les fondements de son analyse du secteur. "Je considère que le contenu sur Internet est une économie dérivée. Son isolement n'a pas de sens, à moins de vouloir présenter des déficits importants", commente Alain Le Diberder, en évoquant au passage les échecs spectaculaires qu'ont connus les "spin off" des groupes médias américains (Go.com et Disney, NBCi, etc.).

Le professionnel multimédia a également un avis assez tranché à propos des modèles économiques de Web TV, type Canalweb, qu'il jugent inadéquats. Plus globalement, il estime que la tendance actuelle du Net est "très positive" avec la prise de conscience des acteurs du Net de la nécessaire rémunération des fournisseurs de contenus et le développement de services "premium". Toutefois, il reconnaît une limite à Internet : "Il faut lire sur Internet, ne serait-ce que les instruction du browser. Une partie de la population n'est pas forcément prête à accepter ce type de contrainte qui n'existe pas en regardant la télévision ou en écoutant la radio", avance-t-il.

Autre symbole de la cyber attitude qui est tombé : la chronique "Sabir cyber" d'Alain Le Diberder, qui était publiée dans Le Monde Interactif (disponible également en ligne sur le site du Monde et de Canal Plus), n'est plus. Alain Le Diberder a livré sa dernière contribution en mai dernier après quatre ans de cet exercice hebdomadaire. Celle-ci servait à vulgariser les terminologies liées au cybermonde. Toujours dans un souci de vulgarisation, il avait écrit l'année dernière un ouvrage sur le sujet ("Histoire d'@, l'abécédaire du cyber", Editions de La Découverte). Alain Le Diberder tient à poursuivre ce combat au sein de la Commission de Terminologies du ministère de l'Economie et des Finances. "Il y a beaucoup de mots high tech soi-disant étrangers qui ont en fait des origines françaises : mail vient de 'malle-poste', browser vient de 'brouter' et scanner vient de "scander". L'apôtre Cyber n'a pas dit son dernier mot.

[Philippe Guerrier, JDNet]
 
 
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