Les téléchargements légaux de musique
ont été multipliés par dix en un an.
C'est la principale conclusion du rapport de l'Ifpi (Fédération
internationale de l'industrie phonographique) sur le marché
de la musique en ligne. Le nombre de morceaux téléchargés
en 2004 s'élèverait à 200 millions, contre
20 millions en 2003. Citant une étude de Jupiter Research,
l'Ifpi évalue à 330 millions de dollars le chiffre
d'affaires du marché l'an passé. Des revenus
qui pourraient être doublés cette année.
Il faut dire que l'année 2004 a été marquée
par un enrichissement sensible du contenu proposé : le
catalogue des plus grosses plate-formes légales est
passé de 500.000 morceaux disponibles à un million.
Dans les prochaines années, le total des ventes de
musique sur Internet pourrait représenter le quart
du chiffre d'affaires total des majors. Les marchés
les plus dynamiques se situent en Europe, le continent comptant
150 des 230 plate-formes en activité dans le monde.
Le Royaume-Uni
compte 30 services de téléchargement répertoriés,
contre une vingtaine en Allemagne et une dizaine en France.
Le marché asiatique se montre, lui, particulièrement
actif pour le téléchargement de musique sur
mobile. Globalement, l'écart se réduit entre
l'Europe et les Etats-Unis, qui reste le marché numéro
un avec 142,6 millions de morceaux téléchargés
en 2004 et 5,5 millions d'albums. En Europe, c'est encore
le Royaume-Uni qui arrive en tête des ventes avec 5,7
millions de titres téléchargés.
Au niveau des plates-formes, l'iTunes Music Store continue
de dominer outrageusement le marché. L'offre d'Apple
a dépassé les 100 millions de titres téléchargés
dès le mois de juillet 2004, profitant de l'écrasante
domination de l'iPod sur le marché des baladeurs numériques.
Depuis son lancement, iTunes aurait vendu près de 230
millions de titres.
L'Ifpi souligne que l'année a été rythmée
par les ouvertures de nouvelles plates-formes, dont Wal-Mart
aux Etats-Unis en mars, et iTunes et MSN Music en Europe de
l'Ouest dans la deuxième partie de l'année.
Le rythme devrait s'accentuer cette année, avec d'importants
lancements en prévision : celui d'iTunes au Japon,
ou encore celui de Rhapsody sur plusieurs marchés européens.
Autre signe avant-coureur, les ventes se sont accrues au fil
de l'année 2004 pour atteindre un pic au mois de décembre.
Aux Etats-Unis, elles sont allées jusqu'à sept
millions par semaine.
L'Ifpi, qui regroupe 1.450 producteurs et distributeurs d'oeuvres
phonographiques dans le monde, n'en oublie pas pour autant
le piratage. Selon elle, sur dix personnes téléchargeant
de la musique en ligne, neuf le font illégalement.
Des estimations qui sont toutefois au-dessus de tous les autres
chiffres disponibles sur le sujet. L'Ifpi évalue également
le manque à gagner dû au peer-to-peer à
2,1 milliards de dollars.
Dans le même temps, la fédération affirme
que la lutte contre le piratage est sur la bonne voie, grâce
aux 7.000 actions en justice engagées par les maisons
de disques contre des particuliers aux Etats-Unis, au Canada,
en France, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, au Danemark
et en Autriche, et grâce à l'amélioration
de l'offre des plates-formes légales.
Un constat que tout le monde ne partage pas. Une étude
du cabinet britannique Shelley Taylor & Associates se montre
très critique envers les magasins en ligne, dénonçant
les difficultés de leurs systèmes de navigation
et surtout l'obligation pour le client d'adopter leurs formats
propriétaires et donc leurs lecteurs multimédias.
Principal accusé : l'iTunes Music Store, qui vend des
titres uniquement lisibles sur l'iPod d'Apple. "L'enthousiasme
initial des consommateurs en est douché, quand ils réalisent
qu'ils ont été dupés, qu'il y a plus de limites imposées à des
téléchargements numériques légaux, aux lecteurs de médias et
aux appareils portables, qu'on ne leur avait dit", indique
l'étude. Il reste donc du travail pour l'Ifpi. |