Accéder par un site unique et personnalisable avec un seul identifiant/mot de passe à l'ensemble des informations et des téléprocédures administratives souhaitées par l'usager : si le projet tient ses promesses, le lancement fin 2006 de Mon.service-public.fr (MSP) sera l'aboutissement du vaste chantier de modernisation entamé par l'administration française.
Dans un premier temps, la dématérialisation des services publics
a consisté uniquement dans la mise en ligne d'informations administratives.
Puis les administrations ont commencé à dématérialiser leurs
procédures, en mettant en place des téléservices dont le plus populaire est la déclarations de revenus en ligne. L'agrégation
des différents services est une ultime étape, qui permettra
de profiter de l'unicité de lieu et de la supression des contraintes
de temps rendues possibles par le Web.
Accessible depuis Service-public.fr (684.000 visiteurs uniques en décembre
2004, selon Nielsen//Netratings), Mon.service-public.fr se veut à la fois un kiosque d'information unique, agrégeant
l'ensemble des informations administratives que l'usager mettra
dans son "panier", et un guichet unique, pour les téléprocédures
qu'il choisira d'utiliser. MSP ne sera toutefois pas un point de passage obligatoire,
mais simplement un moyen supplémentaire et alternatif d'entrer
en relation avec l'administration.
Une messagerie proposée en webmail
Jean-Séverin Lair, chef de mission "Services aux
usagers" à l'ADAE, qui conçoit et coordonne le projet, détaille
le fonctionnement du futur service : "L'usager se créera un
compte personnel pour accéder aux services de base : actualités,
messagerie, échéancier, système de rappels de dates clés générales
ou particulières, etc. S'il souhaite profiter de services plus
fins, il pourra se créer un porte-documents, et accéder à l'ensemble
de ses dossiers au sein des divers services partenaires, en
ne s'identifiant qu'une seule fois."
Les fonctionnalités seront différentes selon que l'usager se
connecte en tant que particulier, association ou professionnel.
La messagerie pourra être relayée vers une boîte personnelle,
mais sera proposée en webmail, de sorte que les usagers puissent
l'utiliser à partir de bornes d'accès publiques. Quant à la
création du lien entre MSP et les dossiers personnels des usagers
dans chaque administration, c'est là que réside le véritable
enjeu technique du projet.
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Mon.service-public.fr
:
le calendrier |
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2003 :
première idée politique |
octobre 2003 - avril 2004 : développement et
test de la maquette auprès de "100 pionniers" (ergonomie,
navigation) |
octobre 2004 - avril 2004 : développement
du site pilote |
mai 2005 - octobre 2005 : test de la version
pilote fonctionnelle auprès de 500 utilisateurs
(fonctionnalités) |
fin 2006 : ouverture du service aux usagers |
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Mon.service-public.fr
:
le budget |
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Conception
et développement de la réalisation finale :
3
millions d'euros |
Budget
de fonctionnement :entre dans le cadre de la plate-forme
de l'ADAE |
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Un système d'authentification à tiroirs
"Tout le problème, explique Jean-Séverin Lair, est de trouver
un moyen d'accès unique, qui n'oblige pas à connaître l'état-civil de la personne ou à stocker ses identifiants, pour des
soucis de confidentialité. Pour cela, nous employons la technologie
de la fédération d'identité." La méthode retenue est la suivante
: l'usager crée et accède à son compte en entrant un identifiant
et un mot de passe, ou une carte à puce. Ensuite, s'il
veut établir un lien entre son compte MSP et son compte à la
CAF, par exemple, il devra s'identifier comme étant le détenteur
de ce compte, en fournissant directement à la CAF des renseignements
personnels. Ce lien, établi une fois pour toutes, lui permettra
de communiquer avec la CAF via son compte MSP. Au final, une
fois que tous les liens souhaités seront établis, l'usager aura
accès à tous ses dossiers en ne s'identifiant qu'une seule fois,
avec son nom d'utilisateur et son mot de passe ou sa carte à
puce.
Dans l'autre sens, les services publics n'auront accès qu'aux
informations qui les concernent, et uniquement avec l'accord
de l'usager.
Le projet, dont le budget pour le développement et la réalisation finale se monte à 3 millions d'euros, est actuellement dans sa phase pilote. Après un test
de la charte ergonomique et graphique auprès de 100 "pionniers"
tirés au sort parmi 2.000 volontaires sur le site de
l'ADAE, lancé fin 2003 et destiné à cerner les besoins, une
version pilote fonctionnelle est en cours de développement depuis
octobre 2004.
Les prestataires sélectionnés sont France Télécom
pour la partie technique, Bull pour l'expérimentation et Sémantys
pour l'assistance à maîtrise d'ouvrage. L'objectif du test,
qui démarrera en mai auprès de 500 utilisateurs choisis au sein
du personnel de la Documentation française et de panels des
services partenaires (CNAF, Unedic
), est de valider les choix
techniques et la compréhension des fonctionnalités. Cette version
pilote intégrera des services réels, comme ceux de la CAF, de
l'ANPE ou de l'Unedic.
Sélectionner
les services indispensables dès l'ouverture
"Les retours du premiers test ont été très positifs, indique
Jean-Séverin Lair. Pour le deuxième, nous attendons des gens
moins experts, tandis que nous abordons la plupart des problèmes
techniques. Ensuite, il faudra mettre en ordre de marche le
bouquet de services. Pour l'instant, il n'y a pas tant de dossiers
disponibles que ça." Ce qui préfigure une série de négociations
avec l'ensemble des services publics concernés.
"L'essentiel est de sélectionner
les partenaires indispensables dès l'ouverture, comme l'administration
fiscale et les apporteurs de droits sociaux. Pour le reste,
et notamment le secteur de la santé, leur présence dans MSP
dépendra de décisions politiques."
Outre la volonté politique, il reste encore quelques obstacles
à surmonter, pour gagner la confiance des différents acteurs
en présence. Sur le plan de la confidentialité, la CNIL n'a
pas encore rendu d'avis formel sur le service. Sur le plan de
la sécurisation, il sera nécessaire de convaincre les services
partenaires que l'ouverture d'une deuxième voie d'accès à leur
site est plus une source de dynamisme que de danger. |