La démocratisation du haut débit et la course aux Megabits
ont fait de la vidéo l'un des services les plus appréciés
du Web. Toutefois, le téléchargement, de plus en plus rapide, n'a
pas tué le streaming,
qui permet de stocker temporairement une vidéo et de la lire pendant le
transfert entre le serveur et son ordinateur. Celui-ci connaît même
un succès croissant, tant auprès des éditeurs que des internautes.
En effet, avec la généralisation de la vidéo, l'utilisateur
ne souhaite pas forcément conserver toutes les images qu'il peut consulter
sur Internet. De plus, le streaming peut être une solution de teasing,
afin d'illustrer un produit. C'est le même principe que pour les plates-formes
de téléchargement musical, qui proposent toutes un extrait en streaming
audio. Enfin, les éditeurs y trouvent un moyen souvent bon marché
pour faire leurs premiers pas en vidéo sur le Net. Quelques conseils, avec
l'aide d'un éditeur, e-TF1, et d'un prestataire, ViewOnTV, qui compte parmi
ses clients Canal Plus, TV5, Club Med ou Leroy Merlin. 1
Avoir une vision à long terme. "Le
streaming vidéo est un marché sans barrière à l'entrée,
qu'elles soient technologiques ou financières". C'est Vincent Bataille,
PDG et fondateur de ViewOnTV, qui l'affirme. Pas besoin, donc, d'être un
spécialiste de la vidéo ou de disposer de moyens colossaux pour
lancer son offre. On peut, par exemple, démarrer avec un budget de quelques
centaines d'euros. Certains prestataires proposent même une offre pour particuliers,
accessible à partir d'une dizaine d'euros par mois (sans l'encodage). Toutefois,
il est nécessaire, avant de se lancer, d'avoir une idée précise
de sa stratégie à long terme. Le site est-il amené à
héberger des dizaines, voire des centaines de vidéos ou quelques-unes
suffiront-elles, pour des actions ponctuelles ? Selon la réponse,
il peut être utile ou non de sous-traiter une partie de ses activités
et de faire appel à des prestataires, notamment pour ce qui concerne la
prise de vue, l'encodage et la diffusion.
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Définir ses priorités. Selon le type de vidéos que l'on
souhaite mettre en ligne et les priorités budgétaires de la société,
il faudra adapter son offre de streaming. Si les médias audiovisuels sont
amenés à développer d'importantes bibliothèques d'images,
il n'en va pas de même pour la société qui souhaite retransmettre
son assemblée générale ou sa réunion d'actionnaires.
Le choix se fera alors entre l'internalisation et l'appel à des prestataires,
en charge de tout ou partie de la chaîne. "Nous sommes dans un secteur
où les économies d'échelle sont importantes", explique
Vincent Bataille. Donc autant développer une offre importante ou, à
défaut, régulière. Dans le premier cas, il peut être
intéressant de confier la gestion de ses vidéos à une équipe
dédiée, en interne. C'est le cas chez e-TF1 ou M6 Web, qui pilotent
eux-mêmes leur projet en déléguant certaines tâches
à l'extérieur. Pour la plupart des sociétés, en revanche,
et en particulier pour les novices, il peut être plus rentable de confier
toute la production à un prestataire. Certains prennent en charge l'ensemble
du processus, de la prise de vue à la diffusion, en passant par le montage
et l'encodage. 3
Être agnostique en matière technologique. Si l'on souhaite rendre
ses vidéos accessibles au plus grand nombre, il faudra jouer avec les formats,
les lecteurs multimédia, les firewalls,
les plug-ins
et les navigateurs.
