Loïc Le Meur, web entrepreneur
multirécidiviste (B2L, Rapidsite, Tekora, Business Pace,
Marketo), ne manque ni d'enthousiasme, ni d'arguments
pour soutenir sa nouvelle société, Ublog. Cette fois,
il s'attaque au marché des weblogs (ou blogs), les dignes
successeurs des pages personnelles. A l'instar de 20six,
société d'origine allemande qui s'est lancée en France
cet été, Ublog propose aux internautes un outil gratuit
de création de blogs, mais aussi depuis peu une offre
payante. Un pari pour cette société, sur un marché mondial
de plusieurs millions d'utilisateurs, mais qui peine encore
à trouver un business-model viable.
Ublog,
créée par Stéphane Le Solliec en novembre 2002, a été
rachetée par Loïc Le Meur en octobre dernier. Le site
met gratuitement à la disposition des internautes un
outil de gestion de blogs, permettant de créer et d'animer
du contenu (textes et photos). Depuis début novembre,
une offre payante est testée à 1 euro par mois (elle
devrait passer à 4 euros par mois). Elle propose notamment,
en plus des fonctionnalités de base, des outils de moblogging
(mise à jour d'un blog depuis un téléphone portable),
un espace disque de 50 Mo et l'envoi de requêtes (pings)
permettant de référencer les messages postés sur son
blog.
Près de 3 500 blogs
ont déjà été créés sur Ublog, qui compte plus de 4 000
inscrits sans avoir réalisé aucune publicité.
"Le taux de croissance des créations est supérieur à
40 % par mois, et 8 % des utilisateurs se
sont convertis à l'offre payante", indique Loïc Le Meur.
Jusqu'à présent, les bannières publicitaires assuraient
l'intégralité des sources de revenus de l'entreprise.
Or, celles-ci vont être bientôt remplacées par
des liens sponsorisés contextuels. "Le feedback utilisateur
n'était pas bon sur les bannières. Le blog est avant
tout perçu comme un espace de liberté personnelle. Pour
cette raison les bannières ne sont pas adaptées au support."
Même s'il se montre prudent,
en l'absence de référence sur ce marché, Loïc Le Meur
affiche une relative confiance. "Ublog fait 3 millions
de pages vues par mois. Avec un tel trafic, nous allons
trouver des solutions publicitaires. Le site intéresse
déjà les régies. En outre, je crois à une troisième
source de revenus, sous la forme de partenariats avec
des marques impliquées dans les rubriques."
Pour soutenir la croissance
de la société, une campagne de publicité online (bannières)
et offline (annonces presse dans des supports informatiques
et "branchés") est prévue ce mois-ci. A l'horizon fin
2004, Loïc Le Meur table sur un chiffre d'affaires situé
entre 600 000 et 1 million d'euros. Un objectif
auquel il ne semble pas être le seul à croire :
Ublog serait sur le point de boucler son premier tour
de table.
Reste une question :
comment expliquer cet engouement pour les weblogs, alors
que pour le commun des internautes ceux-ci s'apparentent
à une variante des pages personnelles ? " Les pages
perso ont très peu pris car elles n'offraient pas de
visibilité, estime Loïc Le Meur, alors que les weblogs
sont très bien référencés. On peut s'abonner très facilement
à leur contenu grâce aux flux RSS (Ndlr : Real Simple
Syndication). Tout ce qui est publié sur nos blogs
l'est aussi sous forme de fil RSS. A l'aide d'outils
appelés agrégateurs de flux RSS, on peut lire en une
seule fois tous les nouveaux messages postés sur les
blogs auxquels on est abonné, et commenter ces messages
sans avoir à les réécrire au préalable. C'est une source
d'information exceptionnelle et une nouvelle manière
de communiquer. Le blog, c'est la recette qui restitue
la promesse initiale du Net."
Aujourd'hui, le nombre
de blogs en France est estimé à 60.000, dont 40 000
créés sur Skyblog, une filiale de Skyrock. Les utilisateurs
sont donc majoritairement des adolescents, séduits par
la simplicité du média. Sur Ublog, cette population
représente également 60 à 70 % des utilisateurs.
Une tendance qui ne va pas durer, selon Loïc Le Meur,
qui voit dans les blogs une alternative d'avenir aux
médias actuels. "On voit de moins en moins de journaux
intimes, tandis que de plus en plus les professionnels
de l'information et les politiques vont adopter ce média,
car il permet une transparence totale."
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