Face au développement mondial
du commerce électronique, la définition d'un cadre juridique,
déontologique ou incitatif international se pose avec
de plus en plus d'acuité aux organisations comme
l'OCDE, l'OMC ou la Communauté européenne, mais aussi
aux autorités nationales. Doit-on privilégier
des mesures coercitives ou des principes directeurs ?
Comment encourager l'usage d'Internet ? Comment transposer
les règles applicables aux transactions commerciales
classiques aux transactions électroniques ? Autant
de questions auxquelles la Chambre de Commerce et d'Industrie
de Paris tente d'apporter quelques réponses dans
le rapport Buat, intitulé "Au delà des textes français
et communautaires : quel cadre international pour le commerce
électronique ?". Corinne Vadcar, secrétaire de la commission
du commerce international à la CCIP, revient sur les objectifs
du texte, ses points clés et son devenir.
JDNet.
Quelles raisons ont amené
la CCIP à rédiger ce rapport et dans
quel esprit a-t-il été conçu ?
Corinne Vadcar. La Chambre de Commerce et d'Industrie
de Paris s'exprime assez fréquemment sur les
sujets qui touchent le commerce électronique
au niveau national et international. Et en ce moment,
l'actualité est plutôt chargée,
surtout au niveau européen. Quelque part, tous
ces débats soulignent l'insuffisance de concertation
au niveau international et les limites des juridictions
françaises et communautaires face à l'utilisation
mondiale d'Internet. En rédigeant ce rapport,
qui porte surtout sur les moyens d'encourager le commerce
électronique inter-entreprises au niveau international,
nous ne voulons pas déboucher sur un cadre réglementaire.
Nous avons opté pour une position assez proche
de celle de l'OCDE. Nous pensons qu'un cadre réglementaire
international n'est pas viable car trop rigide. Nous
lui préférons la notion de principes directeurs,
qui est beaucoup plus souple et permet de mieux s'adapter
aux spécificités de chaque pays.
Quels
sont les principaux principes sur lesquels vous insistez
dans ce rapport ?
En fait, il est découpé en deux parties.
La première concerne les moyens pour favoriser
le développement du e-Commerce dans le monde.
La seconde a trait aux moyens d'adapter les règles
juridiques applicables aux transactions commerciales
classiques aux transactions électroniques. Dans
la première partie, nous préconisons,
en préambule, un accès plus large à
Internet et au haut débit, notamment par une
baisse des tarifications, l'augmentation des fournisseurs
d'accès et un renforcement des programmes de
coopération avec les zones périphériques
à l'Union européenne. Nous demandons également
que l'effort de mise en ligne des administrations nationales
soit accru, mais que les nouvelles informations disponibles
gratuitement sur le Web ne viennent pas concurrencer
des services que des entreprises ont été
amenées à développer. Un des principes
les plus importants à nos yeux reste la diffusion
d'une information réglementaire, fiscale et douanière
claire de la part des sites de e-Commerce à l'égard
de leurs utilisateurs. Sur le volet des transactions,
nous sommes favorables à la suppression des entraves
tarifaires et non tarifaires, de manière à
ne pas créer de nouveaux obstacles liés
à l'abaissement des droits de douane. Sur les
biens immatériels téléchargeables,
étant donné la difficulté de contrôler
ces opérations, nous suggérons qu'ils
soient exemptés des droits de douane. Nous incitons
fortement à continuer les travaux de la CNUDCI
pour que les termes prévalant dans les accords
internationaux en matière de commerce puissent
avoir leurs équivalents électroniques.
Enfin, nous encourageons la création de labels
internationaux ainsi que les initiatives visant à
accélérer les recours en cas de litiges
commercial.
Quel
est le devenir de ce rapport ?
Ce
texte qui a été adopté en assemblée
générale le 6 décembre va nous
permettre de préparer des conférences
organisées par l'OMC. L'attention de la Communauté
européenne à l'égard de ces questions
est également très forte. Ce rapport peut
servir de document de sensibilisation de la Commission.
Nous voulons également le faire connaître
auprès du monde anglo-saxon via des organisation
comme l'OCDE, l'OMC, ou encore la chambre de commerce
international.
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