En matière d'interopérabilité,
les télécoms avancent toujours à
vue. Dernier épisode en date : l'offre de
SMS fixes lancée mi-mai par France Télécom.
Cette offre permet depuis des terminaux fixes de nouvelle
génération d'expédier ou de recevoir
des mini-messages. Seul hic, le nouveau service ne concerne
sur le mobile que les abonnés d'Orange. Eux seuls
peuvent pour l'instant recevoir ou expédier un
SMS vers un poste fixe.
Interrogé
le 14 mai dernier par le JDN sur 'éventuelle
interopérabilité du nouveau service avec
les autres opérateurs mobiles (SFR et Bouygues
Télécom), Guy Lafarge, directeur du marketing
grand public pour l'activité "Fixe et Distribution France"
de France Télécom, soulignait que le système
devait être "le plus ouvert possible", tout
en indiquant que les deux autres opérateurs mobiles
allaient "s'accorder prochainement".
Un optimisme que ne partage
pas l'Association française de l'Internet mobile
(l'Afim). Dans un communiqué
de presse, l'association qui regroupe une vingtaine
de sociétés évoluant dans le secteur
du multimédia mobile affirme que "SFR et
Bouygues Telecom refusent l'interopérabilité".
Une prise de position tranchée alors que les
opérateurs concernés n'avaient pas apporté
jusqu'ici de commentaires officiels sur le sujet.
L'Afim estime que SFR et Bouygues
Telecom "ne souhaitent pas doper les communications
de leur principal rival". "Rendre interopérable
les SMS fixes, c'est favoriser le rajeunissement d'image
des lignes fixes", considère Sébastien
Crozier, président de l'Afim.
Pour justifier sa prise de
position, l'association s'appuie sur les exemples des
marchés allemand et italien, deux pays précurseurs
dans le domaine du SMS Fixe. "Dans ces deux pays
on observe une croissance en volume du nombre de SMS
transmis mais avec une captation importante de cette
croissance par l'opérateur fixe, explique Sébastien
Crozier. Une majorité des SMS fixes est envoyée par
des adolescents. Ils profitent du fait que leurs parents
paient la ligne fixe pour économiser sur leurs propres
forfaits mobiles."
Contactés par le JDN,
les deux opérateurs mobiles mis en cause par
l'Afim affichent un discours moins péremptoire,
même s'ils restent très vagues dans leurs
intentions. "Nous ne sommes pas opposés
au principe de l'interopérabilité des
SMS fixes. En milieu de semaine dernière, nous
avons reçu une proposition de France Télécom
que nous sommes en train d'étudier", commente
un porte-parole de SFR (groupe Cegetel).
Même son de cloche du
côté de Bouygues Télécom.
"On ne peut pas parler de refus d'interopérabilité
de la part de Bouygues Telecom au sujet des SMS fixes,
indique un porte-parole de l'opérateur mobile.
Des discussions sont d'ailleurs actuellement en cours
avec France Télécom sur ce sujet."
Alors les opérateurs alternatifs sont pour une
fois maîtres du calendrier face à l'opérateur
historique, chaque jour de réflexion semble prendre
une certaine saveur.
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