Le conseil vaut notamment pour les annonceurs qui souhaitent diffuser des vidéos
publicitaires, par essence destinées au public le plus large. Le Flash,
supporté par la majorité des ordinateurs, est dans ce cas la solution
la plus recommandée. Pour le reste, le mieux est de décliner ses
vidéos sur l'ensemble de la palette : en Real Media et Windows
Player pour arroser la quasi totalité des lecteurs, et compatibles à
la fois avec Internet Explorer et Firefox pour coller à la percée
du navigateur de la fondation Mozilla. La solution peut alors venir de structures
flexibles. Exemple chez e-TF1. "Nous souhaitons toucher le plus grand nombre
d'internautes, affirme Nathalie Berchadsky, directrice technique de la filiale
web de la première chaîne. Pour cela, nos infrastructures sont pensées
pour pouvoir évoluer et être réactives, sur le plan de leurs capacités, de leurs
fonctionnalités et des formats supportés." Autres soucis : mettre
à disposition des internautes les plug-ins nécessaires à
la lecture de la vidéo ou encore surveiller que son streaming passe sans
encombre les firewalls. Enfin, devant l'apparition des filtres anti-pop-ups, les
principaux prestataires recommandent l'ouverture de la vidéo sur la même
fenêtre Web. "La tendance est de revenir à des choses simples
en matière technique, avance Arnaud Barbier, directeur de production de
ViewOnTV. Auparavant, on développait des lecteurs customisés, des
interfaces graphiques complexes. Ce n'est plus le cas." 4
Proposer des contenus à valeur ajoutée. Au niveau des images
elles-mêmes, au-delà de leur qualité, le facteur essentiel
est la valeur qu'elles apportent. Le mieux est donc de s'orienter vers la mise
en ligne de vidéos exclusives. Pour les médias, il s'agira de produire
des programmes différents : soit en complément des émissions
existant (making-off, prolongation d'une émission, etc.), soit en "test"
de futures émissions (c'est le cas au Royaume-Uni de BBC Three, lire
la brève
du 12/07/05). Dernière possibilité : parier sur un
canal, le Web, qui vient en complément de la télévision à
des moments de la journée où le public n'est pas devant son petit
écran, mais au bureau par exemple. Ainsi, le site de TF1 a enregistré
récemment 16.000 flux vidéos simultanés et en direct lors
de la retransmission de la cérémonie d'attribution des Jeux Olympiques
2012 ou lors des attentats de Londres. Une audience en progression : le
19 avril dernier, pour l'élection du pape Benoit XVI, la vidéo de
TF1.fr n'avait enregistré que 8.000 connexions. Autres usages
en vogue sur le Net : la retransmission des assemblées générales
des entreprises, celle des conférences et colloques d'organisations ou
d'associations, ou encore des démonstrations produits de la part de marchands.
Les services à valeur ajoutée peuvent, en outre, favoriser le passage
à un modèle payant, plus supportable par l'utilisateur si le site
offre un contenu exclusif. 5
Suivre l'évolution de son trafic. Les solutions développées
permettent désormais de suivre la consultation de ses vidéos streamées
avec une précision extrême. Une nécessité lorsqu'on
sait que le coût de la diffusion de vidéos en streaming comporte
à la fois des coûts fixes et des coûts variables. Dans la première
catégorie : la prise de vue, l'encodage et la diffusion. Dans
la seconde : la consommation en bande passante. Une heure de consultation
d'une vidéo encodée à 225 Kbps (encodage moyen pour une utilisation
en haut débit) coûte environ un euro. Il faut donc avoir une idée
précise de son audience, si possible en amont, mais aussi obtenir des retours
fréquents sur le niveau d'utilisation. Le tracking,
inclus le plus souvent dans les solutions offertes par le prestataire, permet
notamment de connaître le nombre de visites, de déterminer le nombre
d'adresses IP uniques qui ont consulté les vidéos, ou encore de
savoir où sont localisées les consultations. Un outil marketing
à part entière.
Les
chiffres à retenir |
Coût pour la diffusion d'une vidéo : à partir de
quelques centaines d'euros, jusqu'à 10.000 à 15.000 euros pour une
assemblée générale à forte audience, avec des économies
d'échelle ensuite (et à partir de quelques euros pour les particuliers,
coût de l'hébergement avec des logiciels d'encodage gratuits)
Coûts
d'encodage : un euro pour une heure de consultation d'une vidéo
encodée à 225 Kbps
Audience des vidéos streamées sur le Web : plusieurs
dizaines de milliers pour les sites à fortes audiences (TF1, M6, Allociné,
etc.). | |