Steve Case et Gerald Levin, les patrons
d'AOL et de Time Warner, avaient-ils fait le bon choix en
décidant, il y a deux ans, de baptiser le nouveau groupe
AOL Time Warner plutôt que Time Warner
AOL ? Car si la logique alphabétique est respectée
en plaçant AOL devant Time Warner, la logique financière
l'est de moins en moins. Les derniers résultats trimestriels
du groupe américain confirment que le croissance revient
désormais aux activités historiques de Time
Warner (cinéma, musique, édition, télévision
et câble). Ces dernières enregistrent des progressions
annuelles situées entre 3,8 et 20,6 %. Pour la
partie AOL, l'ambiance est différente. Le chiffre d'affaires
généré sur les trois derniers mois par
le pôle Internet affiche un recul de -3 % à
2,26 milliards de dollars.
L'usine à croissance, autrefois
entretenue par l'Internet, a donc changé de bord chez
AOL Time Warner. Grâce aux activités médias,
sur le deuxième trimestre, le groupe américain
a réalisé un chiffre d'affaires total en hausse
de 10 % à 10,6 milliards de dollars, pour un Ebitda
de 2,5 milliards de dollars (+2 %) et un bénéfice
net de 394 millions de dollars, contre une perte de 734 millions
un an plus tôt.
AOL Time
Warner en chiffres
|
. |
1er
semestre 2002
|
1er
semestre 2001
|
Chiffre d'affaires |
20,34 md$
|
19,04 md$
|
Ebitda |
4,51 md$
|
4,39 md$
|
Derrière
ces résultats globaux, le ralentissement du pôle
Internet apparaît encore plus marqué sur le plan
de l'Ebitda. Sur le deuxième trimestre, AOL accuse
une contraction de -27 % à 473 millions de dollars.
Ce recul s'explique avant tout par les fortes baisses encaissées
sur l'e-pub et l'e-commerce (-42 % en annuel) et sur
la revente de contenus et les activités diverses (-45 %).
Le pôle Internet doit en l'état son salut aux
revenus issus des abonnements qui s'offrent, eux, une progression
de 20 %.
Cette tonicité sur les abonnements
s'explique par les augmentations de tarifs, pratiquées
aux Etats-Unis et en Europe, et par la croissance du nombre
de clients. Sur le deuxième trimestre, AOL a engrangé
492 000 nouveaux abonnés (dont 477 000 aux
Etats-Unis et 78 000 en Europe) pour afficher un parc
mondial de 35,1 millions de clients, dont 6 millions en Europe.
Même si AOL reste un géant sur le marché
de l'accès, sa foulée a tendance à diminuer.
Il y a un an, le groupe avait ainsi réussi à
attirer 1,3 million d'abonnés supplémentaires
en trois mois. Autre ombre au tableau : en dehors des
Etats-Unis et de l'Europe, AOL perd du terrain. Le pôle
Internet a vu son nombre d'abonnés diminuer de 63 000
dans le reste du monde, notamment sur le marché sud-américain.
Le grippage des activités
Internet n'est pas le seul point noir pour AOL Time Warner.
Au cours de la présentation des résultats, Richard
Parsons, le PDG du groupe, a confirmé que AOL Time
Warner était bel et bien sous le coup d'une enquête
de la SEC, la Commission américaine des opérations boursières.
Cette enquête intervient une semaine après la
publication d'un article dans le Washington Post qui
affirmait que le groupe avait gonflé d'au moins 270
millions de dollars ses revenus publicitaires en ligne au
cours de deux dernières années. Richard Parsons,
qui a assuré la SEC de son entière collaboration, a précisé
que les comptes du groupe avait été audités
par Ernst & Young. Une attitude qui n'a pas réussi
à rassurer les marchés. Hier, le titre AOL Time
Warner a dévissé de -15,44 % à Wall
Street.
|