Prenez une pincée
de service de rencontres, ajoutez un soupçon
de petites annonces et une dose de site communautaire
et vous obtenez les
"logiciels sociaux". Ces nouveaux services, aujourd'hui
incarnés par Friendster (lire l'article
JDN du 22/07/03), rencontrent aux Etats-Unis un
succès fulgurant. Un succès qui ne devrait
pas tarder à se confirmer en France avec sa cohorte
de nouveaux services.
A
y regarder de plus près, un site de la tribu des "logiciels
sociaux" existe déjà bel et bien en France. Il
s'agit d'Ipropi, un site de petites annonces dont la
particularité est de reposer sur un système de propagation
par e-mail qui utilise les réseaux de relations des
internautes. A chaque petite annonce créée est associée
une récompense, apportée par l'auteur de l'annonce.
Cette récompense est distribuée aux maillons
de la chaîne qui ont permis d'apporter une réponse
à la recherche initiale. Ses recherches se font
dans plusieurs domaines : immobilier, objets rares,
collections, personnes...
Lancé officiellement l'été
dernier, le site n'a pas trouvé sa vitesse de croisière.
Mais son fondateur, Fabrice Cavaretta, ancien de BOL
et de Cegetel, reste plein d'espoirs quant à son avenir.
"Depuis
le lancement du site, la situation n'a pas énormément
bougé, explique Fabrice Cavaretta. Les gens comprennent
l'intérêt du service et créent des petites annonces.
Mais au niveau de la propagation, on se heurte à un
problème. La viralité ne s'enclenche pas : trop
peu d'internautes connaissent le service et par conséquent
cela stoppe la chaîne."
Si le site bénéficie d'un bon taux de transformation
(2 à 3 % des visiteurs créent une annonce), la
notion de propagation reste donc plus problématique.
Fabrice Cavaretta
analyse ses difficultés à l'aune des théories sur la
viralité. "Des observations ont montré que la réussite
d'un produit viral est en grande partie mécanique et
obéit à une loi que l'on appelle l'effet de réseau.
Beaucoup de produits ne sont viraux qu'à partir d'un
certain seuil d'usage. Tant que ce seuil n'est pas atteint,
la viralité est contre soi. Une fois le seuil atteint,
le processus fonctionne de lui-même et chaque nouvel
utilisateur augmente la valeur du produit."
Dans le cas d'Ipropi,
le seuil minimum de notoriété pour enclencher une phénomène
de viralité est évalué à
10 % des internautes. "Pour atteindre mécaniquement
ce résultat, il faudrait plus d'acteurs pour éduquer
le marché." Le degré de maturité du marché
ne serait pas le seul en cause. Les facteurs culturels
joueraient également un rôle dans l'effet de
réseau. La France, plus imperméable au marketing,
serait ainsi un terrain moins favorable à la propagation
que les pays anglo-saxons.
Pour surmonter ces obstacles,
Ipropi ne peut compter sur un plan marketing massif :
le projet, initié il y a trois ans, vit toujours sur
sa première levée de fonds de 160 000 euros. Fabrice
Cavaretta explore donc de nouvelles pistes de développement.
Des discussions sont actuellement en cours avec de gros
acteurs américains, dont Microsoft et AOL, afin
d'intégrer Ipropi dans une application de messagerie
instantanée. Autre piste à l'étude : viser des
marchés de niche afin d'atteindre plus rapidement
les seuils d'usage.
Depuis son lancement, environ
1 000 annonces ont été créées sur Ipropi et 20 000
personnes ont contribué à propager les demandes. Les
rubriques les plus actives sont tout d'abord l'immobilier,
qui se prête bien au bouche à oreille, et la recherche
de personnes (parents disparus, anciens collègues
).
La plus grosse récompense jamais mise en ligne s'est
élevée à 20 000 euros.
Pour l'instant, aucune
commission n'est prélevée sur les recherches lancées.
"Cela rendrait l'effet de réseau plus difficile à créer",
souligne Fabrice Cavaretta. Mais à terme, le modèle
économique du site s'apparente à celui de eBay avec
un prélèvement pour les frais d'insertion puis une commission
sur le montant de la récompense.
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