Selon Nielsen//NetRatings,
le câble représente actuellement 6% des
connexions Internet en France. L'Association
française des opérateurs de réseaux multiservices (Aform)
recensait 3,5 millions de foyers
abonnés au câble, tous services confondus, fin juin.
Ce qui représente une progression annuelle de près de
10 %. Les réseaux actuellement en cours d'exploitation
desservent 8,687 millions de prises commercialisables
et le taux de pénétration du câble, tous services confondus,
dépasse les 40 %. L'ensemble des villes câblées représente
22,3 millions d'habitants, soit plus d'un tiers de la
population française. 741 000 foyers sont abonnés
à une offre de télévision numérique
par câble, soit une progression annuelle de près
de 30 %. Et 234 000 foyers recevaient un service
internet illimité par le câble soit une progression
annuelle de 43 %.
Quels
sont les acteurs qui comptent sur ce marché ?
Noos, l'ex Cybercâble filiale du groupe Suez,
se réserve la part du lion avec plus de 900 000
abonnés, dont 150 000 ont souscrit une offre
d'accès Internet haut débit. NC Numéricable
joue le rôle du challenger. Filiale du groupe
Canal Plus, il s'est lancé dans l'accès internet en
1999 avec AOL France (qui appartenait encore à l'époque
à la galaxie Vivendi). Depuis, AOL France a repris son
indépendance et ses rapports avec NC Numéricable sont
plutôt froids. Selon nos informations, le contrat qui
lie Numéricâble et AOL France arrive à expiration l'an
prochain et ne sera probablement pas reconduit. Du coup,
NC Numéricâble a lancé cette année sa propre gamme d'offres
d'accès, complétant récemment ses offres très haut débit
par une offre "Découverte" à 128 kbs.
Dans le top 4 figure également
France Télécom Câble, rattaché
au groupe Wanadoo. Avec 50 000 abonnés,
la filiale câblo-opérateur affiche un résultat
honorable. Elle peut être considéré
comme un bassin complémentaire d'abonnés
haut débit. Associé à son portefeuille
de clientèle ADSL, Wanadoo affichait 850 000
abonnés Internet rapide à la fin du premier semestre
2002.
De son côté, Chello
France, service exploité par UPC France,
semble peiner : 15 000 abonnés recensés
début 2001, 20.000 au dernier pointage. En octobre
2001, UPC France avait annoncé un plan de réorganisation
de l'entreprise qui prévoyait la suppression
de 191 emplois, la création de 85 postes et des mesures
de reclassements. De son côté, la maison-mère
United Pan-Europe Communications NV a mené des
opérations en bourse destinées à
réduire son endettement au cours du premier trimestre
2002. Malgré les difficultés rencontrées,
Chello peut se targuer d'être le seul acteur câblo-opérateur
à la fois présent en France et à
l'international (dans huit pays).
Alors que l'on évoque
souvent le phénomène de concentration
du marché de l'accès Internet en France,
l'actualité des câblo-opérateurs
tourne autour de rumeurs de vente. Début avril,
l'homme d'affaires belge Albert Frère, premier
actionnaire du groupe Suez, a révélé
au Monde que le service Noos était à
vendre. Une affirmation qui n'a jamais été
confirmée par la direction du groupe Suez. Aux
commandes de Noos depuis un an, Patrick Leleu s'est
fixé comme objectif de ramener la société à l'équilibre
opérationnel d'ici à 2005. Autre service visé
: NC Numéricâble. Mais sa mise en vente
nécessite des travaux de réaménagement
au préalable : le premier chantier concerne le
rachat de certains réseaux câblés de France Télécom.
NC Numéricable ne détient pour l'instant que 30 %
des réseaux qu'elle exploite, pour lesquels des négociations
traînent depuis de nombreux mois. La direction
du câblo-opérateur affirme qu'elle profiterait de ce
rachat pour "moderniser les réseaux afin de permettre
le passage de l'Internet". Le second, le plus important,
concerne l'avenir capitalistique de la société. NC Numéricable
figure en effet parmi les actifs du groupe Canal Plus
jugés "non stratégiques" par la nouvelle direction
de Vivendi-Universal. Le service est donc officiellement
en vente.
Pour l'instant, aucun repreneur
ne s'est manifesté officiellement. Deux géants
américains du monde de la communication montrent
pourtant un intérêt particulier au câble
français : AOL Time Warner et Liberty
Media (déjà présent en Europe
via UPC). Ce dernier avait déjà montré
son appétit en Allemagne en tentant de prendre
le contrôle de six réseaux câblés
de Deutsche Telekom. Une opération qui a finalement
capoté après un refus des autorités
allemandes. Les prétendants prennent leur temps
pour prendre éventuellement position sur le marché
français. A la reprise d'une activité
d'un câblo-opérateur est souvent associé
un endettement important. Un passif qui a entraîné
d'importantes restructurations dans des groupes européens
comme UPC voire la faillite comme NTL, qui est
toutefois parvenu à valider la semaine dernière
un plan de sauvetage.
Pour l'offensive marketing
de la rentrée 2002, les
câblo-opérateurs prennent soin de valoriser
les offres d'accès Internet haut débit
qui constituent de plus en plus un produit d'appel.
Compte tenu de la disparité géographique
de la couverture du réseau câble, les quatre
grands acteurs du secteur se retrouvent rarement tous
ensemble en concurrence. A l'évidence, l'ADSL
constitue le moyen le plus vulgarisé pour accéder
à l'internet haut débit en France mais
les câblo-opérateurs estiment pouvoir rivaliser
en montant des packages TV + Internet. Positionné
comme des prestataires multi-services de communication,
ils ne sont toutefois pas encore parvenus à monter
des formules associant un volet téléphonie.
Un projet qu'ils caressent pourtant depuis plusieurs
années et qui se concrétisera peut-être
à travers des développements autour de
la voix sur IP.
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