ANALYSE 
Collecte d'adresses e-mails : les 10 règles à suivre
LCEN, nouvelle Loi informatique et libertés, multicanal : la collecte d'adresses est en pleine mutation. Les repères pour vous en sortir.   (08/11/2004)
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Dossier   e-mail marketing

Si l'e-mail marketing séduit un nombre croissant d'annonceurs on et offline en raison de son faible coût, la collecte efficace des adresses électroniques à des fins de prospection n'est pas si simple qu'il y paraît de prime abord. Car dans ce domaine, plusieurs paramètres délicats sont à prendre en compte.

Les plus récents sont d'ordre juridique. La Loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN), adoptée en juin dernier, et la nouvelle Loi informatique et libertés, validée par le Conseil constitutionnel en août, fixent de nouvelles contraintes dont l'annonceur doit impérativement tenir compte. Toutefois, en l'absence du décret d'application ou de jurisprudence, déterminer les bonnes pratiques reste un art délicat.

Les autres paramètres à prendre en compte sont plutôt d'ordre marketing, même si leur définition est étroitement liée à l'évolution du cadre réglementaire. Quel canal de collecte d'adresses mail est le plus efficace ? Quelle doit être la longueur des formulaires ? Faut-il aller vers la collecte multicanal ? Pour apporter des réponses aux 10 questions clefs, le Journal du Net a interrogé plusieurs spécialistes sur ce sujet. Mode d'emploi pour collecter efficacement des adresses e-mails.

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 Christophe Cousin
 SNCD
 Hi-Media

Obtenir le consentement préalable à l'utilisation de l'adresse. Conséquence de la LCEN (lire à ce sujet la tribune juridique de Me Franklin Brousse), les entreprises qui aujourd'hui collectent des adresses électroniques, doivent impérativement obtenir le consentement préalable des personnes dont elles recueillent l'e-mail pour pouvoir ensuite les utiliser à des fins de prospection commerciale. D'après la loi, ce consentement doit être la "manifestation d'une volonté libre, spécifique et éclairée". Problème : la loi reste muette sur la façon d'obtenir ce consentement. En l'absence de directive précise, l'ensemble des professionnels, y compris le Syndicat national de la communication directe (SNCD), recommande d'utiliser le consentement actif, en proposant aux internautes une case à cocher, un menu déroulant ou tout dispositif qui implique une action de l'internaute. Au-delà, les informations concernant le recueil du consentement doivent être très claires et surtout visibles. "Ces informations doivent être de la même taille que le reste du texte, indique Christophe Cousin, président de la commission Internet du SNCD. Le fait de cocher une case ne doit pas non plus être conditionné par un gain, et les clauses concernant la collecte de données ne doivent pas être situées en-dessous de la case à cocher." Pour éviter toute équivoque sur ce point et forcer les internautes à se positionner, Hi-Media conseille aux éditeurs de faire précéder la case à cocher d'une question claire du type : "Acceptez-vous de recevoir des offres de nos partenaires ? Oui ? Non ?" La validation du formulaire étant, in fine, soumise au fait que l'internaute ait coché l'une ou l'autre case.

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Indiquer la finalité du traitement. La nouvelle Loi informatique et liberté, adoptée au mois d'août dernier, impose aux entreprises qui collectent des données personnelles d'améliorer l'information faite aux personnes. "L'article 32 prévoit notamment que l'internaute soit averti de la finalité du traitement des données collectées, indique Leslie Basse, juriste à la division des affaires économiques de la Cnil. Cela implique que la société doit indiquer clairement sur le formulaire de collecte de données le but de celle-ci. Cette collecte sert-elle, par exemple, à la gestion de commande ou encore à des opérations ultérieures de prospection. L'identité du collecteur doit également être explicite, c'est-à-dire que le nom de l'entreprise doit apparaître clairement, ainsi que ses coordonnées. Enfin, si la base est transférée en dehors de l'Union européenne, les personnes qui y figurent doivent en être informées."

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 ETO
Qualification des adresses : faire simple. Plutôt que d'assommer les internautes ou les consommateurs avec un long formulaire pour qualifier les adresses et risquer qu'ils n'arrivent pas au bout des questions posées, mieux vaut proposer un formulaire très court, comportant juste les données essentielles, tels que le nom, le prénom, la civilité, l'âge, l'adresse postale. Une liste à laquelle s'ajoute, évidemment, le recueil du consentement de l'internaute pour pouvoir exploiter ces données ultérieurement. "On peut également aller vers des mécanismes de collecte encore plus simples, comme cela commence à être le cas aux Etats-Unis, ajoute Yan Claeyssen, directeur marketing d'ETO. Lors du premier contact, on demande simplement à l'internaute son adresse e-mail et son consentement pour ensuite, qualifier l'adresse au fil de l'eau par des questions qui ne seront pas perçues comme intrusives, car s'inscrivant dans un processus de relation client." De manière générale, il faut veiller à ne pas être trop long et à poser les bonnes questions. Une étape où le pragmatisme prime et pour laquelle il n'est pas inutile d'effectuer deux ou trois tests utilisateurs.

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 Come and Stay
Etre vigilant à la légitimité des questions. Lorsque l'offre de produits ou de services est complexe, les entreprises peuvent se permettre de proposer un questionnaire plus qualifié. Toutefois, il faut veiller à la cohérence des questions avec le métier ou l'offre de l'entreprise. Celles-ci doivent être perçues comme étant légitimes par l'internaute, sans quoi les formulaires ne seront pas remplis ou seront incomplets. "Il est possible de mettre une incentive intermédiaire pour encourager les internautes à remplir tout le questionnaire, suggère Carole Walter, présidente de Come and Stay. Mais dans le cas où le questionnaire est long, il faut s'arranger pour que la demande de consentement avec sa définition figure au début du questionnaire afin de pouvoir au moins utiliser l'adresse si le questionnaire n'est pas rempli."

