La présentation par
les opérateurs mobiles du schéma "SMS
Plus" sur l'attribution des futurs numéros courts,
articulé à partir d"une centrale
de réservation commune à Orange, SFR et Bouygues Télécom,
provoque une certaine osmose dans la
communauté de professionnels du Net. Quelques
acteurs, impliqués dans le développement
de ce nouveau marché, planchent déjà
sur les possibilités capables d'améliorer
le dispositif. C'est le cas de l'Acsel (Association
pour le commerce électronique et les services
en ligne), où un groupe de travail spécifique
a été mis en place. Parmi les intervenants
de ce petit "think tank" figurent des éditeurs
de services Internet (Kiwee, Groupe Lagardère,
Météo France) et des fournisseurs de technologies
SMS (Netsize, Netsize, Jet Multimédia, MobileWay
et SwapCom).
"Dans
l'ensemble, nous estimons que les bases du projet SMS
Plus issu des opérateurs mobiles sont bonnes,
soutient Philippe Bornstein, l'un des dirigeants de
Netsize, qui a rejoint le groupe de travail lié
à l'Acsel. Mais il est possible d'améliorer
le système afin d'assurer un développement
serein du marché." Les propositions les
plus fortes de ce groupe de travail feront éventuellement
l'objet d'une validation par le conseil d'administration
de l'association. Elles seront ensuite répercutées
auprès des opérateurs mobiles. "Même
si des modalités opérationnelles restent
à définir, l'important pour le moment,
c'est le démarrage, souligne en écho Henri
de Maublanc, président de l'Acsel. Notre rôle
sera de veiller à ce que le cadre de développement
soit évolutif. La priorité pour nous est
la question de la tarification des services SMS Plus.
Et nous sommes favorables à une prudence élevée
dans ce domaine pour éviter la méfiance
des consommateurs."
L'une des premières
améliorations qui pourrait être apportée
au schéma pré-établi par les opérateurs
mobiles concerne une participation plus active des éditeurs
de services dans la future structure qui servira de
centrale de réservation des numéros courts.
En clair, les acteurs du Net souhaitent la mise en place
d'un organisme commun. Les membres fondateurs en seraient
les trois opérateurs mobiles (Orange, SFR et
Bouygues Télécom) et un pool d'éditeurs
de services. L'idée d'un club de membres fondateurs
élargi pourrrait d'ailleurs se concrétiser
dès le début de la phase opérationnelle
le mois prochain.
Si le système du tirage
au sort pour l'attribution des numéros courts
est considéré comme "le plus équitable"
dans l'absolu, Philippe Bornstein émet néanmoins
quelques réserves. "Il n'est pas normal
que les éditeurs ayant participé aux expérimentations
SMS Plus en début d'année n'aient pas
un accès privilégié dès
le lancement officiel en juin. Ils ont prouvé
les premiers qu'ils étaient motivés. Et
malgré les efforts fournis pour tester le modèle,
ils n'auront aucun accès prioritaire pour continuer
dans la foulée."
Parallèlement, certains
éditeurs et prestataires estiment que le système
d'attribution des numéros courts fondé
sur le modèle "une entreprise = un dépôt
de dossier unique" risque d'entraîner l'émergence
d'un marché noir. Un marché noir qui reposerait
sur la multiplication de dépôts de dossiers
sous divers porte-noms puis sur des rachats en seconde
main des numéros courts attribués. Autre
point sensible : le rythme des 50 applications "SMS
Plus" sélectionnées à chaque
tirage au sort. L'ouverture de ces nouveaux services
se fera en effet par tranche de 50 numéros et
jusqu'à épuisement. Or certains éditeurs
et prestataires considérent que ce rythme d'attribution,
associé au délai nécessaire pour
la mise en place opérationnelle des services,
risque de mettre à mal l'émergence de
nouveaux paliers tarifaires.
Curieusement l'évolution
potentielle de la gamme des paliers tarifaires pose
un autre problème aux éditeurs qui doivent
dès le mois de mai remplir leur dossier de candidature
pour l'ouverture d'un applicatif SMS Plus. "Dans
ces conditions, comment concilier les paliers existants
avec ceux qui vont apparaître ultérieurement,
lance Philippe Bornstein. Aujourd'hui trois paliers
sont prévus à 5, 20 et 35 centimes d'euro.
Si d'autres apparaissent dans les mois à venir,
les éditeurs ayant candidaté en mai risquent
d'être coincés." Un sujet d'autant
plus délicat, qu'un nouveau palier à 0,5
euro pourrait être déployé dès
la prochaine rentrée.
Enfin, l'Acsel se penche sur
les modalités techniques et financières
nécessaires au développement de ces futurs
services. Or le groupe de travail estime qu'en l'état
actuel, le plan des opérateurs mobiles ne prévoit
pas la possibilité de mutualiser plusieurs services
sur un même numéro court, voire de lier
plusieurs entreprises à un même numéro
court. "C'est une solution qui permettrait à
plusieurs acteurs de mutualiser le financement",
précise Philippe Bornstein.
Autre suggestion sur laquelle
travaille l'Acsel et qui pourrait facilitée la
collaboration entre les éditeurs de services,
les prestataires et les opérateurs : le mandatement.
Selon ce principe, un éditeur de service pourrait
pas accorder un mandat d'attribution du numéro
court à un prestataire technologique pour faciliter
la mise en place d'une application SMS Plus. Mais aujourd'hui,
tous ces points restent des pistes de réflexion,
l'Acsel n'ayant pas encore officiellement pris position.
|