A la suite des mesures gouvernementales
de soutien au secteur des jeux vidéos annoncées
ce week-end (une enveloppe globale estimé à
50 millions d'euros), l'Association des producteurs
d'oeuvres multimédias (Apom) estime avoir été
entendue. Antoine Villette, président de l'association
et PDG du studio de production Darkworks, estime que
les mesures annoncées vont permettre de désserrer
l'étau financier et de faciliter l'éclosion
de projets créatifs.
JDN.
Quel accueil avez-vous réservé aux annonces
du Premier ministre concernant le soutien financier
au secteur des jeux vidéos ?
Antoine
Villette. Les propos de Jean-Pierre Raffarin sur
le thème "les jeux vidéos constituent
clé d'entrée dans l'univers numérique
pour les jeunes générations" nous
ont rassuré. L'essentiel de nos propositions
étaient axées sur des aides au financement.
Globalement, nous avons été entendus sur
ce volet, en particulier sur l'éligibilité
des projets de recherches en lien avec les jeux vidéos
dans le cadre du plan Innovation du secrétariat
d'Etat à l'industrie. Des mesures concrètes
devraient être déployées rapidement
: c'est le cas du système d'avance remboursable
sur recettes qui devrait faciliter le lancement de nouvelles
créations de jeux vidéos. Les nouvelles
orientations des aides de l'Anvar et du Riam sont également
très importantes. Les efforts pour mettre en
place de fonds d'investissement régionaux de
co-production sont à poursuivre mais l'impulsion
politique est donnée.
En
France, 70 entreprises évoluent dans le secteur
des jeux vidéos. Quels sont les obstacles que
vous rencontrez ?
Le
secteur des jeux vidéos est constitué
essentiellement de PME avec des trésoreries très
tendues. Beaucoup de structures se sont créées
sur des modes de spin-off mais les conditions sont difficiles.
Les facilités de caisse sont très difficiles
à obtenir, notamment auprès des banques.
Nous travaillons beaucoup à l'international :
par conséquent, nous devons aussi prendre en
compte des paramètres comme la parité
euro-dollar et des frais de représentation. La
Commission européenne estime que nous sommes
handicapés par un marché intérieur
qui est loin d'être uniforme entre la Grande-Bretagne
qui est très branchée consoles et l'Allemagne
plutôt orientée PC. Nous n'avons pas de
fédération pour représenter les
intérêts de tous les acteurs européens.
A cela, nous devons ajouter des problèmes plus
sournois liés à la propriété
intellectuelle et à l'obtention des licences.
En terme de typologie clientèle, le monde des
jeux vidéo est relativement proche de celui du
cinéma. L'Europe produit très peu de films
à grand succès comparé aux Etats-Unis.
Par conséquent, le fait d'obtenir une licence
d'exploitation pour élaborer des oeuvres multimédias
dérivées est plus compliqué.
Le
marché du jeu en ligne est-il suffisamment structuré
pour trouver des débouchés sur Internet
?
C'est
encore marginal en France. Même si nous sommes
persuadés qu'à moyen terme, la dimension
multi-supports (consoles, PC, mobiles) va prendre de
l'importance dans le domaine du divertissement électronique.
Beaucoup de sociétés se sont lancées
en axant leur développement sur le jeu en ligne
au cours des trois dernières années mais
la plupart d'entre elles rencontrent maintenant des
difficultés. C'est une question de maturation
de marché. Pour le moment, seuls les hardgamers
explorent réellement les possibilités
de jeux en ligne. On voit apparaître des premiers
accords intéressants comme celui signé
entre le studio Ryzom et Wanadoo pour la commande d'un
jeu massivement multi-joueurs. Mais, d'un point de vue
marché, nous restons dans le domaine de l'expérimentation.
Jeux vidéos : la Jiraf veut se montrer attentif
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Un autre cercle de réflexion tient à participer à
la réflexion sur l'évolution du secteur
des jeux vidéos en France : l'association
Jiraf
(acronyme pour "Jeu vidéo et son Industrie
Rassemblent leurs Acteurs Français"), qui a
été créée en avril 2002.
Elle a vocation d'organiser des débats, de soumettre
des propositions et de mener des campagnes d'informations
sur l'industrie du jeu vidéo. Sur sa page
d'accueil, les membres du bureau indiquent que le
but n'est pas "de remplacer ou de faire concurrence
à l'International
Game Developers Association mais d'avoir des
réflexions et des actions plus ciblées". L'inscription
de cette association à but non lucratif s'effectue
sur le principe du parrainage. En revanche, le site
web de l'association Jiraf, mis en ligne en décembre
dernier, est ouvert au public. |
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