Essayer la collecte ludique. Les jeux ont de plus en plus la cote en matière de collecte d'adresses e-mails. De l'avis de beaucoup de professionnels, le opérations ludiques assurent des volumes importants, des adresses de qualité et, au final, de très bons retours, pour un coût très acceptable. "Le prix d'une adresse faiblement qualifiée collectée via un jeu oscille entre 1 à 2 euros l'unité, indique Carole Walter de Come and Stay. Si le questionnaire est plus pointu, il faut compter 10 euros." L'utilisation des jeux pour collecter des e-mails nécessite toutefois le respect de certaines règles. La plus importante est d'informer l'internaute de l'utilisation qui sera faite de son adresse électronique et de lui demander s'il souhaite recevoir des e-mails de prospection. S'il refuse, l'adresse ne pourra jamais être utilisée à cette fin. Attention, si les jeux offrent en général de bons résultats, ils ne conviennent pas forcement à tous les sites. Les jeux peuvent par exemple être discriminants en terme de cible. "Ils sont très efficaces auprès des moins de 25 ans et des CSP moyennes, indique Marianne Bellamy, directrice commerciale et développement chez Hi-Media direct. En revanche, ils le sont moins auprès des CSP + et des clients professionnels. Pour cette cible, il vaut mieux justifier la collecte et le recueil du consentement par une notion de service aux internautes."

Collecter via une newsletter. La newsletter est également un outil efficace pour collecter des adresses e-mails de qualité. Mais là encore, le collecteur doit clairement indiquer à l'internaute les finalités de cette collecte et demander l'accord préalable à l'internaute, s'il souhaite utiliser ce fichier à des fins de prospection. Autre problème : il faut être capable de produire un contenu pour assurer une publication régulière de cette newsletter.

Attention au parrainage. Si le parrainage est très efficace, la position des textes de loi dans ce domaine n'est pas très claire. Selon la Cnil, envoyer un e-mail à une personne dans le cadre d'une collecte pour obtenir son consentement pour être démarché, même si cette adresse a été fournie par un parrain, n'est pas valable. "Pour que le parrainage soit accepté, il faut que le filleul rentre en contact avec la société pour laquelle il a été parrainé et l'autorise à utiliser son adresse électronique."

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 Edatis
Favoriser les mécanismes multicanal. Pour les entreprises qui disposent d'une présence offline, la collecte d'adresses e-mails via des formulaires "papier" distribués dans les magasins, ou via un asile-colis, peut représenter une réelle opportunité. L'annonceur doit toutefois être vigilant sur plusieurs points. Comme pour la collecte d'adresses électroniques online, il doit demander au préalable sur ce formulaire offline l'accord explicite de la personne pour pouvoir la recontacter par la suite par e-mail. Il doit également faire attention à la bonne saisie de l'adresse lors du traitement des formulaires. Pour limiter ce problème, il est possible, comme le suggère Carole Walter, de mettre en place un système de double saisie de l'adresse par l'opérateur. Une opération que Lionel Avot, directeur commercial et marketing d'Edatis, juge toutefois trop coûteuse. "Il est préférable de mettre en place, en interne, un petit programme permettant de tester automatiquement la syntaxe de l'adresse ainsi que le nom de domaine et de savoir si l'adresse existe déjà dans la base." Il est également possible, pour limiter les coûts de traitement et les erreurs, de rediriger les internautes contacter offline vers un site de jeux aux couleurs de la société où l'adresse mail sera alors confirmée. Enfin, avant toute location à des tiers des adresses ainsi collectées, mieux vaut tester l'adresse pendant quelque temps en interne pour être sûre que cette boîte au lettre est active.

Ne pas viser tout de suite l'homogénéité. Dans une stratégie de collecte multicanal, il est difficile d'obtenir d'emblée un niveau de qualification homogène de la base formée. Mieux vaut viser, à chaque étape, une collecte des données directement exploitables sur le canal. Ces données pourront par la suite être enrichies pour améliorer la connaissance du client et homogénéiser la base constituée.

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Rédiger une charte de déontologie multicanal. Pour éviter tout problème de cohérence entre les différents canaux, et des coûts inutiles, il est préférable de rédiger une charte de déontologie sur la collecte d'adresses e-mails qui pourra être utilisé par tous les canaux dans l'entreprise. Cette charte sera une véritable feuille de route et servira à assurer une cohérence entre chaque canal.

 Ce qu'il vous faut retenir
Le recueil du consentement de l'internaute doit être actif. Il est impératif de préciser clairement sa finalité. Toutes les informations concernant la collecte de données personnelles doivent être visibles, accessibles et claires.
La finalité du traitement, même s'il ne s'agit pas de prospection, doit être indiquée à l'internaute, ainsi que l'identité de l'entreprise.
Privilégiez les formulaires courts (nom, âge, sexe, adresse, civilité). Le recueil du consentement doit figurer en haut du questionnaire.
N'hésitez pas à utiliser les jeux pour collecter des adresses, sauf si votre cible est plutôt CSP + et professionnelle.
Attention au parrainage. On ne peut envoyer un e-mail à un filleul pour obtenir son consentement.
Lors de la collecte offline d'adresses e-mails, demander l'accord préalable et explicite de la personne pour pouvoir la recontacter.
Pour les adresses collectées offline, installez un logiciel qui validera la syntaxe et les noms de domaine des mails récupérés.
N'hésitez pas à rediriger vos clients offline vers un jeux online pour collecter leur e-mail.
Pour une plus grande cohérence entre les canaux, rédigez une charte de déontologie multicanal sur la collecte d'e-mails.
Anne-Laure BERANGER, JDN
 
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