Il y a les agences de communication qui intègrent... et celles qui se divisent. Pour mieux régner sur leur marché. L'agence indépendante Neo05 est de celles-là. Elle renforce son pôle création en lançant By05, une "agence de design relationnel", qui couvrira les problématiques d'identité visuelle tandis que Neo05 se consacrera à la stratégie et à la production des différents dispositifs de communication. Deux entités au lieu d'une, pour permettre aux annonceurs de mieux identifier ses métiers et simplifier son offre.
Neo05, créée début 2002 sur fonds propres par Thierry Aoudja et Sven Fischer, se définit comme une "agence de communication new media pour l'écran". Ni Web agency - une qualification décidément passée de mode et jugée trop réductrice -, ni prestataire de services, elle se positionne sur l'ensemble du processus de "création de la relation par l'écran" : conseil en communication, création de sites Web et de dispositifs multicanal, habillages de programmes audiovisuels et d'antenne, clips, référencement, marketing relationnel, etc.
Un positionnement ancré autour de la mise en scène de la relation entre le client et la cible, à travers tous les médias audiovisuels et interactifs : ce que Thierry Aoudja, directeur de création de l'agence, nomme le "techno design", qu'il prônait déjà lorsqu'il avait créé en 1999 un collectif de freelances baptisé Le Confort Moderne. Des valeurs qu'il retrouve par exemple dans des agences étrangères telles que Tomato en Grande-Bretagne, ou BüroDestruct en Allemagne.
Ce mélange entre ergonomie et marketing relationnel, technique et création, a fini par peser sur l'agence. "Aujourd'hui, les gens connaissent Neo05 comme un vendeur de solutions, chez qui on trouve aussi de belles créations, confie Thierry Aoudja. Notre démarche a été de rendre indépendante la création, pour clarifier l'offre et dégager l'identité visuelle des dispositifs et des solutions Internet, car ce ne sont pas les mêmes métiers." Thierry Aoudja revendique toutefois une vision globale, le design et la production contribuant à mettre en scène une même histoire, racontée par une marque à sa cible.
| "Ne pas devenir un supermarché de la communication" |
En pratique, By05 devient la deuxième filiale de la holding Human Techno Design (HTD Holding), aux côtés de Neo05. Les équipes de Neo05 et de By05, qui prendra en charge les missions liées à l'identité visuelle (nom, logo, charte graphique
), les budgets d'édition, la création interactive (Web, DVD
) et vidéo (PLV numérique, habillage TV
), resteront basées au même endroit. Sven Fischer prend la direction de la première, Thierry Aoudja celle de la seconde. D'ici le mois de juin, l'équipe Neo05 devrait rassembler dix personnes, et celle de By05 cinq. Si les deux entités pourront travailler indifféremment pour les clients de l'une ou de l'autre, la nouvelle organisation aura l'avantage de présenter au client le visage dont il se sent le plus proche, et accessoirement une seule facture.
Parmi ses clients, Neo05 compte Libération (nouvelle maquette), Marie Claire, Peugeot, Arte (habillage TV), Hippopotamus (PLV numérique) et la ville de Pau, pour laquelle l'agence a réalisé le nouveau site, qui a reçu le TopCom d'Or 2006 du meilleur site Internet. Cette année, elle a notamment gagné les budgets de l'Intranet de L'Oréal Cosmétique Active, du nouveau site de RFI, et du lancement de la boutique Cacharel. Dans les consultations auxquelles elle participe, Neo05 se trouve souvent en concurrence directe avec les agences de design traditionnelles comme Carré Noir ou Dragon Rouge, ce qui la démarque clairement d'autres agences interactives plus typées "publicité".
Sa spécificité de designer interactif a d'ailleurs valu à Neo05 d'être approchée plusieurs fois par des groupes de publicité qui, comme dans les autres domaines de la communication interactive, cherchent à s'attacher les compétences de spécialistes. Mais les deux associés déclarent vouloir conserver une taille humaine, afin d'éviter de devenir un de ces "supermarchés de la communication" raillés par Thierry Aoudja.
L'agence, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 800.000 euros en 2005, vise le million d'euros en 2006. "Malgré la reprise, les clients ne dépensent pas autant que ce que l'on aurait pensé. Les annonceurs sont encore un peu fébriles, explique Thierry Aoudja. En revanche, je ne serais pas étonné que By05 nous permette d'augmenter nos marges." En effet, celles-ci sont plus élevées dans le domaine du design que dans celui de la production. Habitués aux remises énormes concédées par les supports publicitaires en ligne ou marqués par une culture qui accorderait une valeur subjective plus élevée aux médias traditionnels, les annonceurs négocieraient en effet beaucoup plus ardemment les budgets Internet que les autres objets de la communication. |
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