SFR a lancé mercredi son offre de téléphonie mobile de troisième
génération, devançant ainsi Orange qui prévoit de commercialiser
la sienne pour la fin de l'année (lire l'article
du 12/10/2004). La marque détenue par Vivendi et Vodafone
mise beaucoup sur l'UMTS et n'hésite pas à investir sur cette technologie. Les licences lui ont déjà coûté 619
millions d'euros il y a deux ans et les investissements pour
l'infrastructure réseau 3G se monteraient à plus de 500 millions
d'euros, toutes réalisées en auto-financement.
Sur 10 ans, de 2001 à 2011, SFR prévoit d'investir plus de 3 milliards d'euros,
hors licences, dans le réseau. A titre de
comparaison, l'opérateur avait investi 100 millions d'euros sur les
trois premières années du développement de son réseau de deuxième
génération.
La gamme des portables utilisés par la marque et compatibles
avec l'UMTS a été élargie à huit modèles, dont quatre exclusivités
: le Sony Ericsson V800, le Motorola V980 et les Sharp 802
et 902SH. "Nous avons tenté d'offrir une gamme de prix variée
pour mettre cette technologie à la disposition du plus grand
nombre", a expliqué Pierre Bardon, directeur général de SFR, lors de la conférence de presse présentant le lancement.
Le prix des forfaits sera compris entre 46 euros pour
3 heures d'appel vocal ou 1h30 de visio et 142 euros pour
15 heures d'appel vocal ou 7h30 de visio. Sont exclus de
ces forfaits les téléchargements de musique, facturés 2
euros le titre, et de vidéo (bande-annonce de film par exemple)
à 65 centimes l'unité ainsi que la télévision en direct, qui coûte
50 centimes d'euros la minute.
Un accord a été
passé avec six chaînes de télévision
pour qu'elles soient opérationnelles avant la fin de
l'année : Euronews et Fashion TV, déjà
disponibles, ainsi que Ciné Infos, I-Télé,
Live 1 et L'Equipe TV.
L'objectif est d'atteindre 500.000 clients UMTS d'ici fin
2005. SFR place surtout ses espoirs sur le service de visio,
qui permet de voir son interlocuteur, et de vidéo, pour visionner
des contenus. L'opérateur espère ainsi devenir le référent
dans le domaine de la téléphonie mobile de troisième génération,
s'appuyant sur les licences qu'il co-détient en France avec
Orange pour vingt ans.
58 % de la population couverte fin 2005
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Pierre Bardon a
également précisé que sa société pensait toucher les sourds et mal-entendants
avec ces nouveaux services. Ils pourront bénéficier
de demi-tarifs sur l'ensemble des forfaits 3G.
Sur les 104 communes françaises de plus de 50.000 habitants, 64 sont
déjà ouvertes, ce qui représente 38
% de la population (58 % fin 2005, conformément aux
exigences de l'Autorité de Régulation des Télécoms)
et plus de 50 % des zones d'appels des abonnés SFR.
Le service a été lancé simultanément
dans 12 pays européens et au Japon, où la 3G
est déjà la norme dominante.
Les inquiétudes autour de l'UMTS ne semblent pas perturber
la foi de la direction de l'opérateur dans cette technologie. Face au retard
pris en Europe et à la concurrence d'autres réseaux en développement,
comme le Wi-Fi, SFR mise sur la mobilité et la convergence
des médias sur le portable.
Le
Wi-fi, concurrent ou complément ?
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"C'est déjà une grosse performance que d'être disponible
dès aujourd'hui, a expliqué Frank Esser, le PDG de SFR. De plus, nous sommes certains que la 3G pourra
se montrer complémentaire avec les autres technologies. Les
clés VMCC permettent par exemple de brancher le mobile avec un PC et nous
pouvons même nous appuyer sur le réseau Wi-Fi existant. SFR
est d'ailleurs également présent sur ce secteur."
Concernant
le problème des batteries, qui avait fait dire à
Sanjiv Ahuja, directeur général d'Orange, "si
vous voulez de la chaleur, je vous conseillerais pour cela
le portable 3G... On peut faire frire des oeufs dessus",
la direction de SFR affirme qu'il est en passe d'être
réglé. "Cela dépend des téléphones,
bien sûr, mais s'il y a échauffement, il est
très léger. Tous les modèles ont été
longuement testés", assure Pierre Bardon. De plus,
les batteries des différents modèles devraient
permettre d'obtenir une autonomie à peu près
équivalente à celle des modèles en 2G.
Enfin, le directeur général de SFR a reconnu
suivre avec intérêt les études en cours sur l'éventuel danger
des antennes-relais 3G, "même si aucune corrélation n'a jamais
pu être prouvée". Deux associations, Priartem et Agir pour
l'environnement, réclament pourtant un moratoire sur l'UMTS.
Stephen Kerckhove, d'Agir pour l'Environnement, souhaite "une
implication dans le débat du Ministre de la Santé
et une vraie étude au préalable sur les dangers",
s'appuyant sur une étude néerlandaise d'octobre
2003 qui dénonce les effets des antennes-relais de
3G sur la santé. Mais avec l'annonce du lancement des
offres commerciales, SFR a accéléré le débat.
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