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Qui a dit que e-commerce et solidarité étaient incompatibles ? Certainement pas Soliland, créée en février 2006. Ses fondateurs ont lancé hier, le 4 juillet, un comparateur de prix dont une partie des revenus sont reversés à des associations humanitaires, telles Emmaüs, l'Association des Paralysés de France ou encore Médecins du Monde. Hocine Reguida, issu de Ciao [un des principaux comparateurs de prix européen ndrl] et Mathieu Saint Girons ancien de l'Edhec, investi de long terme dans l'associatif à travers la protection de l'enfance ont financé le lancement de leur comparateur en fonds propres à hauteur de 100 000 euros, mais comptent bien attirer des investisseurs externes. Issue d'une réflexion d'un an, la société dénombre actuellement cinq salariés.Ceux-ci sont impliqués à la fois dans la réalisation du site et sa médiatisation. Ils sont assistés par cinq autres personnes chez PasteKe, leur prestataire.
Se différenciant des comparateurs traditionnels qui facturent les enseignes référencées en fonction du nombre de clics, Soliland fait le pari de rentabiliser ses activités grâce à un pourcentage négocié sur les ventes. Dans une volonté de transparence par rapport aux internautes, chacun des 200 e-commerçants référencés (pour plus de 100.000 références) est associé à un taux de reversement aux associations : celui-ci peut être fixe ou variable selon les accords conclus (3,5% constatés au maximum) et représente 50% de la commission totale perçue par la société Soliland. A l'appel des initiateurs du projet, cinq associations "premium" ont souhaité participer: l'APF (aide aux personnes handicapés), l'association Emmaüs (aide aux personnes en précarité), Médecins du Monde (soins, prévention solidaires), Aide et action (protection de l'enfance) et Pro Natura (environnemnt). Appelées « Premium » elles sont associées par défaut aux achats.Cependant, à l'avenir, les acheteurs pourront en choisir d'autres s'ils le souhaitent.
Ce business model original intéresse bien sûr les annonceurs car ils ne mettent la main à la bourse qu'en cas d'achat finalisé, et donc seuls les clics transformés (1% en moyenne pour ce genre de site) ont un coût. "Cela rassure plutôt les entreprises qui en ce moment n'ont que le mot ROI à la bouche", confirme Hocine Reguida, l'un des fondateurs du site. Toujours selon Soliland ce système inciterait d'ailleurs plus à acheter et serait plus simple à faire comprendre aux internautes qu'une rémunération au clic.
En outre, l'image de marque des références associées se trouve améliorée par "le geste" qu'elles font envers les associations. En effet, la notion de responsabilité sociale d'entreprise (RSE), profitable en interne aussi bien qu'en externe intéresse de plus en plus les entreprises qui souhaitent donner une image solidaire à leurs clients ou motiver leurs employés : en s'associant à une cause, elles veulent ainsi donner du sens au travail (et/ou à l'achat). Parmi les pionnières de ce mouvement, Biotherm par exemple avait lancé il y a quelques années une campagne de reversement de 1 euro par produit vendu qui avait fortement structuré son organisation interne.
"Bien que souvent intéressées, certaines entreprises s'avèrent parfois sincèrement investies dans cette démarche de solidarité, mais il y a des limites à ne pas dépasser, nous ne voulons pas associer notre image à certaines entreprises." indique-t-on chez Emmaüs, interrogé sur l'opportunité de collaborer avec le privé ; vendeurs d'armes ou de pornographie sont pas ailleurs proscrits des références du comparateur.
Pour les associations il s'agit avant tout d'élargir la cible des donateurs (plutôt seniors actuellement) par une "sensibilisation indolore" en profitant de la croissance rapide du e-commerce. Bien qu'enthousiaste, l'association insiste tout de même sur la dimension éthique qui a fait l'objet de négociations avec les créateurs du site afin que le modèle choisi corresponde aux valeurs des associations participantes. En revanche, elle ne voit pas de contradiction, ni ne se sent génée par l' association de son image avec des sites marchands à condition que ceux-ci respectent certaines valeurs.
Pour Emmaüs, la société de consommation peut en effet être solidaire : "Il faut vivre avec son temps" explique l'association, et le e-commerce en pleine expansion actuellement représente pour l'association un bon vecteur de récolte de fonds.
Le recours à Soliland lui permet d'universaliser la solidarité, tout en palliant aux difficultés de financement qu'elle rencontre. Bien que très connue et fonctionnant comme une entreprise, elle dispose le plus souvent d'un budget très serré pour financer ses 50 centres d'hébergements en île de France, et ses 350 salariés.
La promotion du site se fait tout d'abord gratuitement par les adhérents des différentes associations, puis par des actions d'affiliation, d'échange de visibilité et de quelques publicités en ligne. Soliland compte pour le moment sur le bouche-à-oreille et ne communiquera ses objectifs financiers qu'après une période de beta-test de quelques mois.
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