Classée première plate-forme de téléchargement
légal en France par Nielsen NetRatings (622.000 visiteurs
uniques en janvier 2005), Virgin Mega ne compte pas s'en arrêter
là. Sur le front commercial, l'entreprise codétenue
par Virgin Stores et Lagardère Active Musique lance
une carte prépayée de téléchargement.
Le but de cette offre est de convaincre les sceptiques du
paiement en ligne et de renforcer les synergies entre la plate-forme
et les magasins physiques. Cette carte ne sera en effet que
commercialisée que dans les magasins Virgin, au prix
unique de 9,99 euros. Un code sera délivré sur
le ticket de caisse au moment de l'achat de la carte. Ce code
sera utilisable sur le site.
Dans la foulée, Virgin Mega a annoncé le lancement
de services en marque blanche. Premier servi : Europe 2, qui
utilisera la catalogue Virgin pour son site. Suivront RFM
et MCM, d'autres accords étant en discussions. Autre
priorité pour 2005 : le développement des services
mobiles. Avant la fin de l'année, les abonnés
mobiles devraient avoir la possibilité de télécharger
des titres complets sur leur téléphone portable
et des offres couplées "morceau et sonnerie"
pourraient voir le jour. Virgin espère ainsi faire
doubler ses revenus mobiles, 2,2 millions de logos et sonneries
ayant été téléchargés l'an
passé.
A l'occasion
de ces lancements commerciaux, le portail est revenu sur son
bilan 2004, revendiquant une part de marché de 35 %
sur la France, contre 31 % pour 'iTunes Music Store d'Apple
et 22 % pour Fnac Music. Apple affirme, de son côté,
détenir 70 % du marché mondial, sans fournir
de chiffre détaillé sur le marché français.
Virgin aurait ainsi enregistré un million de morceaux
téléchargés. "Un énorme pas
a été franchi l'année dernière,
a indiqué Jean-Noël Reinhardt, président
de Virgin Mega, au cours d'une conférence de presse.
Mais il nous faut continuer d'avancer cette année,
car les nouveaux produits sont au coeur de la stratégie
de Virgin."
Toujours selon les données présentées
par le portail, le téléchargement légal
aurait été multiplié par trois l'année
dernière en France. Pour suivre cette montée
en puissance, les catalogues ont été élargis.
En décembre dernier, Virgin disposait ainsi de 500.000
titres. Le portail devrait passer à 800.000, voire
900.000, titres avant la fin 2005.
Le
peer-to-peer n'est pas le seul à être montré du doigt |
Malgré ces chiffres encourageants, la direction de
Virgin Mega ne cache pas ses inquiétudes concernant
le développement économique du secteur. Et le
peer-to-peer n'est pas le seul à être montré
du doigt. Premier problème : le blocage de certains
artistes et maisons de disque à passer en ligne leur
répertoire. Exemples : Jean-Jacques Goldman, Serge
Gainsbourg, Michel Berger ou les Beatles ne sont pas présents
sur Virgin. Les plates-formes légales espérent
faire pencher la balance en leur faveur grâce à
la percée des plates-formes légales.
Autre sujet polémique : la compatibilité des
DRM. La plainte déposée par Virgin au Conseil
de la concurrence sur les pratiques d'iTunes a été
déboutée. Néanmoins, la société
continue de demander la mise à disposition des protections
utilisées par Apple, sans aller jusqu'à réclamer
l'interopérabilité. Jean-Noël Reinhardt
s'inquiète également des pratiques tarifaires
en vigueur sur les sites de téléchargement.
Des pratiques qui n'assureraient pas en l'état un avenir
financier. "C'est un modèle anti-économique,
estime-t-il. Sur un titre à 0,99 euro, Virgin Mega
réalise une marge d'un centime d'euro." Les revenus
se répartiraient ainsi : 0,16 euro de TVA, 0,70 euro
pour les producteurs (maison de disque, ayant-droits), 0,07
euro pour la Sacem et 0,05 euro de frais techniques.
Pour le président de Virgin Mega, deux solutions sont
possibles pour faire progresser la marge : trouver un
nouvel équilibre avec les maisons de disques ou augmenter
les prix de vente. Mais au vu des problèmes rencontrés
par les plates-formes pour faire signer les majors (lire
l'article
du 31/01/2003), il semble difficile de renégocier
une nouvelle distribution des revenus. Jean-Noël Reinhardt
penche donc pour une hausse du prix des titres.
Une décision qui devrait être rapide puisque Virgin
Mega s'est fixé l'objectif d'atteindre l'équilibre
en 2008. Pour l'instant, l'entreprise en semble loin. Elle indique
seulement avoir dépensé 3 millions d'euros en
communication sur l'année écoulée, "pour
le travail continu d'éducation et d'information sur le
téléchargement légal".
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