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Comme beaucoup de compagnies aériennes, Air France devrait supprimer l'année prochaine les commissions qu'elle verse aux agences pour la vente de ses billets. Pour éviter un véritable tollé dans la profession, la compagnie aérienne a décidé de remplacer ces commissions par un barème de frais de dossier que les agences seront libres d'appliquer. Cette décision, si elle satisfait les agences traditionnelles, a soulevé en revanche l'indignation de Level, l'association qui regroupe la plupart des agences de voyages en ligne. Frédéric Vanhoutte, président de Level, revient sur les raisons de ce désaccord.
JDN.
Pourquoi critiquez-vous l'instauration par Air France de frais de services en lieu et place des commissions aux agences de voyages ?
Frédéric Vanhoutte. Parce que le barème des frais de services proposé par Air France pour les agences de voyages en ligne n'est pas viable. Aujourd'hui, 70 % des ventes de billets d'avion en ligne sur les sites de voyages sont des vols courts ou moyens courriers à des prix attractifs. Avec le nouveau barème d'Air France, nous prélèverons 5 euros de frais de dossier sur chaque billet au lieu de 20 euros de commission aujourd'hui. Ce qui ne nous permettra pas de vivre. A titre indicatif, l'association Ecta (Ndlr : Confédération européenne des agents de voyages) indiquait dans une de ces dernières études qu'une agence de voyages européenne devait toucher 33,5 euros par dossier pour gagner sa vie. Comme vous le voyez, nous en sommes loin.
Par ailleurs, Air France a souligné qu'elle se réservait le droit de supprimer ces cinq euros de frais de dossier sur ses canaux de vente direct en ligne en cas de forte concurrence avec le train ou avec des low cost. Ce qui rendra, de facto, les agences de voyages sur Internet hors compétition car nous vendrons des billets plus chers que sur le site d'Air France ou que sur Opodo.
Le Syndicat National des Agences de voyages (Snav) n'est lui, pas trop mécontent de cet accord. A-t-il mieux négocié ?
Air France cherche à gagner du temps. 75 % de la distribution de ses billets passent aujourd'hui par les agences de voyages. Mais il ne faut pas se tromper. Air France, comme les autres transporteurs, a pour objectif de contrôler sa distribution ainsi que les coûts qui en découlent. Sur Internet, cette politique commerciale aura pour conséquence de fermer le marché et d'empêcher de nouveaux entrants de s'installer. Ce n'est pas avec des frais de dossier de 5 euros qu'ils pourront se rémunérer.
Que projetez-vous de faire pour vous opposer à la stratégie d'Air France ?
Même si le Snav est l'interlocuteur privilégié d'Air France, nous souhaitons être reçus pour pouvoir défendre nos intérêts et présenter ce que coûte réellement la distribution online. Car si Air France supprime les frais de dossier, il n'y a plus d'équilibre financier sur cette activité et nous nous trouvons clairement dans une situation de concurrence déloyale. |
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