Le Net fête aujourd'hui, jour pour jour, ses trente
cinq ans. Une épopée virtuelle qui n'aurait
pu voir le jour sans trois figures de proue de l'Amérique
scientifique : le professeur Len Kleinrock de l'Université
de Californie de Los Angeles (UCLA), ainsi que Stephen Crocker
et Vinton Cerf, les deux étudiants qui l'assitaient.
Un câble et deux ordinateurs distants de quelques mètres
ont suffi pour créer l'étincelle... et marquer
l'avènement futur de la révolution des NTIC.
Le 2 septembre 1969, fête du travail américaine,
le premier message "Log in" est envoyé par
le professeur Kleinrock depuis un ordinateur situé
en Californie. Il demande confirmation par téléphone à ses
collègues à Stanford pour savoir si la première lettre
"L" est bien apparue sur leur écran d'ordinateur.
Réponse de Stanford : "o" pour "oui".
Mais au "g" de "Log in"... le système
"plante". La réussite n'était pas
totale... mais la révolution était en marche.
Le projet a été initié à l'origine
par la Darpa (l'Agence de projets de recherche avancée
en matière de Défense) sur un réseau
fermé baptisé Arpanet (Advanced Research Projects
Agency network) interconnectant quatre universités
américaines par un mode de communication dite "par
commutation de paquets".
Puis les événements s'accélèrent.
En 1971, vingt ordinateurs sont connectés au réseau.
Un an plus tard on en compte deux fois plus. L'étape
suivante porte le nom d'e-mail. Si dans un premier temps,
les échanges de données scientifiques et militaires
sont prédominantes, le trafic d'informations personnelles
se multiplie. D'où l'utilité d'un programme de messagerie
indépendant : le courrier électronique ou e-mail.
Un concept qui voit le jour entre 1971 et 1972, en s'appuyant
sur deux applications permettant l'envoi et la réception de
courriers électroniques. @ faisait ses premiers pas sur Arpanet.
Parallèlement, le premier programme de gestion du courrier
électronique est développé.
En
1973, Arpanet traverse l'Atlantique pour s'étendre
en Grande-Bretagne (University College of London) ainsi qu'à
la Norvège. Mais le mode de communication du réseau
nécessitait la mise en place d'un protocole standard
universel. Au début des années 70, il s'agissait du NCP (Network
Control Protocol). En 1973, un nouveau protocole est développé,
pour acheminer les messages en cas de destruction partielle
du réseau : le TCP/IP (Transmission Control Protocol
et Internet
Protocol). Mais son intérêt ne s'arrête
pas là. Ce protocole permet également de gérer
un trafic d'informations venant d'autres réseaux, comme Ethernet
et Telnet, créés entre temps et fonctionnant selon d'autres
protocoles. L'objectif consistant à créer un "réseau
de réseaux" s'impose alors. Pour y répondre, Vincent
Cerf et le mathématicien Bob Kahn, qui travaillait pour la
Darpa, posent en 1974 les bases du protocole TCP/IP. En 1977,
il est utilisé pour relier divers réseaux à Arpanet. Et en
1983, il est le seul et unique protocole en vigueur.
1991 :
avec les liens hypertextes, le world wide web est lancé |
Le cap des 1.000 ordinateurs connectés est franchi
en 1984. Le Centre européen de recherche nucléaire (Cern)
adopte alors le protocole sur son propre réseau Cernet. Il
devient six ans plus tard le plus grand site du réseau
mondial, une des premières fondations du célèbre
world wide web (www). Mais l'acte de naissance du web, à
proprement parler, a lieu en mars 1989 grâce à
Tim Berners-Lee, informaticien au Cern. Celui-ci est en effet
à l'origine de la création des liens hypertextes
qu'il introduit au Cern en 1991. Cette date marque les premiers
pas du world wide web. Un an plus tard, le site du Cern apparaît
en lien hypertexte sur le serveur Internet de Fermilab aux
États-Unis. La Toile mondiale tisse ainsi ses premières
ramifications.
Son étoffement viendra du HTML.
Ce format d'affichage de la page web est également
une initiative de Tim Berners-Lee. Puis, viennent les autres
protocoles. Le HTTP
tout d'abord qui permet d'échanger les données du web, contenues
dans les pages en HTML. L'adresse ou URL
d'une page présentée sur le web arrive ensuite, permettant
de localiser sans équivoque un fichier ou un serveur sur Internet.
Enfin, apparaissent les "browsers" ou navigateurs
qui permettent de changer de fonction (courrier, transfert
de fichiers...) ou de changer de protocole pour naviguer librement.
L'un des tout premier fut "Mosaic", un navigateur
développé au NCSA (National Center for Supercomputing Applications)
de l'université d'Illinois en 1993.
Depuis, l'Internet continue sa croissance. Mais que sont
devenus les principaux instigateurs de cette révolution
numérique ? Len Kleinrock est toujours professeur à
l'UCLA et Stephen Crocker défend mordicus l'acte
de naissance du Net contre tous les prétendants à
la succession de cet héritage. Vinton Cerf, pour sa
part, travaille de concert avec la NASA pour développer
des réseaux dans l'espace et participe aux réflexions
autour du spam. Mais si l'Internet connaît la maturité
après 35 ans d'existence... un nouveau réseau
est en phase de développement : l'Internet2. Lancé
dès 1996, le projet est une alternative au TCP/IP, offrant
des débits à grande vitesse via des liaisons en fibre optique
de nouvelle génération. Plus de 200 universités américaines
participent à cette initiative. Rendez-vous en 2006 pour les
dix ans d'Internet2 !
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