"Je suis un agnostique".
Cette petite phrase, Thierry Breton l'avait martelée
à de multiples reprises en décembre dernier
alors qu'il présentait le décodeur intégré ADSL
de Thomson Multimédia (TMM). Une formule que
le nouveau PDG de France Télécom, dont
la nomination à la place de Michel Bon devrait
être confirmée ce matin en Conseil des
ministres, devra répéter à l'envi
tant le pragmatisme est une valeur montante dans le
secteur des télécoms.
Celui
qui en mars 1997 s'est retrouvé propulsé
à la tête de Thomson, groupe public valorisé
quelque mois plus tôt au franc symbolique, reprend
aujourd'hui les rênes d'un opérateur historique
dont le niveau d'endettement atteint les 70 milliards
d'euros. Une nouvelle mission dans le droit parcours
de ce diplômé de Supelec et de l'Institut des hautes
études de défense nationale. Que ce soit au Futuroscope,
chez Bull puis chez TMM, le chemin parcouru par Thierry
Breton depuis seize ans cumule deux ingrédients :
les hautes technologies et la sphère politico-publique.
En matière de NTIC,
Thierry Breton a fait ses armes au cours des années
80 aux côtés de Gérard Théry, le "père"
du Minitel. Ce goût pour l'économie numérique
se traduira, à partir de 1993, par la réalisation
de plusieurs rapports officiels sur "Le télétravail"
et "Les téléservices en France". Huit ans
plus tard, cette même culture poussera le PDG
de TMM à racheter les activités ADSL d'Alcatel
pour 456 millions d'euros. Féru de haut débit
et de multimédia, Thierry Breton voit dans l'Internet
et la numérisation des contenus un levier pour
permettre aux opérateurs télécoms
de venir s'installer dans la cour des grands networks
du câble et du satellite. Un rêve que les
opérateurs européens ont un temps caressé,
avant que la "bulle" Internet n'explose.
Ce parcours aura offert
à Thierry Breton un statut de VRP multi-cartes
de la high-tech publique. En décembre 2000, Martin
Vial, qui vient d'être nommé PDG de La
Poste, choisit de le nommer, aux côtés
de... Jean-René Fourtou, à son conseil d'administration
afin d'insuffler une dynamique NTIC dans le groupe.
Quelque mois plus tard, en avril 2001, Thierry Breton
se retrouve nommé membre du CSTI (Conseil stratégique
des technologies de l'information) lancé par
le gouvernement Jospin. C'est aujourd'hui sur le front
France Télécom que Thierry Breton est
appelé.
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