Le temps est au beau fixe chez les opérateurs mobiles.
Eux qui ont misé beaucoup sur le développement
du haut débit commencent à récolter les
fruits de leurs investissements. Selon les derniers chiffres
publiés par l'Autorité de régulation des
communications électroniques et des postes (Arcep) sur
le marché, les revenus des différents opérateurs
sont en effet à la hausse, le revenu mensuel par client
actif (Arpu)
ayant même augmenté de quatre euros entre le quatrième
trimestre 2004 et le premier trimestre 2005, passant de 35,1
euros à 39 euros. Une manne supplémentaire de
500 millions d'euros en l'espace de trois mois pour Orange,
SFR et, dans une moindre mesure, Bouygues Telecom.
Evolution
des revenus des opérateurs et de l'Arpu au premier
trimestre 2005
(en
millions d'euros) |
|
1er
trimestre 2005 |
4ème
trimestre 2004 |
Croissance
trimestrielle |
Croissance
annuelle |
Revenu
total
|
4.985 |
4.389 |
+ 13,6 % |
+ 22,2 % |
Revenu
moyen par mois et par client (Arpu) en euros
|
39,0 |
35,1 |
+ 11,1 % |
+ 14,4 % |
Source
: Arcep, juillet 2005 |
Au moment où les tarifs de la voix ont tendance
à baisser et où l'usage des SMS sature, il s'agit
du premier effet visible de la téléphonie mobile
de troisième génération (3G).
La tendance devrait se confirmer lors de la publication des
prochains chiffres des revenus, le nombre des abonnés
3G ayant effectué une légère percée
entre mars et juin, selon SFR et Orange, pour arriver à
150.000 environ à la fin du deuxième trimestre
2005 chez chacun des opérateurs 3G. Des chiffres à
rapprocher de l'évolution du parc actif multimédia,
qui continue à progresser. Selon l'Arcep, il était
de 10,7 millions à la fin du mois de juin, soit près
d'un quart de l'ensemble du parc.
Evolution
du parc actif multimédia au deuxième trimestre
2005 |
|
Juin
2005 |
Mars
2005 |
Décembre
2004 |
Parc
actif multimédia
|
10.708.500 |
10.377.600 |
10.306.800 |
Part
du parc actif total
|
24,8 % |
24,2 % |
24,3 % |
Croissance
trimestrielle
|
+
330.900 |
+ 70.800 |
+ 2.244.300 |
Croissance
en %
|
+ 3,2 % |
+ 0,7 % |
+ 27,8 % |
Source
: Arcep, juillet 2005 |
Les opérateurs peuvent donc passer des vacances tranquilles : la
croissance devrait encore être au rendez-vous dans les
mois à venir, tirée par le haut débit,
mais aussi par la croissance du parc, qui ne semble toujours
pas avoir atteint le point de saturation. Le taux de pénétration
vient à peine de dépasser les 75 %, un chiffre
qui reste sensiblement inférieur à nos voisins
européens. Avec toutefois de fortes disparités.
En région parisienne, par exemple, les utilisateurs commencent
à s'équiper d'un deuxième terminal, le
taux de pénétration atteignant 106 %. Mais
il s'agit là de la seule région française
où le phénomène est observable, alors qu'ailleurs
il peut se produire sur un pays entier (pays nordiques notamment).
Evolution
du parc de clients au deuxième trimestre 2005 |
Opérateur
|
Juin
2005
(part de marché) |
Mars
2005
(part de marché) |
Croissance
trimestrielle en clients |
Croissance
trimestrielle en % |
Orange
|
21.472.100
(47,3 %) |
21.322.700
(47,5 %) |
+ 149.400 |
+ 0,7 % |
SFR
|
16.225.400
(35,8 %) |
16.014.700
(35,5 %) |
+ 210.700 |
+ 1,3 % |
Bouygues
Telecom
|
7.664.200
(16,9 %) |
7.573.800
(16,9 %) |
+ 90.400 |
+ 1,2 % |
Total
|
45.382.800 |
44.926.600 |
+ 456.200 |
+ 1,0 % |
Taux
de pénétration
|
75,2 % |
74,5 % |
|
|
Source
: Arcep, juillet 2005 |
Mais tous les opérateurs ne savoureront pas leurs vacances
de la même façon. Ainsi, Orange poursuit son déclin
relatif, avec une part de marché qui continue de baisser.
En un an, la filiale mobile de France Télécom
a perdu un point de part de marché. Sur le dernier trimestre,
la part d'Orange a ainsi reculé de 0,2 %, presque
exclusivement au profit de SFR. Bouygues Telecom reste stable
pour sa part, avec près de 17 % de l'ensemble du
parc.
La différence entre opérateurs semble se faire
avant tout sur les primo-accédants, puisque la portabilité
reste marginale. Malgré la volonté du régulateur
et du gouvernement pour améliorer les conditions de changement
d'opérateur, le nombre de numéros portés
demeure désespérément bas : 66.000
numéros sur le dernier trimestre (0,1 % du marché),
c'est encore moins que le trimestre précédent,
où l'on en comptait 71.700, et c'est à peine mieux
que les chiffres du début de la portabilité (45.300
au 31 décembre 2003).
Trafic
trimestriel des SMS |
|
2ème
trimestre 2005 |
1er
trimestre 2005 |
4ème
trimestre 2004 |
Trafic
trimestriel de SMS sortants (en millions)
|
3.184 |
3.232 |
3.016 |
Trafic
mensuel moyen de SMS par client actif
|
23,9 |
24,5 |
23,4 |
Croissance
trimestrielle (en millions)
|
- 47,4 |
+ 216,1 |
+ 305,5 |
Croissance
en %
|
- 1,5 % |
+ 7,2 % |
+ 11,3 % |
Source
: Arcep, juillet 2005 |
Si le moral du marché est bon, les opérateurs
pourraient toutefois avoir une raison de s'inquiéter.
Ils sont en effet confrontés à la chute d'une
de leurs principales sources de revenus, les SMS. L'usage commençait
déjà à se tasser lors des trimestres précédents.
Cette fois, la tendance se confirme. Entre mars et juin 2005,
et pour la première fois depuis l'apparition des SMS,
le nombre total de messages envoyés est en baisse. En
moyenne, les Français ont envoyé un message en
moins ce trimestre en comparaison avec le début de l'année.
Et comme l'usage des MMS tarde à prendre le relais, les
opérateurs pourraient avoir à remettre en question
leur politique tarifaire en la matière.
Le décollage des usages du haut débit tombe donc
à point nommé pour les opérateurs. De l'avis
des observateurs, de nombreuses améliorations pourraient
encore leur permettre d'accroître leurs revenus, comme
la simplification des paiements sur les services 3G ou Edge
(vidéo à la demande, musique, télévision
notamment), ou encore le lancement de forfaits multimédia
tout compris, avec accès et communications illimitées.
Enfin, la baisse des tarifs, qui commence à s'amorcer,
pourrait réellement lancer l'utilisation de ces services
et pérenniser la part du multimédia dans les activités
des opérateurs.
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