Si la langue maternelle du Web reste l'anglais, Internet peaufine sa pratique de l'allemand, du français et de l'espagnol. Telle est une des principales conclusions de l'étude réalisée par l'observatoire de l'institution Funredes, une association, dont la mission consiste à promouvoir et à faciliter l'utilisation des NTIC dans les pays en développement, et qui, à ce titre, suit depuis 1998 les tendances quant à la répartition des langues dans la sphère Internet. Funredes constate en effet une baisse constante de la part de l'anglais au profit des autres langues européennes. Les résultats d'octobre dernier faisaient apparaître l'allemand à la deuxième marche du podium, suivi du français, de l'espagnol et de l'italien.
Part approximative des pages Web en fonction des langues* |
Langues
|
Octobre 2005 |
Mars 2004 |
Mars 2003 |
Anglais
|
45,0 % |
47,0 % |
49,0 % |
Espagnol
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4,6 % |
4,72 % |
5,31 % |
Français
|
4,93 % |
4,78 % |
4,32 % |
Italie
|
3,05 % |
2,86 % |
2,59 % |
Portugais
|
1,87 % |
2,05 % |
2,23 % |
Roumain
|
0,17 % |
0,19 % |
0,11 % |
Allemand
|
6,94 % |
7,21 % |
6,80 % |
Reste
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33,4 % |
31,06 % |
29,65 % |
* Sur l'espace indexé par Google
Source : Funredes, octobre 2005 |
La proportion des pages Web en anglais reste toutefois largement prédominante avec environ 45 % des pages indexées par Google. En termes de production de contenu, les Etats-Unis fournissent la plus grosse contribution (51,33 % des pages rédigées en langue anglaise), tandis que le Royaume-Uni y concourt à hauteur de 7,24 % et de 4,96 % pour le Canada. Cependant, ce volume est également l'oeuvre de l'ensemble des pays non anglophones, à l'image de l'Allemagne dont la part des pages dans la langue de Shakespear est de 1,88 %. La France et l'Italie ne sont pas en reste, avec 0,66 % de leurs pages Web rédigées en anglais. Toutefois, cette surreprésentation du Web anglophone connaît un infléchissement continu avec l'accès en ligne de nouveaux internautes non anglophones.
Evolution de la part des internautes de langue anglaise |
Mois
|
Part des internautes de langue anglaise |
Septembre 1998
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60,5 % |
Août 2000
|
58,0 % |
Janvier 2001
|
48,5 % |
Juin 2001
|
46,0 % |
Août 2001
|
45,1 % |
Octobre 2001
|
44,4 % |
Février 2002
|
42,5 % |
Février 2003
|
36,9 % |
Février 2004
|
38,6 % |
Mai 2004
|
34,8 % |
Mars 2005
|
28,6 % |
Source : GlobalReach, mars 2005 |
Cette décroissance des contenus anglais en ligne témoigne également d'une production en progression des pages Web dans les langues natales des différents pays. Pour sa part, le français confirme sa troisième place au classement derrière l'allemand, mais devant l'espagnol pour la deuxième année consécutive. En effet, si aux débuts de l'Internet la croissance relative du français était moins forte que celle de l'espagnol et du portugais, elle témoigne depuis 2004 d'une reprise. Selon Funredes, cette forte hausse témoigne de l'éveil tardif de la France et de la Belgique, en plus de la mise en place d'une réelle politique volontariste de la francophonie pour la production de contenus.
Contribution par pays à la production de pages en français |
Pays
|
Part des pages en français en 2003 |
Part des pages en français en 2005 |
Pourcentage du total des internautes francophones |
Productivité |
France
|
54,1 % |
59,5 % |
73 % |
0,82 |
Canada
|
24,1 % |
18,7 % |
14,7 % |
1,27 |
Belgique
|
6,5 % |
8,3 % |
3,0 % |
2,78 |
Suisse
|
6,0 % |
5,1 % |
3,3 % |
1,55 |
Reste
|
-- |
8,3 % |
-- |
1,38 |
Source : Funredes, octobre 2005 |
Cependant, force est de constater que l'amélioration de la part du français doit plus son dynamisme à l'augmentation du nombre d'internautes français, qu'à la production de pages Web en France dont la productivité reste relativement basse et qui plus est, est en baisse. "Il apparaît que les nouveaux internautes des pays avec une forte pénétration Internet sont maintenant plus consommateurs que producteurs", précise l'étude de Funredes. D'autre part, il est à noter que, malgré une très faible augmentation, les pays francophones d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie, ne produisent que 0,8 %, témoignant d'une fracture numérique qui ne cesse de progresser.
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