Et si en matière
de cybermarché, le modèle gagnant venait
d'Europe ? Après sept mois d'inactivité
sur Internet, la chaîne américaine de supermarchés
Safeway a réactivé depuis 15 jours son
service de vente en ligne à Washington et dans
l'Orégon. Dans le même temps, l'enseigne
teste le modèle développé par son
homologue et investisseur britannique, Tesco, à
Pleasanton, une ville située à proximité
de San Fransisco. Il s'agit d'un système de "picking"
en magasins : les produits commandés sont directement
prélevés dans les rayons afin de ne pas
avoir à supporter les investissements nécessaires
aux entrepôts de stockage.
Il
faut dire que le modèle Internet de Tesco a de
quoi séduire : la chaîne britannique a
réussi le tour de force de rendre son activité
cybermarché rentable en se déployant au
Royaume-Uni ville par ville au lieu d'ouvrir, d'emblée,
un service au niveau national. Ces deux principes, le
picking et le déploiement progressif, ont donc
été repris par Safeway qui espère
ainsi ne pas commettre les mêmes impairs qu'avec
GroceryWorks.com. Safeway, qui souhaitait se doter d'une
branche e-commerce, avait racheté ce cybermarché
texan en juin 2000 pour la somme de 30 millions de dollars.
Un an plus tard, en juillet 2001, face aux difficultés
enregistrées par GroceryWorks.com, Safeway était
contraint de céder 35% du capital du cybermarché
à Tesco pour 22 millions de dollars. Décision
était alors prise de fermer GroceryWorks.com
afin de travailler avec la chaîne britannique
sur le futur Safeway.com.
Reste que la nouvelle stratégie
de Safeway, initiée par Tesco, doit faire se
preuves aux Etats-Unis. La chaîne britannique
doit en grande partie son succès en ligne à
ses supermarchés "physiques" au maillage
particulièrement dense et qui couvre 90% de la
population. De quoi assurer un système de picking
efficace. Une situation bien différente de celle
de Safeway, même si le géant de la grande
distribution possède 1.700 magasins aux Etats-Unis.
Les premiers tests à
Pleasanton en Californie devraient rapidement permettre
à Safeway de se fixer sur la viabilité
du modèle Tesco outre-Atlantique. Afin de favoriser
la logistique, cette ville a été retenue
pour sa proximité avec San Fransisco (30 km).
Mais ce n'est pas l'unique raison : le défunt
cyebermarché Webvan, qui desservait notamment
San Fransisco, a laissé un vide lors de sa fermeture.
Les conditions de livraison
proposées par Safeway ressemblent à s'y
méprendre à celles que l'on peut trouver
en Grande-Bretagne ou même en France : 9,95 dollars
(11,45 euros) de frais de ports, une livraison dans
la journée si la commande a été
prise avant 10 heures du matin et la possibilité
de choisir une zone horaire particulière pour
se faire livrer. Il ne reste plus qu'au modèle
européen à faire ses preuves chez les
pionniers du e-commerce.
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