Au mois de juin 2001, Eurosport
signait en grandes pompes, un accord européen
de fourniture de contenu avec le FAI italien Tiscali.
Comme les autres sites sportifs du secteur, la plate-forme
de la chaîne de télévision, filiale
de TF1, semblait ainsi doucement prendre le virage de
la fourniture de contenu. Six mois après, le
constat semble erroné. Depuis cet accord avec l'Italien,
Eurosport n'a en effet pas vendu l'ombre d'une prestation
de contenu à d'autres sociétés et a maintenu
le cap sur son activité d'éditeur.
"L'accord
avec Tiscali était exceptionnel car il rentrait dans
le cadre d'accords plus larges avec TF1, explique Laurent-Eric
Le Lay, Directeur général adjoint, acquisitions et Nouveaux
Médias. Nous ne croyons pas au fait de pouvoir être
en même temps éditeur et producteur. C'est un
non-sens, car cela perturbe l'image et risque même de
brouiller les annonceurs." Sa conviction est donc
faîte : le coeur de l'activité d'Eurosport restera
le site. "Je suis persuadé qu'avec un subtil dosage,
on peut être rentable grâce à la publicité. Cette année
nous avons d'ailleurs tenu nos objectifs en la matière
et cela représentera 80% des revenus. En ce moment
tout le monde mélange les métiers mais ce n'est
pas la solution. Sportal, qui s'est démultiplié dans
le domaine, n'a pas évité le dépôt
de bilan et la revente et ne sera sans doute pas le
dernier", constate-t-il
Et Eurosport ne viendra pas, selon lui, au secours des
naufragés de l'Internet sportif puisque la croissance
externe est pour l'instant exclue. "La technologie,
l'audience, et le contenu nous l'avons déjà. Et tout
cela est abritée sous une marque forte connue
dans toute l'Europe. L'acquisition d'un portail ne nous
apporterait rien" avance-t-il. Selon lui, son modèle
prendra toutefois un peu plus de temps à se mettre
en place. La plate-forme ne vise ainsi la rentabilité
que d'ici trois ans à l'échelle européenne.
"C'est peut être long mais c'est réaliste
contrairement à d'autres annonces que j'ai pu
entendre" ironise-t-il.
A la différence
d'autres acteurs, Laurent-Eric Le Lay confie même n'avoir
aucun projet de modèles payants dans ses cartons hormis
les traditionnels services de SMS pour suivre l'actualité
sportive. Eurosport s'est quand même offert un
petit complément de revenus au Royaume-Uni en mettant
en place un service de paris sportifs, un secteur en
plein boom à l'heure actuelle. "Mais nous ne le faisons
pas nous-mêmes. Nous avons signé un accord avec RoyalTon
(et non Royal Tone comme indiqué précédemment,
NDLR) pour ce type de prestations. Notre politique
générale sera d'ailleurs de faire appel à des prestataires
extérieurs pour les services."
Dans les mois qui viennent,
le site sera en fait surtout concentré sur deux
échéances capitales pour le petit monde
sportif. Les Jeux Olympiques de Salt Lake City en février
2002, tout d'abord, et la Coupe du monde de football
en Corée au mois de juin. Pour cette dernière
épreuve, le site français pourrait même
être le seul à pouvoir diffuser des résumés
vidéos des matchs, puisque sa maison-mère, TF1,
a acquis les droits de retransmissions exclusifs pour
la télévison. Une position idéale,
puisque les matches auront lieu en matinée en
France avec le décalage horaire, mais qui se
heurte, pour l'instant, à un sérieux écueil.
Leo Kirch, l'intermédiaire qui a vendu les droits
télé, n'aurait pas intégré
la diffusion sur le Web dans son offre.
Le flou serait donc total
à l'heure actuelle sur l'utilisation des images sur
Internet. Si Laurent-Eric Le Lay se refuse à
commenter les raisons de ce léger accroc, il
affirme, "être toujours en négociations avec Kirch pour
diffuser des images sur les sites d'Eurosport et de
TF1". Présente dans six pays, Eurosport disposerait
d'une audience de 50 millions de pages vues et acueillerait
près de 2,2 millions de visiteurs uniques sur
ses différents sites.
Eurosport
sur tous les fronts
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Si
la concurrence est rude sur Internet pour le
sport, elle l'est toujours également
à la télévision. Cette
semaine, ESPN et Sport Capital Partners, l'un
des actionnaires de Sports.com, ont en effet
annoncé le lancement d'une chaîne
de télévision sportive en France
sur TPS. Cette nouvelle chaîne devrait
notamment proposer des archives des grands évènements
sportifs mais elle ne devrait pas, pour l'instant,
avoir de prolongement sur Internet malgré
une proximité capitalistique avec Sports.com.
De
son côté, Eurosport étudierait
toujours le lancement d'une nouvelle chaîne
d'informations sportives en continu en France
à la fin 2002. Présentée
par Laurent-Eric Le Lay, comme un "Bloomberg
sportif", cette chaîne est déjà
installée au Royaume-Uni. Comme la célèbre
télévision financière,
elle se présente sous forme d''un écran
divisé en boîtes contenant chacune
des informations vidéos ou textuelles.
"Nous allons la lancer en Italie et nous
verrons ensuite pour la France. Mais rien n'est
arrêté" affirme Laurent-Eric
Le Lay.
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