Le 3 juillet prochain, l'Arcep (Autorité de régulation des
communications électroniques et des postes) attribuera
les licences Wimax régionales pour la France (lire l'article
du 09/02/2006). Un événement qui revêt
une importance d'autant plus stratégique pour les candidats
encore en lice que les potentialités de cette technologie,
en termes d'aménagement du territoire numérique,
restent encore largement méconnues, donc souvent fantasmése.
Un rapport publié en mars par l'OCDE fait le point.
Selon les experts de l'organisation de développement
et de coordination économiques, le Wimax
constitue une réelle opportunité de développement pour
les régions rurales qui ne sont pas encore desservies par
l'Internet haut débit. Toutefois, tempère le rapport,
cette technologie ne saurait concurrencer de manière
frontale les technologies existantes d'accès haut débit
fixe (ADSL) et mobile (3G).
Dans les faits, les particuliers peuvent attendre du Wimax
des débits de l'ordre de 256 Kbit/s, la bande passante totale
de 12 Mbits/s étant partagée entre les utilisateurs.
Pas de quoi concurrencer les connexions ADSL actuelles de
1 à 20 Mbits/s. Impossible aussi de proposer des contenus
à forte consommation de bande passante comme de la
télévision Haute Définition (TVHD). Toutefois ce débit reste
suffisant pour l'utilisation d'applications de VoIP.
En ce
qui concerne les communications mobiles, le rapport se veut
plus circonstancié. Le Wimax serait susceptible de concurrencer
la téléphonie de troisième génération (3G)
en raison d'un coût d'acquisition de licence plus faible et
de débits supérieurs. Toutefois, de nombreuses restrictions
légales en matière de disponibilité des fréquences limiteront
l'usage du Wimax mobile, impossible à utiliser par exemple
en situation de mobilité rapide à plus de 120 Km/h. De plus,
les réseaux 3G restent techniquement plus efficaces pour transporter
de la voix et l'évolution HSDPA
à venir autorisera des débits améliorés. Le risque de cannibalisation
des réseaux 3G par le Wimax est donc marginal.
L'OCDE considère plutôt le Wimax comme une technologie complémentaire,
notamment dans les zones rurales. Le Wimax y constituerait
un "backbone", c'est-à-dire une épine dorsale
interconnectant plusieurs réseaux Wi-Fi
afin d'améliorer les délais de réponses du réseau et d'en
prolonger la couverture géographique. D'autres applications
innovantes restent encore à trouver. Le rapport prend ainsi
l'exemple de la liaison ferroviaire Londres-Brighton en Angleterre
dont la couverture en Internet haut-débit est assurée par
l'opérateur T-Online grâce à une conjonction de 3 technologies :
la connexion Wimax fournit la connexion à l'Internet
qui est distribuée par Wi-Fi à l'ensemble des voyageurs. Quand
le réseau WiMax n'est plus disponible, c'est une connexion
GPRS
qui prend alors la relève.
Le rapport insiste particulièrement sur le rôle du législateur
dont la mission est de trouver le juste équilibre entre, d'une
part l'innovation que représente le Wimax, et d'autre part l'état
actuel de la concurrence au regard des investissements passés
réalisés par les opérateurs nationaux. |