L' UFC Que Choisir et le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC), fédération de 40 organisations nationales et indépendantes de consommateurs en Europe, ont publié jeudi les résultats de tests européens portant sur la diversité de l'offre de musique en ligne et l'interopérabilité des formats. Ces tests, effectués sur sept plates-formes en Grande-Bretagne, Allemagne, France et aux Pays-Bas, amènent les deux organisations à considérer l'accès à la diversité culturelle comme menacé, et à pointer les "dérives liées aux formats informatiques".
Les tests ont été réalisés sur un échantillon de 260 titres "représentant un large spectre de genres musicaux d'audience internationale", distribués dans les réseaux traditionnels de distribution physique, et ne faisant pas partie des meilleures ventes. Les plates-formes testées sont celles de iTunes, Sony Connect et HMV au Royaume-Uni, MSN et Freerecordshop aux Pays-Bas, T-Online en Allemagne et e-Compil en France. Au regard de la présence de ces titres dans le catalogue de ces sites, l'offre musicale est jugée d'une "grande pauvreté" par les deux associations de consommateurs.
En effet, 95 % des références sont absentes du site e-Compil, 70 % de T-Online, 63 % de Sony Connect et 60 % de i-Tunes Music Store. En matière de musique classique, c'est pire. 90 % des titres recherchés sont inexistants. Le Français e-Compil réalise le moins bon score de l'étude, avec 98,8 % de titres non trouvés sur la partie classique, et 93,2 % sur la partie pop. Aussi, le rapport dénonce une "stratégie d'appauvrissement" de la part des magasins en ligne, restreignant la taille du marché potentiel, menaçant les artistes sous exposés et marginalisant les répertoires dégageant les plus faibles marges. Il attribue la pauvreté estimée des catalogues à l'absence des labels de petite taille, au non référencement de certaines majors, qui entraîne la non représentation d'un grand volume d'uvres, et à la recherche de la rentabilité à court terme.
| "Une grave menace pour le genre musical" |
L'UFC blâme d'autant plus les distributeurs en ligne qu'ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que la distribution classique, en termes de stocks et de logistique. Il considère donc le manque de diversité comme injustifié économiquement, allant jusqu'à qualifier cette attitude de "grave menace pour le genre musical et donc pour les musiciens".
L'autre "chef d'accusation" lancé par les associations de consommateurs concerne les incompatibilités liées aux formats de compression et des fichiers téléchargeables sur les plates-formes commerciales de musique en ligne, et les usages permis par les DRM. En la matière, les tests (téléchargement, lecture, comparaison des usages) ont été effectués à l'aide de quatre baladeurs : Ipod, Sony Network, Rio Carbon et Creative Zen.
A ce niveau, l'UFC Que Choisir et le BEUC dénoncent l'impossibilité de télécharger et d'écouter des titres sur tous les sites étudiés à l'aide un seul baladeur. iTunes, par exemple, ne propose que des formats de fichiers lisibles par l'Ipod. Idem pour le site de Sony et son baladeur. Autre source d'invectives : la nécessité de mettre à jour fréquemment les logiciels, sous peine de non fonctionnement des téléchargements.
Enfin, il est question du manque d'information sur les usages autorisés par les DRM, et des différences constatées dans ces usages de site à site (par exemple, pour un titre donné, tel site autorisera trois gravures et un nombre illimité de transferts, tel autre cinq gravures et deux transferts). Tous ces problèmes ne découlant pas de limites techniques mais de décisions stratégiques des éditeurs de matériel, de logiciel et de musique.
Pour mettre fin à cette situation, l'UFC Que Choisir en appelle au ministère de la Culture.
|
Dossier 
