Le nouveau look de Wanadoo
n'est pas le seul événement marquant de 2002 pour la
filiale de France Telecom. Les six premiers mois de
l'année ont vu se superposer l'annonce de nouveaux
services, le remue-ménage au sein du management, un
parcours boursier cahotique et des rumeurs diverses.
" L'année a été chargée au niveau interne, reconnaît
Nicolas Dufourcq, le PDG de Wanadoo. Elle a été difficile
sur le plan boursier, mais bonne sur la plan opérationnel,
à part la petite question de la publicité sur Internet,
qui représente 2,5 % du chiffre d'affaires de Wanadoo."
Les
soubresauts internes ont surtout affecté la division
portail du groupe. Le dernier en date est le départ
de son directeur, Padoue Lair, remplacé par Jean-Marc
Steffann, un ancien de France Télécom
(lire l'article
du JDNet du 04/06/02). Depuis cette annonce, les
rumeurs circulent sur l'imminence d'un plan social chez
Wanadoo, qui toucherait en priorité les activités de
contenu. Des rumeurs que Nicolas Dufourcq dément ("Il
n'y a pas de plan social en vue chez Wanadoo")
avant de préciser que "nos activités sont
suffisamment vastes pour rééquiliber nos effectifs au
sein de nos différentes activités. Nous n'allons pas
faire un plan social alors que nous continuons à embaucher
dans la plupart des services."
Si
"réquilibrage des effectifs" il y a (les départs
de salariés de Wanadoo Portails vers d'autres
activités du groupe, voire vers France Télécom,
ont déjà commencé), c'est parce
que Wanadoo, pourtant champion français de l'audience,
a lui aussi subi les revers du marché publicitaire.
Mais Nicolas Dufourcq continue à marteler qu'il croit
en la publicité sur Internet et avance son explication
aux difficultés actuelles. "Je pense que le problème
est dans les têtes, avance-t-il. Les annonceurs ont,
pour de justes raisons, besoin d'un temps de cicatrisation
très long après ce qui s'est passé en 2000, où tout
l'Internet européen leur a fait payer des tarifs extravagants
pour des retours décevants. Et je peux les comprendre."
Le
PDG de la société reste cependant ferme sur ses objectifs
("On a promis un Ebitda positif sur l'exercice 2002,
et on va le faire") et stoïque face à la Bourse ("Le
parcours boursier, que voulez vous, je ne le regarde
même plus. C'est sans commentaire. Et puis tout ce qu'on
fait se verra un jour"). Pour l'instant, en tout cas,
le titre navigue aux alentours des 5 euros, bien loin
de son cours d'introduction de 19 euros le 18 juillet
2001. Mais une rapide comparaison des parcours boursiers
de Wanadoo, de sa maison-mère (France Télécom)
et de sa "sur" (Orange) se révèle assez favorable au
spécialiste de l'Internet. Depuis le début de l'année,
l'action Wanadoo a en effet abandonné 16,96 % (cours
au 25 juin), pendant que Orange lâchait 49,60 %
et que France Télécom chûtait de 72,17 %.
La
mise en orbite de Wanadoo 2 et du nouveau "branding"
interviennent en une période douloureuse pour le groupe
France Télécom, malmené en Bourse. Ce
début d'été a en tout cas été
le moment choisi pour affirmer une certaine indépendance
vis-à-vis de l'opérateur historique et une identité
plus forte face au très envahissant Orange. Celui-ci
vient d'ailleurs d'annoncer de nouvelles offres en matière
de multimédia et d'Internet mobile (lire l'interview
de Guy Lafarge, directeur marketing d'Orange), dont
on ne voit pas toujours comment elles vont s'articuler
avec les propres offres de Wanadoo. Une concurrence
que Nicolas Dufourcq préfère éluder. "Nos liens avec
Orange se passent le mieux du monde. D'un côté Wanadoo
permet au client, depuis son domicile, d'explorer le
monde. De l'autre, Orange, d'ici deux ou trois ans avec
le GPRS, permettra aux abonnés avec leur portable d'avoir
accès à leurs services en situation de mobilité." Le
rouge d'un côté, l'orange de l'autre.
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