La Fnac s'est à son tour lancée dans la bataille
de la musique en ligne avec l'inauguration samedi dernier
de sa nouvelle plateforme Fnacmusic, qui remplace l'ancien
Digifnac. Parallèlement à ce lancement, depuis
la signature de la charte anti-piraterie, le groupe s'est
fixé un nouveau cheval de bataille : l'interopérabilité
des formats de fichiers numériques. En d'autres termes,
la compatibilité des fichiers musicaux téléchargés
avec tout type de baladeurs numériques en circulation.
Retour sur ce concept, que la Fnac dit vouloir défendre
au nom de la liberté de choix du consommateur.
JDN.
Pourquoi tenez-vous tant à développer un standard
commun de téléchargement ? Qu'en attendez-vous ?
François Momboisse. Seuls 3 % des foyers
français sont détenteurs d'un baladeur numérique
aujourd'hui. Nous estimons que ce marché dispose d'un
énorme potentiel de croissance. Le tout est de simplifier
le transfert de fichier. Les systèmes numériques de
gestion des droits qui protègent actuellement les fichiers
téléchargés restreignent l'offre de baladeurs
sur le marché. Nous souhaitons rendre les deux systèmes
développés par Microsoft et Apple interopérables.
Le but étant que le consommateur puisse choisir librement
sur le marché des baladeurs, sans être contraint
par les constructeurs eux-mêmes d'utiliser le seul et
unique baladeur qu'ils auront bien voulu rendre compatible
avec leur format de fichiers numériques.
Quelle est votre position sur le piratage de musique
en ligne ?
Sur la baisse de 15 % dont a souffert le marché
mondial du disque en 2003, seuls 2 à 3 % peuvent
être attribués au piratage en ligne. Aujourd'hui,
le marché américain est en reprise alors même
que c'est le pays où le P2P est le plus développé.
Le piratage n'est pas la cause principale de la sinistrose
qu'a connue le marché l'an dernier. La copie n'est
pas le privilège du numérique. Le système
actuel, où l'offre de baladeurs est limitée
par le niveau de protection qu'imposent constructeurs et majors
sur les fichiers disponibles sur les plateformes légales,
incite les internautes au piratage. Cela étant, nous
estimons qu'un système de téléchargement
non-rémunéré ne peut pas marcher. Si
l'on rend interopérables les formats de fichiers, internautes,
éditeurs de l'industrie musicale et constructeurs de
matériel numérique ont tout à y gagner.
Comment comptez-vous imposer l'interopérabilité
et participer au développement du marché légal
de la musique en ligne ?
Lorsque nous avons posé le débat de l'interopérabilité
sur la place publique en juin dernier, lors de la signature
de la charte sur le développement de l'offre légale
de musique en ligne, les majors ont eu peur. Résultat :
pour l'heure, seulement 300.000 titres sont disponibles sur
notre plateforme Fnacmusic. Mais rappelons que nous comptons
1,5 million d'adhérents à la Fnac. Des accords
sont en cours pour multiplier par deux notre offre musicale
en ligne d'ici à la fin de l'année. Pour introduire
l'interopérabilité des formats de fichiers,
nous comptons toujours sur les pouvoirs publics. A ce sujet,
relevons le cas de l'Espagne (cf article
du 22/09/2004). Et, juridiquement, attaquer en priorité
les très gros téléchargeurs de fichiers
illicites et développer en parallèle des plateformes
légales simples d'accès semble être un
bon compromis.
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