La "Ligue 1 Orange" restera la "Ligue 1 Orange". Pour 29 millions d'euros par an, un montant presque quatre fois supérieur à ce qu'il était précédemment et aux chiffres annoncés dans un premier temps, Orange a donc empoché les droits de diffusion du championnat de France de football de Ligue 1 et de Ligue 2 sur mobile jusqu'en 2008. Il y a quelques semaines, lors de la clôture de l'appel d'offres, le président de la Ligue de football Frédéric Thiriez avait lui-même affirmé que le montant n'excéderait sans doute pas 8 millions d'euros, soit ce qu'Orange payait jusque là.
Pour l'opérateur, toutefois, il ne s'agit pas là d'une mauvaise opération ni d'une somme délirante. Orange souligne qu'au Royaume-Uni, les droits ont été acquis et partagés pour 47,6 millions d'euros par saison et pour 52 millions d'euros en Italie. Des pays où la consommation mobile, notamment en matière de sport, est toutefois bien supérieure à la France. Dans la bataille que se livrent les opérateurs pour capter les parts de marché du haut débit, la lutte pour obtenir les droits du foot pourrait aussi peser. "Selon des études que nous avons menées, l'acquisition des droits devrait nous permettre de conquérir 3 à 5 % de parts de marché supplémentaires sur le haut débit mobile", affirme Emmanuel Vacher, directeur marketing multimédia chez Orange.
Orange a donc déboursé 24 millions d'euros pour le premier lot, qui permet de retransmettre des extraits de matches quasiment en direct. Une action de jeu peut être diffusée une minute et trente secondes après, et un match dans son ensemble 20 minutes après sa fin. Le lot inclut la possibilité de diffuser des résumés à la mi-temps d'un match puis en fin de match, dans la limite d'une durée de 10 minutes par résumé. L'offre d'Orange pour ce lot aurait été "largement supérieure" à celle de ses concurrents SFR et eTF1, selon Frédéric Thiriez.
Pour le deuxième lot, l'opérateur a mis sur la table 5 millions d'euros, qui lui permettront de diffuser des magazines sur le championnat, avec un "best of" sur chaque journée et un autre sur la saison.
Des lots dont le contenu avait été critiqué par certains des candidats car ils ne permettraient pas une utilisation optimale de la téléphonie mobile dans le domaine : pas de direct possible (ce à quoi Orange répond que la qualité du réseau n'est pas encore suffisante pour diffuser des produits de qualité en live), et une exploitation des droits d'image des joueurs qui reste dépendante des clubs.
Orange devra donc faire preuve d'imagination pour rentabiliser son investissement, même si l'opérateur ne se montre pas inquiet, tablant sur la croissance du haut débit mobile. Le premier opérateur mobile français dispose aujourd'hui de 1,1 million de clients haut débit (3G et Edge). Le chiffre atteint les deux millions si l'on ajoute les clients en GPRS qui ont aussi accès à la vidéo. Selon ses prévisions, le chiffre pourrait atteindre les 5 millions au cours de la première saison du contrat (2006-2007), puis 10 millions lors de la seconde saison (2007-2008).
"L'offre actuelle sera conservée et enrichie par un certain nombre de services, dans une logique de segmentation pour les supporters ou dans des offres à la carte, avec un accès pour une journée de championnat entière par exemple", annonce d'ores et déjà Emmanuel Vacher.
L'opérateur pourrait également davantage mettre en avant son service vidéo sur le football et lancer une campagne publicitaire prochainement.
Mais, de l'avis de tous les protagonistes (9 sociétés avaient retiré un dossier initialement : Orange, SFR, eTF1, Canal Plus, Eurosport, TPS, Metropole TV, Sporever et Sportfive), la vraie bataille aura plutôt lieu en 2008. Dans deux ans, le DVB-H aura fait ses premiers pas et le direct en sera sans doute rendu possible, avec une qualité d'image largement supérieure et des réseaux plus extensibles. "De même que notre expérience sur la diffusion ces dernières années a sans doute été un atout dans notre désignation, nous comptons bien accumuler de l'expérience pour nous positionner pour 2008", indique Emmanuel Vacher.
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