"La killer application du haut débit mobile". C'est en toute simplicité que Gilles Pélisson, PDG de Bouygues Telecom a présenté son nouveau service, la messagerie instantanée mobile, fruit du partenariat entre le troisième opérateur mobile français et Microsoft et qui amènera MSN Messenger sur les mobiles i-Mode à partir d'octobre. Face aux différents projets des opérateurs dans ce domaine (Orange et SFR ont choisi, pour l'instant, de développer leur propre solution de messagerie instantanée mobile), Bouygues Telecom a donc choisi un partenariat avec le leader mondial de la messagerie instantanée, MSN, qui dispose de huit millions d'utilisateurs en France.
Un atout de choix pour Bouygues, pour l'instant le seul opérateur à pouvoir recréer sur mobile l'univers de MSN Messenger, même si Microsoft n'exclut pas de signer des partenariats du même genre avec Orange et SFR. L'accord a en tout cas été présenté par les deux partenaires comme naturel, du fait des cibles identiques visées par l'i-Mode et MSN Messenger (les 12-25 ans en majorité). Pour Gilles Pélisson, il s'agit également d'un signe fort de la convergence, qui "se fait avant tout sur les usages".
Le PDG de Bouygues Telecom a profité de l'occasion, pour repousser les récentes rumeurs sur l'arrivée imminente du groupe Bouygues dans l'accès à Internet : "la valorisation de Tiscali était excessive et, pour l'instant, rien n'est prévu dans ce sens, même si cela ne nous empêche pas de regarder le marché". En attendant, des partenariats, avec des offres couplées à celle d'un FAI par exemple, pourraient être privilégiés. Idem du côté de Microsoft, qui pourrait être tenté de poser pied sur le marché de la VoIP.
De la convergence donc, mais pas trop, comme l'illustre le lancement de MSN Messenger sur i-Mode. Dans un premier temps, la messagerie instantanée sur mobile ne sera qu'une version light de la formule Web, sans voix et sans visio. Ces services pourraient en effet s'avérer dangereux pour les revenus communication de l'opérateur. Les partenaires n'ont, certes, pas écarté l'idée de développer les différentes fonctionnalités offertes par MSN Messenger à l'avenir, mais il faudra d'abord que la version actuelle fasse ses preuves.
Il s'agira donc de convaincre une partie des utilisateurs de messagerie instantanée Web de passer sur mobile, afin de dégager d'importants revenus. Sur ce terrain, MSN et Bouygues Telecom partent dans l'inconnu. Certains doutent en effet de la capacité à facturer sur le mobile un service gratuit sur Internet. L'abonné devra en effet souscrire un forfait de 2,50 euros par mois pour accéder à MSN Messenger sur i-Mode, puis payer les messages en fonction des données échangées (les forfaits multimedia chez Bouygues Telecom oscillent actuellement entre 5 euros pour 750 kilo-octets et 19 euros pour 20 mega-octets et pourraient être modifiés à partir d'octobre).
En cas de succès, la nouvelle offre pourrait représenter une jolie manne pour MSN, qui cherche à diversifier ses sources de revenus. L'accord prévoit une répartition des revenus classique dans le modèle i-Mode, 85 % des recettes allant directement à l'éditeur de services. Potentiellement, ce sont plus d'un million de clients, sur 1,3 million d'abonnés i-Mode au total, qui sont concernés par cette nouvelle fonctionnalité, compatible avec les terminaux Java et disponible quel que soit le réseau (Edge ou GPRS).
En parallèle à cette présentation, Bouygues Telecom a annoncé que son réseau Edge, qui permet une navigation à des débits supérieurs et de visionner de la télévision en direct, serait accessible au grand public le 13 octobre. La filiale du groupe Bouygues sera le troisième opérateur à entrer sur le marché du haut débit mobile, après SFR (via la 3G) et Orange (3G et Edge). Bouygues commercialise déjà des offres Edge auprès des entreprises depuis mai dernier (lire l'article du 27/05/2005) et se félicite des premiers résultats de ces offres : 20.000 terminaux et 4.000 cartes PC haut débit auraient été vendus. L'opérateur aurait également décroché quelques gros contrats (IBM, BNP, Toshiba ou encore Saint-Gobain) et le trafic data aurait été multiplié par quatre depuis le mois d'avril.
Bouygues Telecom revendique, tout comme ses concurrents et avant même le lancement de ses offres grand public, le premier réseau haut débit mobile de France. L'opérateur serait parvenu à couvrir 90 % du territoire en Edge quand Orange annonce une couverture légèrement supérieure à 85 % (et 50 % pour la 3G de SFR). La guerre des couvertures est relancée.
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