Le quotidien La Tribune avait révélé fin mai l'intention de France Télécom de se séparer de sa filiale PagesJaunes Groupe, information alors immédiatement démentie par l'opérateur historique. Retournement de situation, le 7 juin 2006, avec l'annonce par communiqué de presse de la volonté du Conseil d'administration de France Télécom de ne plus maintenir sa participation majoritaire dans l'annuairiste. Les modalités de cette cession ne sont pas communiquées, mais l'opération s'inscrit dans un contexte de concentration du secteur des annuaires en Europe et de convergence des médias.
"La poursuite des activités de PagesJaunes au sein du groupe France Télécom n'est pas au cur de la stratégie de France Télécom", indique le groupe dans un communiqué, afin de justifier cette surprenante cession à venir de la filiale. Le Groupe Pagesjaunes affiche, en effet, des résultats très positifs avec un chiffre d'affaires de 209,4 millions d'euros au premier trimestre 2006 en hausse de 6.8 %. La société prévoit même une croissance annuelle de ses résultats comprise entre 6,5 % et 8,5 %.
France Telecom détient à l'heure actuelle 54 % des parts de l'annuairiste ce qui pourrait lui rapporter plus de 3 milliards d'euros en cas de cession totale. La part du capital détenu par le grand public et les investisseurs institutionnels s'élève à 44 %, le reste relève de plans d'épargne salariale internes.
Le groupe PagesJaunes est constitué d'une régie publicitaire qui diffuse les annonces de plus de 600.000 professionnels par le biais de ses annuaires online et offline distribués à près de 53 millions d'exemplaires dans le monde. La société détient également un portefeuille de marques, telles que Mappy, site de cartographie en ligne, ou encore l'annuaire professionnel Kompass.
"C'est une bonne nouvelle pour PagesJaunes. Cela va lui permettre d'avoir les mains plus libres pour faire des acquisitions dans la mesure où sa dette ne sera plus consolidée dans les comptes de France Télécom", estime Edouard Camblain, de la Société Générale, intérrogé par Reuters. Il est vrai que le marché des annuaires est en évolution rapide et que des opportunités de rapprochement peuvent être envisagées à l'avenir. L'annuairiste britannique Yell, spin-off de British Telecom, a ainsi racheté en avril 2006, 60 % du capital de TPI, premier éditeur d'annuaires papier appartenant à l'opérateur Espagnol Telefonica. PagesJaunes était également intéressé par l'affaire.
La cession de PagesJaunes Groupe permet également à France Telecom de se recentrer sur sa stratégie de convergence des médias : internet haut débit, téléphonie IP, télévision par ADSL et téléphonie mobile, tous ces services étant dorénavant rassemblés sous la marque unique Orange (lire l'article du 01/06/06). Une régie publicitaire, métier différent de celui des télécoms, ne trouve plus sa place dans ce contexte même en période de forte croissance des dépenses publicitaires.
Le syndicat Sud PTT a dénoncé ce projet de cession en affirmant que les 3.600 salariés du groupe avaient "tout à craindre" de cette opération. La bourse accueille l'annonce avec plus d'entrain puisque le titre PagesJaunes a clôturé sur une hausse de 1,11 % à 22,77 euros dans de forts volumes. France Télécom, qui gagne 2,27 % à 17,60 euros, serait par ailleurs sur le point de racheter One, le 3ème opérateur mobile autrichien. |
