ANALYSE 
Au fait, c'est quoi la durée de vie d'un site
Sur Internet, une nouvelle version en balaye une autre. De multiples facteurs influencent ce cycle. Comment les prendre en compte ? A quel rythme ? Deux spécialistes de la conception de sites se penchent sur la question.   (30/09/2004)
  En savoir plus
 Fullsix
 Frédéric Colas
Séminaire Benchmark Animer et faire vivre son site Web
Dossier   Marques
  Le site
Dragonrouge.com
Un contenu plus riche et plus lisible, une navigation plus intuitive, une ergonomie améliorée : à grands renforts de superlatifs, les marques et les éditeurs font régulièrement la promotion des nouvelles versions de leurs sites Internet. Qu'ils soient mineurs ou substantiels, qu'ils découlent des modes ou des revirements de stratégie, ces changements ponctuent la vie des sites Web. Peut-on pour autant tenter de déterminer le cycle de vie des sites ? Diagnostic in vivo.

L'espérance de vie virtuelle dépend d'une combinaison de facteurs exogènes et endogènes. La nature du site est évidemment le premier facteur d'influence : les sites promotionnels et événementiels, par exemple, ont une durée de vie limitée, de quelques semaines ou quelques mois. D'autres éléments influencent la durée de vie d'un site, des éléments liés cette fois à l'entreprise elle-même. Et dans ce domaine, les facteurs sont nombreux : internationalisation, réorganisation, changement d'identité graphique, fusion-acquisition, volonté de changement des équipes en interne…

Ce dernier facteur est non négligeable pour Frédéric Colas, directeur associé de l'agence Fullsix. "Lors d'un changement d'équipe chez le client, les nouveaux responsables veulent souvent imprimer leur marque." Le poids des collaborateurs dans les mécaniques du changement est également souligné par Christian Debergh, directeur général associé au sein du département identité d'entreprise de l'agence Dragon Rouge, et par ailleurs en charge des problématiques Web. "Le ras-le-bol interne va souvent plus vite que le ras-le-bol externe", explique-t-il.

D'autres facteurs, cette fois extérieurs à l'entreprise, achèvent d'augmenter le taux de mortalité des versions. Il s'agit de l'évolution des technologies de développement, des équipements de la cible (le haut débit par exemple), des modes et de la stratégie des concurrents. "Mais l'effet mouton, qui conduit à ce que les sites changent tous en même temps, crée des trends pas obligatoirement utiles", note Christian Debergh.

"Il faut au moins trois ans pour créer des habitudes de navigation"

Au cours de ces dernières années, les modes qui ont profondément modifié le paysage Internet ont été nombreuses. "En matière de graphisme, c'est l'arrivée de l'animation, estime Christian Debergh. Sur le plan des technologies, c'est le passage du statique au dynamique. Avant, dès qu'on faisait une modification, on en profitait pour refaire le graphisme. Aujourd'hui, avec les sites dynamiques, les grands changements sont de plus en plus rares, et les petits changements de plus en plus nombreux. On voit des sites qui, structurellement et visuellement, ne changent plus beaucoup, mais qui évoluent de plus en plus vite sur la masse de messages."

On l'a compris, la palette de facteurs interférant dans la durée de vie d'un site est large. Tellement large en fait, que la notion de durée de vie est en fait un paramètre difficile à prendre en compte lors de la création d'un site. "Une durée de vie est toujours difficile à anticiper, confirme Christian Debergh. On essaie de se dire que ce qu'on fait va durer plus de deux ans. De toute façon, il faut au moins trois ans pour créer de vraies habitudes de navigation." La pérennité a donc ses avantages.

"Depuis mi-2003, on voit un redémarrage des refontes"

"Nous essayons de maximiser la durée de vie des sites, par exemple en évitant d'utiliser les codes de la publicité, souvent volatils", note pour sa part Frédéric Colas. Mais ces mêmes codes publicitaires poussent parfois à la mutation des sites, ne serait-ce que pour intégrer de nouveaux formats carnivores en surface d'affichage. "L'idéal, poursuit Christian Debergh, est de faire tenir le site aussi longtemps que les lignes graphiques, qui se renouvellent tous les trois ou quatre ans en moyenne."

A ces lignes graphiques, s'ajoutent les contraintes budgétaires des clients qui limitent naturellement le rythme de refonte des sites. Pour cette simple raison, le degré de renouvellement des sites a épousé l'histoire de l'Internet commercial. "Au début, explique Frédéric Colas, il y a eu la vague de création des premiers sites. Après, entre 2001 et 2003, la période des vaches maigres : on a assisté à un ralentissement de nouveaux sites, les budgets étaient gelés. Depuis mi-2003, on voit un redémarrage des renouvellements."

Alors, au beau milieu de tous ces paramètres, comment se forger un avis sur la durée de vie d'un site ? Frédéric Colas se risque à l'exercice, selon la fonction du site : "Plus le site a un caractère transactionnel, plus il est important de ne pas perdre le client en changeant ses habitudes de navigation. En partant de ce constat, on peut dresser une typologie des sites. Les sites corporate et les sites informationnels peuvent vivre deux ou trois ans, et suivent l'évolution des designs et des technologies. Les sites de services survivent un peu plus longtemps. Les sites transactionnels mettent, eux, plus de temps à évoluer, car les changements d'ergonomie doivent être pensés longtemps à l'avance."

  En savoir plus
 Fullsix
 Frédéric Colas
Séminaire Benchmark Animer et faire vivre son site Web
Dossier   Marques
  Le site
Dragonrouge.com

Reste encore un problème à régler : de plus en plus de sites endossent des rôles multiples. Certains portails transactionnels, par exemple, constituent à la fois le produit (une expérience d'achat), le packaging, et le principal vecteur de communication de la marque. Dans ces conditions, il est difficile d'arrêter le juste calendrier quant au rythme des refontes. Et tout aussi risqué de faire évoluer un élément du site indépendamment des autres. Bref, il faut savoir raisonner selon le plus petit dénominateur commun.

Raphaële KARAYAN, JDN
 
Accueil | Haut de page
 
 

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International