Sports.com Limited, holding
du réseau européen de sites du même nom, et qui édite
le Sports.com britannique, a été placée sous administration
par un tribunal vendredi dernier. Nommé administrateur
provisoire, le cabinet d'experts-comptables Baker Tilly
a été chargé de la gestion au jour le jour de
la société, qui n'aurait plus une trésorerie suffisante
pour faire face à ses engagements (la loi anglaise rend
obligatoire cette procédure dans ce genre de circonstances).
Cette mise sous administration ne concerne pas les filiales
européennes de Sports.com Limited (France, Allemagne,
Italie, Espagne), ni l'activité de paris en ligne que
Sports.com a entrepris de développer avec le prestataire
spécialisé Casino Online.
Selon
les représentants de Baker Tilly, "le site [NDLR
: britannique] pourrait être vendu, mais continuera
à opérer durant la Coupe du monde". Jubilé de la Reine
oblige, la société britannique reste muette
jusqu'à mercredi. Seul l'américain SportsLine
(groupe CBS), actionnaire à hauteur de 30%, a pour l'instant
officiellement réagi par le biais d'un communiqué dans
lequel il affirme que les mesures annoncées n'auraient
aucun effet sur sa propre situation financière (SportsLine
est cotée au Nasdaq...).
SportsLine affirme par ailleurs
avoir refusé d'investir à nouveau dans la société européenne.
Fondé en 1999, Sports.com compte également parmi ses
actionnaires le groupe IMG, le fonds d'investissement
de George Soros, Goldman Sachs, Morgan Stanley, ainsi
que plusieurs sportifs célèbres, dont
le golfeur Tiger Woods et le basketteur Michael Jordan.
Sports.com a déjà réalisé trois tours de table (10 millions
d'euros environ en 1999, 56 millions en janvier 2000
et 15 millions en juillet 2001). Par ailleurs, l'accord
signé en février avec Cryptology autour des paris en
ligne prévoyait un investissement de 6,5 millions d'euros
de ce dernier.
Selon certains observateurs,
ce sont justement les projets dans les paris en ligne,
un secteur qui aiguise les appétits, qui seraient à
l'origine de la mise sous administration de la holding.
Les deux activités (paris et médias) apparaitraient
difficilement compatibles aux yeux de certains actionnaires,
d'autant que les premiers ne sont pour l'instant autorisés
qu'en Grande-Bretagne. D'où le souhait d'isoler l'activité
paris pour en permettre un développement plus rapide.
La mesure annoncée par la justice
britannique et les décisions que prendront les administrateurs
devraient donc aboutir à une séparation complète entre
l'Angleterre et le reste de l'Europe (Sports.com est
notamment leader de son secteur en Allemagne et dans
le trio de tête en France). Les sites européens devraient
poursuivre leur activité, en profitant notamment de
cette période de Coupe du Monde, durant laquelle les
revenus publicitaires sont élevés.
Mais certains spécialistes
évoquent la possibilité de voir les différents sites
nationaux adopter, pour mieux affirmer cette séparation,
des dénominations plus "locales". L'URL Sports.it reroute
déjà vers le Sports.com italien, et Le Figaro a révélé
il y a quelques jours que Sports.com France venait de
récupérer les droits sur l'URL Sports.fr. Une fois la
Coupe du monde passée, il est cependant probable que
les cartes de l'Internet sportif européen seront largement
rebattues et que des rapprochements auront lieu dans
un secteur où les acteurs sont encore très nombreux.
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