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François Momboisse : "Les systèmes de protection actuels incitent les internautes au piratage"
L'interopérabilité des formats de fichiers est le cheval de bataille de la Fnac depuis juin dernier. Retour sur les tenants et les aboutissants de l'affaire, qui mobilise éditeurs, constructeurs et pouvoirs publics.   (23/09/2004)
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La Fnac s'est à son tour lancée dans la bataille de la musique en ligne avec l'inauguration samedi dernier de sa nouvelle plateforme Fnacmusic, qui remplace l'ancien Digifnac. Parallèlement à ce lancement, depuis la signature de la charte anti-piraterie, le groupe s'est fixé un nouveau cheval de bataille : l'interopérabilité des formats de fichiers numériques. En d'autres termes, la compatibilité des fichiers musicaux téléchargés avec tout type de baladeurs numériques en circulation. Retour sur ce concept, que la Fnac dit vouloir défendre au nom de la liberté de choix du consommateur.

JDN. Pourquoi tenez-vous tant à développer un standard commun de téléchargement ? Qu'en attendez-vous ?
François Momboisse. Seuls 3 % des foyers français sont détenteurs d'un baladeur numérique aujourd'hui. Nous estimons que ce marché dispose d'un énorme potentiel de croissance. Le tout est de simplifier le transfert de fichier. Les systèmes numériques de gestion des droits qui protègent actuellement les fichiers téléchargés restreignent l'offre de baladeurs sur le marché. Nous souhaitons rendre les deux systèmes développés par Microsoft et Apple interopérables. Le but étant que le consommateur puisse choisir librement sur le marché des baladeurs, sans être contraint par les constructeurs eux-mêmes d'utiliser le seul et unique baladeur qu'ils auront bien voulu rendre compatible avec leur format de fichiers numériques.

Quelle est votre position sur le piratage de musique en ligne ?

Sur la baisse de 15 % dont a souffert le marché mondial du disque en 2003, seuls 2 à 3 % peuvent être attribués au piratage en ligne. Aujourd'hui, le marché américain est en reprise alors même que c'est le pays où le P2P est le plus développé. Le piratage n'est pas la cause principale de la sinistrose qu'a connue le marché l'an dernier. La copie n'est pas le privilège du numérique. Le système actuel, où l'offre de baladeurs est limitée par le niveau de protection qu'imposent constructeurs et majors sur les fichiers disponibles sur les plateformes légales, incite les internautes au piratage. Cela étant, nous estimons qu'un système de téléchargement non-rémunéré ne peut pas marcher. Si l'on rend interopérables les formats de fichiers, internautes, éditeurs de l'industrie musicale et constructeurs de matériel numérique ont tout à y gagner.

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Comment comptez-vous imposer l'interopérabilité et participer au développement du marché légal de la musique en ligne ?
Lorsque nous avons posé le débat de l'interopérabilité sur la place publique en juin dernier, lors de la signature de la charte sur le développement de l'offre légale de musique en ligne, les majors ont eu peur. Résultat : pour l'heure, seulement 300.000 titres sont disponibles sur notre plateforme Fnacmusic. Mais rappelons que nous comptons 1,5 million d'adhérents à la Fnac. Des accords sont en cours pour multiplier par deux notre offre musicale en ligne d'ici à la fin de l'année. Pour introduire l'interopérabilité des formats de fichiers, nous comptons toujours sur les pouvoirs publics. A ce sujet, relevons le cas de l'Espagne (cf article du 22/09/2004). Et, juridiquement, attaquer en priorité les très gros téléchargeurs de fichiers illicites et développer en parallèle des plateformes légales simples d'accès semble être un bon compromis.

 
 
Sophie FIEVEE-BALAT, JDN
 
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